- Réalisateur : Claude Chabrol
- Acteurs : Bernadette Lafont, Madeleine Robinson, Jean-Paul Belmondo
- Distributeur : CCFC (Compagnie Commerciale Française Cinématographique)
- Auteur : Paul Gégauff
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 4 décembre 1959
- Durée : 1h45min
Inscrivez-vous ou connectez-vous pour pouvoir participer au Club !
l'a vu/lu
Veut la voir/lire
Résumé :
Thérèse Marcoux accepte mal la liaison de son mari avec Leda, leur ravissante voisine. D’autant plus que celui-ci tolère la présence dans leur propriété de Laszio, l’amant de leur fille Elisabeth. Tout ce beau monde est aux abois, lorsque la belle Leda meurt assassinée.
Le troisième long métrage de Claude Chabrol est une histoire à suspens qui aborde une thématique si chère au réalisateur -les faux-semblants de la bourgeoisie- que ses multiples variations irrigueront une bonne partie de sa filmographie.
Dans le cadre bucolique d’une villa luxueuse, un huis clos tendu rassemble la famille Marcoux : le père trompe sa femme, celle-ci souffre en silence, puis l’affronte, et les enfants vivent de leur côté, indifférents à ce qui se passe. Quant à la bonne, elle adopte des postures aguicheuses et raille sa patronne dans l’intimité de sa chambre, lorsqu’elle n’ouvre pas ses fenêtres pour affoler le regard du jardinier. Si l’on ne pressentait le drame, cette configuration semblerait presque vaudevillesque, d’autant que le jeu théâtral des interprètes, celui de Jean-Paul Belmondo, en particulier, infléchit volontiers le regard du spectateur dans cette direction.
À l’orée de sa fructueuse carrière, l’acteur incarne un jeune matamore promis à la fille du bourgeois, un protagoniste fictionnellement construit comme élément perturbateur qui affiche les problèmes, alors que les autres mettent dans un premier temps la poussière sous le tapis. Ce hâbleur infatué mange et boit bruyamment pour contrarier la distinction bourgeoise, affiche sa nudité sans vergogne, finit par exaspérer sa petite amie.
Est-ce lui, l’inconvenant ? Porte-t-il les germes du malheur ?
Dans une ascension graduelle vers la violence, le récit se plaît à fissurer le vernis des apparences, la brutalité verbale finit par se déchaîner pour sceller le sort du couple aisé. Mari et femme se détestent. "Tu réunis tout ce qui me fait horreur, je te hais", déclare Henri à son épouse, tandis que l’œil de la caméra se resserre pour ne plus lâcher les protagonistes, durant cette confession terrible. Si la tragédie à venir se discerne aisément, il n’en reste pas moins que la dernière demi-heure, hitchcockienne à souhait, témoigne d’un vrai sens de l’atmosphère, préfigurant les futures grandes réussites du metteur en scène.