- Auteur : Sébastien Didier
- Editeur : Hugo Thriller
Bepolar : Comment est née l’idée de votre roman ? Qu’aviez-vous envie de faire ?
Sébastien Didier : L’idée de ce livre est née il y a environ deux ans. J’avais envie d’écrire une histoire qui mettrait en avant certains sentiments mais aussi qui parlerait d’écriture et évoquerait le travail et l’imaginaire de l’écrivain. Tout cela dans une intrigue à suspense évidemment.
Bepolar : C’est un roman qui raconte le trouble d’un auteur lisant un livre. Il va devoir se confronté à son passé. Vous aviez envie d’une forme de mise en abime, à la fois pour votre héros mais aussi sur l’écriture ?
Sébastien Didier : Oui, l’idée d’écrire un livre dans le livre voire même un livre dans le livre dans le livre s’est vite imposée. J’aime beaucoup le principe de la double narration, je l’ai utilisé dans mes romans précédents mais de façon plus conventionnelle, uniquement en alternant les points de vue ou bien les époques. Ici c’est un peu différent. La mise en abîme est un procédé vieux comme le monde pour l’écrivain qui souhaite évoquer son univers et son travail dans un livre mais je devais aussi l’utiliser pour permettre la résolution d’un suspense et rendre une sorte d’hommage à certains auteurs que j’adore et qui ont marqué ma jeunesse comme Agatha Christie. Elle me permet aussi de jeter peut-être un peu plus le trouble dans l’esprit du lecteur qui se demande si le Sébastien qui mène l’enquête n’est pas un peu le Sébastien qui l’écrit. L’idée de construire des ponts entre le livre et le réel a été quelque chose de très inspirant et de très motivant pour moi pendant l’écriture de Julie.
Bepolar : Votre roman alterne l’enquête de Sébastien, la manière dont il renoue avec ses anciens amis pour lever le voile du mystère, mais aussi les pages d’un livre : "Le Temps d’un été." Est-ce que c’est facile d’écrire un livre dans un livre ?
Sébastien Didier : Honnêtement, au tout début, je n’avais aucune idée de ce que j’allais mettre dans les pages du Temps d’un été. Comme j’écris sans faire de plan, je me suis lancé dans l’aventure de Julie avec la seule idée en tête de ce livre qui viendrait bousculer la vie d’une bande d’amis vingt ans après en leur soumettant la question qu’ils ne s’étaient peut-être jamais posée mais qu’ils portaient pourtant en eux depuis toutes ces années : Julie est-elle toujours en vie ? Car qui à part elle pourrait être à l’origine de ce livre et des détails troublants qu’il contient ? Partant de là, il était impossible de ne pas écrire et donner au lecteur des passages de ce fameux livre. J’ai donc décidé d’en faire une petite enquête policière à part entière dans un esprit très proche de celles d’Hercule Poirot que j’adore. Et d’y glisser de nombreux détails renvoyant à l’histoire principale et permettant de comprendre la psychologie des personnages. Si le lecteur est attentif il peut déjà deviner certaines choses de l’intrigue rien qu’à la lecture du Temps d’un été. Je ne dirais pas que l’écriture de ces passages fut difficile, au contraire. Ils m’ont souvent permis de faire une pause dans le récit et de me recentrer pour la suite.
Bepolar : Qui est Sébastien ? Comment pourriez-vous nous le présenter ? Il est écrivain, forcément on se doit de vous poser la question : qu’a-t-il de vous ?
Sébastien Didier : Oui, le lecteur est en droit de se poser la question bien sûr et c’est d’ailleurs fait pour. Ce personnage a forcément un peu de moi mais il en va de même pour toutes les composantes du livre. Je pense que les auteurs mettent toujours beaucoup d’eux-mêmes dans un roman, c’est inévitable. Quelquefois, il faut juste gratter un peu plus sous la surface pour le voir. Concernant mon héros, il aurait été identique même s’il ne s’était pas appelé Sébastien. D’ailleurs au départ il avait un autre prénom. Ce n’est qu’au bout de quelques jours d’écriture que l’évidence m’a frappé et m’a fait sourire : j’écrivais un livre parlant d’un auteur d’une quarantaine d’années né dans le Sud de la France, un livre avec de nombreuses mises en abîme sur le monde de l’écriture et son imaginaire. Alors pourquoi ne pas pousser l’expérience jusqu’à sa limite en donnant mon prénom au personnage principal ? Cela m’a amusé avant tout et je me suis dis que le lecteur se questionnerait aussi à ce propos, ce qui n’a pas manqué.
Bepolar : C’est jeu de pistes assez redoutable que vous nous offrez. Comment avez-vous construit votre intrigue ?
Sébastien Didier : Au fur et à mesure en réalité. J’écris plus ou moins sans faire de plan donc lorsque je me lance dans un projet, je n’ai au départ que l’unique conviction que mon idée tient la route. J’ai en tête le début du livre et la façon dont je veux amorcer mon intrigue et j’ai aussi une vague idée de la fin (mais qui change bien souvent en cours de route). Néanmoins, cela est primordial. Il faut une petite lumière qui me guide vers le bout du tunnel et qui me permette de garder une certaine cohérence dans ce que j’écris en premier jet. Le risque de s’éparpiller est toujours là. Donc une fois lancé, j’avance en imaginant l’intrigue et ses différents rebondissements au fur et à mesure. J’essaye de vivre l’histoire au maximum, comme dans un film. Et de me faire surprendre par elle aussi.
Bepolar : Il y a un hommage à Agatha Christie. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’en faire un ?
Sébastien Didier : Je suis un très grand fan d’Agatha Christie. Je trouvais l’idée sympathique de rendre hommage à cette auteure qui a marqué mon adolescence et qui a sûrement aussi un peu contribué à faire de moi l’écrivain que je suis aujourd’hui. L’idée de transporter le lecteur dans un univers complètement différent était aussi attrayante.
Bepolar : Il vient tout juste de sortir, comment vivez-vous cette période ?
Sébastien Didier : Plutôt bien même si chaque sortie de livre comporte son petit lot de stress. Les retours des lecteurs ont pour le moment été fantastiques donc je ne peux qu’en être heureux. J’espère que la période qui arrive sera l’occasion pour beaucoup de retourner nombreux en librairies.
Bepolar : Sur quoi travaillez-vous désormais ? Quels sont vos projets ?
Sébastien Didier : Je travaille sur un nouveau roman mais aussi sur une nouvelle que je dois écrire pour le journal Nice-Matin dans le cadre d’une opération estivale aux côtés d’auteurs locaux mais aussi d’autres comme Douglas Kennedy par exemple. Je suis donc très heureux d’en faire partie.