- Auteur : Olivier Norek
- Editeur : Michel Lafon
Olivier Norek vient de frapper fort avec son nouveau polar, "Surface". Il vient de recevoir le prix 2019 Maison de la Presse. Une belle occasion de lui poser quelques questions.
BePolar : Comment est née l’idée de ce roman ? De quoi aviez-vous envie de parler ?
Olivier Norek : Comme d’habitude, il y a plusieurs influences. Je voulais mettre en avant un formidable service de police : la fluviale, qui enquête sous l’eau quand la scène de crime est aquatique… Je voulais aborder le thème de la reconstruction, de l’acceptation… Je voulais aussi parler de mes origines, de ma région… et enfin, aborder le sujet fantasmagorique des villages engloutis.
BePolar : Noémie est la figure centrale, mais une figure particulière puisqu’une balle l’a défiguré et qu’elle doit apprendre à vivre avec. Qu’aviez-vous envie de faire ou de dire avec un tel personnage ?
Olivier Norek : D’abord parler du visage… cette pièce de théâtre constante où se jouent toutes nos émotions. Nos mimiques ne sont absolument pas pour nous mais bien pour informer l’autre de notre statut, comme sur les réseaux sociaux. Nous jouons donc quotidiennement notre propre histoire. Je souhaitais aussi forcer le lecteur à aller au-delà des apparences en créant un personnage cassant et physiquement brisé, ainsi, si l’’on veut aimer Noémie Chastain, mon héroïne, il va falloir gratter le vernis, la surface.
BePolar : Et doit se confronter à elle même, à sa confiance en elle, au regard des autres, le tout dans un nouvel environnement. Comment avez-vous composé sa personnalité ? Est-ce que c’était difficile de l’incarner ?
Olivier Norek : Incarner une femme n’est pas bien plus compliqué qu’incarner un assassin, une victime, ou n’importe qui d’autre, puisque de toute façon ce n’est pas moi. Je dois me caméléoniser, m’imaginer dans sa peau et dans ses émotions. Une certaine hypersensibilité aide à cet exercice. Je me suis aussi aidé du sale caractère, de la force et de la détermination d’une collègue policière à qui un tel drame est arrivé. Merci Babeth, tu es mon héroïne en vraie…
BePolar : Un lecteur présente Surface comme l’antithèse de Code 93... plus d’espaces, l’air de la campagne et une intrigue moins technologique. Est-ce que vous êtes d’accord ? Vous en aviez assez des villes ?
Olivier Norek : Ça me plaît assez comme définition. Dans Surface, plus de tours qui cachent le ciel mais des espacés dégagés de verdure apaisante. Exit l’enquête toute en science, ADN, empreintes digitales, géolocalisations de portables, écoutes téléphoniques… Dans Surface, toutes les preuves et tous les indices ont disparu depuis 25 années. Pour résoudre cette enquête, Noémie devra aller vers l’autre, fouiller ses souvenirs et sa mémoire… mais pour aller vers l’autre, ce qu’elle redoute par-dessus tout, Noémie va devoir se reconstruire et s’accepter.
BePolar : Et pourquoi l’Aveyron ?
Olivier Norek : Et pourquoi pas ? Personne ne m’a posé la question quand j’écrivais sur Paris. Comme si Paris était la France. La campagne, c’est deux tiers de notre pays, et les deux tiers les plus charmants, les plus vrais, les plus agréables… Venez y faire un tour et vous comprendrez tout…
BePolar : Le livre vient tout juste de sortir. Comment vivez-vous ce moment ? Vous guettez les premiers avis ?
Olivier Norek : Toujours. C’est un délice et une torture. Lorsque l’auteur écrit le mot fin, ce n’est la fin de rien, c’est même le tout début de l’aventure d’un roman. Tant qu’elle n’a pas été lue, mon intrigue n’existe pas, comme l’histoire du chat dans le carton… Surface commence à exister lorsque les lecteurs l’ont entre les mains. Pour un solitaire comme moi, totalement indépendant, c’est très particulier de ne pas pouvoir exister sans l’autre… Pas de lecteur, pas de Norek.
BePolar : Et maintenant, sur quoi avez-vous envie de travailler ?
Olivier Norek : Je cherche un nouvel univers. Après le 93, la Jungle de Calais et les villages engloutis en Aveyron, je voudrais encore me renouveler, ne jamais laisser croire au lecteur qu’il me connaît et qu’il peut prédire la suite. L’étonner, l’amuser, le divertir en somme. N’est-ce pas le but de tout auteur ? Il y aura aussi un peu de télé et de cinéma, mais ces projets prennent tant de temps que je préfère vous en parler lorsqu’ils seront à l’affiche.