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Au nom du maintien de l’ordre : un documentaire édifiant

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Résumé :

Depuis des années, les doctrines du maintien de l’ordre s’orientent vers des logiques de répression de plus en plus systématiques des manifestations. Le documentaire en deux parties de Paul Moreira essaie de saisir les raisons de cette dérive sécuritaire.

Le passionnant documentaire de Paul Moreira privilégie une approche tout à fait didactique pour comprendre comment, depuis des décennies, dans les pays occidentaux et particulièrement en France, les stratégies du maintien de l’ordre opposent aux manifestants des réponses de plus en plus militarisées, avec des armes tristement notoires (LBD, grenades de désencerclement).
On se souvient évidemment de la présence des blindés de la gendarmerie lors d’une journée d’action des Gilets Jaunes à Paris en décembre 2018. Cette initiative constituait en soi un fait sans précédent, car jamais de tels engins n’avaient été mobilisés pour prévenir toute tentative de débordement lors d’une manifestation. On se rappelle aussi que, quelques mois plus tard, sur ordre du préfet Lallement qui s’en explique placidement dans un extrait du film, les nasses, dénoncées par le Défenseur des droits, ont restreint au maximum la liberté de déplacement des manifestants et il est vrai que l’on mesure les effets d’un changement d’époque lorsque l’on voit, à l’avant et à l’arrière des cortèges syndicaux, des hommes en armes assurer le service d’ordre.

Le film en deux parties équilibre les points de vue en donnant la parole à différents protagonistes du maintien de la sécurité et à ceux qui ont protesté dans les rues : mais les événements sont têtus, les images le sont tout autant, et lorsque l’ancien préfet Michel Delpuech se montre pragmatique, le but étant pour lui d’avoir évité des morts dans les deux camps qui s’affrontaient, lors de la crise des Gilets Jaunes, la réalité des manifestants éborgnés par les LBD, ces armes sublétales si controversées, illustre une nouvelle forme de violence, au nom d’une préservation de l’ordre public. Paul Moreira a le bon réflexe de remettre le propos en perspective, pour essayer de comprendre d’où vient cette inflexion et tout le passage qui concerne les émeutes de Seattle en 1999, contre la troisième conférence ministérielle de l’OMC, est édifiant car il évoque la manière dont s’est élaborée une doctrine de défense policière, aisément assimilable à une surréaction : d’ailleurs, Norm Stamper, ancien chef de la police locale, reconnaît aujourd’hui avoir cru à son propre mensonge de l’époque, lui qui justifia la réponse des forces de l’ordre, volant à la rescousse du maire de la ville, visiblement dépassé par les questions de la presse et qui le paya d’ailleurs très cher d’un point de vue politique, puisqu’il perdit les primaires de son parti en vue de sa réélection à la tête de la commune. Le témoignage le plus éclairant est celui de Laurent Bigot, ancien sous-préfet devenu Gilet Jaune, dont l’expertise permet de mieux comprendre les injonctions auxquelles sont soumis les CRS, leur profond malaise également, qui s’explique notamment par un manque de reconnaissance.

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Bref, des États-Unis impactés par les violences policières, jusqu’à l’assassinat de George Floyd, en passant par l’Allemagne, qui renonce sa fameuse doctrine de la désescalade, le premier volet du documentaire dresse un constat particulièrement inquiétant pour la liberté d’expression, encadrée par un maintien de l’ordre de plus en plus agressif.

Le second épisode aborde de manière tout aussi rigoureuse l’histoire des lanceurs de balles de défense, leur usage d’origine en France dans des situations spécifiques, où il s’agit de neutraliser des individus considérés comme dangereux, mais où il est également question d’éviter une "bavure" causée par le mauvais emploi d’une arme à feu. Au mitan des années 90, lorsque les flashballs commencent à se répandre, il ne s’agit pas de cibler des manifestants. Le tournant interviendra en 2005, dans le contexte des émeutes qui soulèvent les banlieues françaises, après la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, à l’intérieur d’un poste électrique, alors qu’ils tentaient d’échapper à la police. La baisse drastique des effectifs dans les forces de l’ordre s’accompagnera d’une augmentation massive des LBD.
Aujourd’hui, l’emploi systématique de cet objet pour assurer l’ordre public ne manque pas d’interroger, d’autant que les dégâts provoqués sont démontrés, parfois collatéraux, que le documentaire rappelle en montrant des images éloquentes de visages mutilés, en donnant la parole à des chercheurs qui ont mené des études sur les armes moins létales ou en interrogeant un sociologue victime d’un tir de LBD lorsqu’il était un jeune manifestant en 2007 et qui obtiendra réparation, faisant condamner l’Etat français par un jugement du tribunal administratif. Mais, comme on le sait, le commerce des armes est aussi une affaire juteuse, et le propos se termine par la mise en évidence d’une circulation non réglementée, de sorte qu’une dictature peut, pour sa propre défense, utiliser les armes moins létales fournies par un pays démocratique.

Au terme du documentaire, on s’inquiète d’une militarisation accélérée de la police aux quatre coins du monde, qui engendre une véritable pression sur les libertés à manifester. Un signe des temps, sans doute.


Voir en ligne : Disponible sur arte.tv

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Vos #AvisPolar

  • boutefeu34 18 juillet 2023
    Marathon du polar 2023, équipe SYRAH
    Au nom du maintien de l’ordre : un documentaire édifiant

    Le maintien de l’ordre.. Documentaire très instructif, complet et très sourcés !! Le sujet est violent, réel et doit être connu de tous. l’adage dit : On ne résout rien par la violence. Le maintien de l’ordre échappe à cette bien pensante. Donner l’ordre à la police de ’charger’ sur la foule, d’autoriser les tirs de LBD....C’est stupéfiant, révoltant (enfin pour moi) mais la liberté de manifester n’a pas de prix. Cela coute très cher aujourd’hui.

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