- Auteur : Jérémy Fel
- Editeur : RIVAGES
A l’occasion de la sortie d’Helena en août aux éditions Rivages, découvrez une interview de Jérémy Fel.
BePolar : Comment est née l’idée de ce thriller dans le cœur des Etats-Unis ?
Jérémy Fel : Au départ, il s’agissait d’une nouvelle d’une vingtaine de pages, que je voulais un peu écrire en hommage à Massacre à la tronçonneuse, ici en mettant en scène une jeune femme de la ville qui tombe en panne en pleine campagne et se retrouve dans une maison de fous. Mais le texte a beaucoup changé au fil du temps (en devenant un roman de plus de 700 pages) et les personnages ont, j’espère, gagnés en nuances, surtout cette fameuse famille.
BePolar : Vous placez votre intrigue au Kansas, en plein été. Pourquoi avoir choisi les Etats Unis comme décor ? Est-ce que c’est facile d’y écrire un récit ? Vous vous êtes rendu sur place ou vous vous êtes beaucoup documenté ?
Jérémy Fel : Ce récit suit un chapitre de mon premier roman, qui se situait déjà au Kansas à la fin des années 70, là où le mal qui imprégnait tout le livre naissait. Je voulais comme décor un décor qui me fascine naturellement, un décor irrigué par mes lectures et les films que je regarde. En temps que grand fan de De Sang Froid de Truman Capote, et du Magicien d’Oz, le Kansas me paraissait parfait comme environnement. C’est vraiment le genre d’endroit, à la fois vide, plat et angoissant qui sied à mon univers. Je pense qu’il est plus facile pour moi (et plus jouissif, ne le cachons pas) d’écrire un roman qui se passe au Kansas que dans la Creuse par exemple, s’il fallait trouver un équivalent français (n’ayant été ni dans l’un ni dans l’autre). En tant qu’européens nous sommes tous abreuvés de culture américaine. Nous sommes un peu américains. Bien sûr, je me suis beaucoup documenté, à défaut de m’être rendu sur place. Mais j’aime aussi l’idée de fantasmer un lieu, de tenter de capter une essence sans pour autant se conformer à la réalité brute. Un roman est pour moi aussi et surtout la patrie de l’imaginaire.
BePolar : Il y a une histoire de voiture en panne et d’une nuit à passer pour l’héroïne dans ce petit village. C’est un début d’intrigue que l’on a déjà croisé dans d’autres romans. C’était comme un hommage pour vous à certains auteurs comme Stephen King ?
Jérémy Fel : Je ne l’ai pas pensé comme cela, mais un des buts était de prendre des lieux communs, des clichés connus de tous pour créer une certaine familiarité, de les tordre et d’amener ensuite le lecteur là où il ne pensait sûrement pas aller. Après, bien entendu, je me suis amusé à rendre de nombreux hommages à des auteurs que j’aime, ainsi que de multiples clins d’œil, et même à mon premier livre.
BePolar : Votre roman est une sorte de puzzle psychologique très prenant. Comment avez-vous travaillé pour mettre tous les éléments en place ?
Jérémy Fel : Comme pour mon premier roman, je n’ai jamais fait de plan. Je pars en général d’une image, d’une scène, que je visualise, puis les scènes s’enchaînent, m’entrainent avec elles, me font moi-aussi parfois aller là où je ne pensais pas aller. J’aime ne pas savoir où je vais quand j’écris. Je pense que le meilleur moyen pour qu’un lecteur n’ai pas trop d’avance sur l’intrigue pendant sa lecture est que l’auteur en soit au même point pendant l’écriture. Je suis auteur mais aussi lecteur de ce que j’écris, en quelque sorte. L’inconscient joue une grand part dans mon écriture, il n’est donc pas étonnant que ce roman soit jalonné de beaucoup de cauchemars ou d’hallucinations... Ce sont d’ailleurs souvent les scènes que je prends le plus de plaisir à écrire.
BePolar : Il y a un trio infernal entre Hayley, Tommy et Norma (et Helena). Comment pourriez-vous nous présenter ces trois protagonistes ?
Jérémy Fel : Je dirais que ces trois personnages, pourtant dissemblables (une jeune citadine, une mère de famille, un adolescent perturbé) seront tous les trois piégés chacun à leur manière au fil des pages, et feront tout pour sortir de ce piège ; que tous les trois peuvent, par leurs actes, être qualifiés de monstres, sans que le lecteur ne puisse s’empêcher d’avoir, du moins je l’espère, une certaine empathie pour chacun d’eux. Et en ce qui concerne Helena, son identité restera longtemps un mystère. Mais par elle, je pense, le lecteur comprendra le sens profond du livre.
BePolar : Hayley est une jeune fille plutôt gâtée financièrement par la vie. C’est aussi la confrontation entre sa classe sociale et un monde plus rural qui vous intéressait ?
Jérémy Fel : Non, je ne me suis pas posé la question en ce sens. Je n’ai pas cherché à traiter un quelconque rapport de classe, même s’il est évident que Hayley et Norma ne font pas du tout partie du même monde.
BePolar : Quelles sont vos prochaines dates de dédicaces ? Quand les lecteurs pourront-ils vous rencontrer ?
Jérémy Fel : J’ai la chance énorme d’être invité dans beaucoup de librairies et de festivals ces prochains mois. Mon premier salon sera celui du regretté Gonzague Saint-Bris dimanche 26, et le lancement de Helena se fera à la Librairie de Paris le 5 septembre. Les autres dates seront annoncées sur le site de mon éditeur ou mon compte Facebook.