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L’interrogatoire d’Estelle Tharreau

Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?
Estelle Tharreau : La peine de mort est un sujet qui m’interroge depuis très longtemps tout comme les tabous qui entourent les exécuteurs de peine, les « bourreaux ». Je voulais écrire un roman se déroulant dans une prison. Dès lors, tous ces sujets se sont naturellement rencontrés.

Bepolar : Votre roman se déroule dans le couloir de la mort aux États-Unis avec des personnages qui vont essayer de sauver, ou non, la vie d’un condamné. Pourquoi avoir choisi ce sujet ? Qu’est-ce qui vous intéressait ?
Estelle Tharreau : Le couloir de la mort est le lieu de toutes les horreurs humaines commises ou subies par des individus. Des horreurs qui se trouvent accentuées par un système judiciaire américain qui met en exergue les dysfonctionnements et les inégalités sociales. Dans un tel contexte, la rédemption devait se trouver au cœur de ce roman.

Bepolar : Vous nous mettez dans les pas d’un "bourreau", celui qui doit exécuter le condamné. Vous aviez envie de nous faire ressentir ce qu’il ressentait justement ?
Estelle Tharreau : Absolument. On a beaucoup écrit sur la peine de mort sous l’angle du condamné ou de la justice, mais rarement à travers les yeux du bourreau, acteur controversé, mais essentiel dans ce processus pénal si particulier.

Bepolar : Comment vous êtes- vous approprié le personnage ? Vous vous êtes documentée sur les bourreaux ?
Estelle Tharreau : Je me suis documentée le plus possible sur la condition des bourreaux, quels que soient le lieu et l’époque afin de dégager des lignes directrices, des points communs entre eux. Cependant, il est très difficile de trouver des documents actuels sur ces personnes. Cette absence de témoignage en dit long sur les tabous qui les entourent … peut-être même sur leur propre mal-être.

Certaines chroniques évoquent un livre presque "didactique" sur la peine de mort, un de ceux desquels on ne peut sortir sans avoir un avis sur la question. C’est ce que vous souhaitiez ?
Estelle Tharreau : En effet, le but de ce roman était que le lecteur puisse engager sa propre réflexion loin des éléments de communication dont nous sommes assaillis. C’est pourquoi j’ai tenté d’aborder le plus objectivement possible les arguments pour ou contre la peine de mort. Je souhaitais également que cette réflexion sur la peine de mort ne soit pas décorrélée de celle sur la façon dont la justice est rendue.

Bepolar : Le compte à rebours est assez terrible. Ils n’ont plus que 4 heures ou sauver le condamné. Comment avez-vous écrit votre roman ?
Estelle Tharreau : J’ai dressé des portraits en marge de l’histoire du personnage principal. À travers eux, je voulais incarner des faits et des idées sur la peine de mort et le système judiciaire qui peuvent poser des cas de conscience… ou pas. C’est au lecteur de répondre à cette question.

Bepolar : Quels sont vos projets désormais ? Sur quoi travaillez-vous ?
Estelle Tharreau : Je termine les corrections de mon prochain livre qui devrait paraître en 2021 et qui aura pour toile de fond le deuil et la rumeur. Un autre roman noir est en cours de lecture et aura la particularité de mettre un pied dans l’anticipation. Enfin, je suis en train d’écrire un roman sur la condition du soldat.
D’autres idées affluent, mais ne sont qu’au stade de l’envie d’aborder divers sujets.

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