- Auteur : David Coulon
- Editeur : Editions Lajouanie
Roman publié aux éditions Lajouanie.
Bepolar : Je serais le dernier homme, est votre dernier livre publié aux Éditions Lajouanie le 9 mars 2018. Pouvez-vous nous dire comment est née l’histoire de ce roman ? Et comment vous pourriez le présenter aux lecteurs ?
Davide Coulon : Ce roman est né de deux situations n’ayant aucun rapport l’une avec l’autre.
La première est la fermeture de l’usine Petroplus en Normandie, en 2013. Cette fermeture m’a beaucoup marqué car elle témoigne de l’impuissance totale des Etats face à la puissance financière des multinationales. Et de fait, à l’impuissance totale des syndicats. Et l’impuissance des individus. Cette triple impuissance fait naître une nouvelle génération d’Hommes et de Femmes. Des hommes et femmes simplement soumis aux desiderata des multinationales, du libéralisme. Des hommes et femmes sans Etat, sans cohésion sociale, puisque qu’il n’y a plus de société régie par les représentants du Peuple, impuissants eux aussi. Des hommes et femmes qui doivent seulement travailler pour survivre, occultant toute forme de désir et de projection personnelle. Nous sommes dans un curieux monde qui se dit individualiste mais dans lequel l’individu n’a jamais été autant nié. L’adaptation est le maître mot. Jamais le désir, sauf si tu as les moyens (financiers ou relationnels) de réussir.
La seconde était la vision d’un homme qui tue accidentellement une personne, en pleine nuit, et qui ne sait que faire du cadavre. Se dénoncer, au risque de se retrouver en taule ? Planquer le cadavre ?
La conjonction de ces deux situations a donné ce roman, qui parle de décomposition de corps : le corps social, ce cadavre que l’on ne veut pas voir et dont on ne sait pas quoi faire.
Dans le roman, nous suivons un personnage errant, un homme qui vient de se faire licencier de son usine, et qui a tué accidentellement une jeune femme. Il erre, donc, avec son cadavre dans le coffre. Il va tout faire pour trouver le coupable. Car coupable il y a, vu que le cadavre est en fait une femme enlevée dans la région il y a quelques semaines, par un psychopathe qui n’en est pas à son coup d’essai. Une femme qui devait probablement fuir sa geôle lorsque le personnage principal l’a tuée. S’engage une espèce de course contre la montre durant laquelle l’homme doit retrouver le ravisseur avant la police, histoire de lui « rendre » sa victime, avant de reprendre sa vie « normale ».
Bepolar : Le personnage principal décide de ne pas alerter la police après la mort de la jeune femme. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’ambigüité de ce personnage ?
David Coulon : Ce personnage est en souffrance extrême. Il vient de perdre son boulot. Ca va mal avec sa femme, alors qu’il avait fondé tant d’espoir sur son couple et sa petite fille. Tant de projets évoqués dans leur belle petite maison située dans une ville dortoir, ancienne commune rurale aux abords d’une grande ville. Alerter la police serait un ultime aveu d’échec. Or, il veut sauver ce qui est encore sauvable. Et partant de ce souhait, de ce rêve, de cet espoir, il continue à faire des mauvais choix...
Bepolar : Pourquoi avoir choisi de ne jamais divulguer son prénom tout au long du roman ?
David Coulon : Nous perdons toute forme humaine. Nous ne servons qu’à produire. Cet homme n’a plus de travail, a perdu tout espoir, est en passe de perdre sa femme. Il n’est pas nécessaire de le nommer. Un numéro pourrait suffire. « Hep, toi là bas » pourrait suffire. Il perd son humanité alors que, paradoxalement, il est sans doute « le dernier homme », avec ses rêves et utopies. Je voulais que le lecteur s’identifie à un personnage qui n’a plus d’essence, plus d’importance dans ce « nouveau monde ». Lui rendre son humanité perdue.
Bepolar : Ce nouveau roman est très sombre et pourrait être dans le genre de l’horreur avec les détails sanglants qui y figurent et la descente aux enfers psychologique de votre personnage. Pourquoi avoir choisi cette ambiance si noire ?
David Coulon : Je ne la choisis pas, en fait. Elle s’impose d’elle-même. Cette question est assez marrante d’ailleurs, car je trouve qu’il s’agit là de mon roman le moins « gore » et sanguinolent. Le plus désespéré peut-être, mais sans doute le moindre démonstratif.
Bepolar : Vous avez écrit ce roman à la première personne du singulier comparé aux précédents. Avez-vous fait ce choix pour que le lecteur s’identifie plus facilement à votre personnage ?
David Coulon : Je ne voulais pas que le lecteur quitte une seule seconde le personnage principal. Je ne voulais pas multiplier les points de vue. Je voulais que le lecteur soit effectivement dans la peau de ce personnage et qu’il assume ses choix durant sa lecture, qu’il entre dans sa spirale infernale.
Bepolar : Quels sont vos prochains projets d’écriture ?
David Coulon : Je travaille actuellement sur plusieurs projets. Un texte pour le théâtre. Un recueil de nouvelles noires qui devrait paraître en 2019 chez Rivière Blanche, et trois romans en parallèle, dont l’écriture s’achève ces jours-ci. Avec une parution, peut-être, pour 2019 également.
Bepolar : Où pourrons-nous vous retrouver pour des dédicaces ?
David Coulon : Je serai les 27 et 28 Avril au Salon ImaJnère d’Angers. Puis du 10 au 12 mai à la Salamandre Liseuse, à Plaine-Haute, près de St Brieuc. Et enfin, les 10 et 11 juin au salon du Lavandou, dans le Var. Toutes mes dates sont sur www.david-coulon.fr