- Réalisateur : Christopher Landon
- Acteurs : Jahi Di'Allo Winston, David Harbour, Anthony Mackie
- Distributeur : Netflix
- Auteur : Christopher Landon
- Nationalité : Américaine
- Durée : 2h07min
Une comédie horrifique passable, à qui il manque un grain de folie burtonien. Mordant au début, le film se dissout peu à peu dans un sentimentalisme de mauvais aloi.
Un fantôme fait fuir une famille. Puis une autre arrive, qui emménage. C’est le point de départ de ce film divertissant de Christopher Landon, bien que l’argument de cette histoire n’ait absolument rien d’original. En fait, l’histoire s’appuie sur des invariants bien connus du fantastique littéraire ou cinématographique : le spectre très malheureux et faussement effrayant renvoie au célèbre récit d’Oscar Wilde, Le fantôme de Canterville, et la relation d’abord secrète que cet être venu d’ailleurs noue avec un mortel parfaitement vivant est une référence implicite au célèbre E.T de Steven Spielberg. Mais la dissimulation ne dure pas, car bientôt le père et les deux fils, puis la mère, savent que la maison est hantée.
La comédie horrifique a toujours folklorisé les incarnations de nos peurs ancestrales et We have a ghost ne déroge pas à cette habitude. Toutefois, l’avènement du numérique a catalysé le marché déjà très lucratif du surnaturel et les protagonistes le savent : ainsi, loin de vouloir décamper pour échapper à l’irrationnel, le père saisit le profit qu’il peut en tirer et capitalise sur une vidéo financièrement juteuse du gentil Ernest (c’est le prénom du fantôme). Tout pour le buzz et à nous la célébrité ! Du jour au lendemain, les réseaux sociaux s’emballent et les badauds affluent autour de la maison, pour voir le fameux phénomène.
On anticipe la punition de ce mercantilisme impénitent par une action d’Ernest et de ses pouvoirs insoupçonnés. Elle survient lors d’une scène à la fois drôle et spectaculaire, où les clins d’œil à SOS Fantômes sont manifestes. En revanche, dès que le long métrage implique la CIA et une professeure de parapsychologie aux intentions malveillantes, puis relie la malédiction vécue par le spectre à la recherche de son identité, le ton comique s’absente et le propos verse dans un sentimentalisme plutôt malvenu (tendance Ghost).
Le récit bifurque alors vers un road movie assez ennuyeux sous forme de course-poursuite et n’évite pas l’écueil du familialisme (à ce titre, le monologue contrit du père à son fils constitue un moment édifiant).
On imagine aisément ce qu’un Tim Burton aurait pu faire d’une telle histoire. Ici, il manque un grain de folie qui aurait distingué cette comédie du tout-venant des productions divertissantes.