- Auteur : Anouk Langaney
- Editeur : L’Atalante Editions
Bepolar : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce roman ? Quelle est l’idée de départ ?
Anouk Langaney : Un constat tout simple, celui que font la plupart des parents : élever mes enfants demande beaucoup de mon temps et de mon énergie, il m’est difficile de mener d’autres projets de front… D’où l’idée de ce personnage. Mon héroïne est une femme qui décide d’aller au bout de la logique qui est celle de beaucoup de mères, en faisant de ses enfants l’unique projet de sa vie. Elle va faire peser sur les épaules de son fils, en particulier, tout le poids de ses rêves et de ses ambitions. Jusqu’à l’absurde, et au drame.
Bepolar : Le roman est construit sous la forme de lettres d’une mère à sa fille. En quoi cette contrainte d’écriture était intéressante pour votre histoire ?
Anouk Langaney : J’aime, en tant que lectrice, les romans qui me prennent au piège. C’est un des plaisirs que j’associe au polar. J’ai voulu que mon lecteur se trouve dans la position de la fille de mon héroïne lorsqu’elle reçoit cette lettre, qui contient un récit, bien sûr, mais aussi une odieuse tentative de manipulation ! Ce procédé me permet d’explorer la folie de cette femme de l’intérieur, en lui donnant la parole : à ses yeux, tout ce qu’elle a fait est légitime.
Bepolar : C’est une histoire de famille donc, mais aussi d’une éducation très dure. Est-ce que c’est facile d’écrire sur ces sujets qui évoquent la maltraitance ?
Anouk Langaney : Facile ? Je ne saurais le dire. Je partage la vie de mes héros durant plusieurs années, et ce n’est pas toujours confortable ! Mais cet imaginaire est le mien. Ces angoisses m’appartiennent. Je ne dirais pas que l’écriture les exorcise complètement, mais elle m’aide à les regarder en face.
Bepolar : Vous utilisez aussi beaucoup l’humour noir. C’est très agréable. C’est un outil intéressant pour l’autrice que vous êtes ?
Anouk Langaney : C’est mon arme de prédilection ! L’humour me donne la distance dont j’ai besoin. Il m’aide à dissoudre tout ce qui me déplait, en préservant une atmosphère plutôt festive. Ce que l’acide chlorhydrique, par exemple, ne permet pas.
Bepolar : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Anouk Langaney : Sur une autre histoire de famille, moins perverse, mais pas nécessairement moins folle. Pour l’instant, j’ai atteint une sorte de palier, il faut que je la laisse reposer un moment. D’autres projets me hantent : des revenants, des complots, un scénario… J’ai des idées en réserve pour cette vie, et quelques autres. Reste à trouver le temps qui va avec !