- Auteur : Charles Aubert
- Editeur : Slatkine et cie
Voici le nouveau volet des aventures de Niels Hogan, le personnage de Charles Aubert, qu’on prend un grand plaisir à retrouver dans Vert Samba... Entretien à l’occasion de la sortie du roman...
Bepolar : Comment est née l’idée de votre roman ?
Charles Aubert : L’intrigue de Vert Samba se déroule autour d’un ESAT (établissement et service d’aide par le travail). J’avais envie de parler du rapport à la différence. C’est d’ailleurs un des thèmes récurrents de mes romans. On découvrira, à la lecture de ce roman, des nouveaux personnages, différents, atypiques, attachants. Quelque chose me dit qu’on devrait les retrouver dans les prochains opus…
Bepolar : On commence ce roman avec le meurtre de deux ostréiculteurs. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire un roman dans cet univers ?
Charles Aubert : Je vis dans une région où l’ostréiculture est omniprésente. Dans la cuisine bien évidemment, mais aussi dans le paysage (cf les alignements de tables sur le bassin de Thau), dans la culture… Et puis surtout, j’adore les huitres. Pochées, gratinées, en tartare, à la braise et bien sûr crues avec un filet de citron. Si tout ça ne donne pas envie d’écrire sur le sujet !...
Bepolar : On y retrouve pour mener l’enquête Lizzie et Niels. Comment pourriez-vous nous les présenter ? Quelle place ont-ils dans votre imaginaire ?
Charles Aubert : Niels Hogan est le narrateur de mes histoires. C’est un type qui a un rapport particulier avec les gens. C’est dû à un câblage neuronal légèrement déficient. On pourrait parler à son sujet de très légères traces d’autisme. Enfin, rien de très invalidant, puisqu’il a réussi à faire une brillante carrière dans les assurances à Paris, avant de tout laisser tomber un jour pour venir s’installer dans une cabane entre Montpellier et Sète. Il a changé de vie car il ne supportait plus la violence de la ville, l’absence de sens de son métier, l’indifférence des autres. Il a vécu aussi une déception amoureuse. Il souhaite donc se reconstruire dans une vie plus apaisée (une slow life). Il se met à fabriquer des leurres pour aller à la pêche et à les vendre sur internet. Malheureusement pour lui, tout ne va pas se passer comme prévu. Il va notamment rencontrer Lizzie qui est la fille de son voisin de cabane. Elle est journaliste d’investigation et elle va s’efforcer de le ramener vers la société qu’il essayait de fuir et vers le sentiment amoureux qu’il avait déserté.
Bepolar : Niels a en plus des soucis d’ordres privés. Vous aviez envie de lui donner plus d’ampleur ?
Charles Aubert : Comme je le disais, Niels est le narrateur (le roman est écrit à la première personne du singulier). Le récit traduit donc son rapport au monde (rapport aux autres, au travail, à la nature, à l’amitié, à l’amour…). Il est donc condamné à prendre toujours plus d’ampleur au fil des différents opus.
Bepolar : Comment le cadre de l’étang de Thau a-t-il influencé votre histoire ?
Charles Aubert : C’est un lieu magique. Il a pour moi deux qualités primordiales. La nature y est belle et encore sauvage par endroit et c’est un lieu populaire. Malgré le tourisme de masse, cet endroit de la côte méditerranéenne a su conserver son caractère, sa culture. Sète me fait d’ailleurs souvent penser au Marseille que j’ai connu quand j’étais enfant.
Bepolar : Les chroniques parlent souvent d’un polar doux, voir doux-amer. Cette douceur, c’est quelque chose dont vous aviez envie ou qui s’est imposé ?
Charles Aubert : Aucun calcul de ma part. Je serais incapable d’écrire un polar violent, gore, dérangeant. Il peut m’arriver d’en lire, je peux en aimer certains, mais ce n’est pas ce que j’ai envie d’écrire. Ça tombe bien car il me semble que le polar doit être multiple. Il peut ainsi être très noir, psychologique, historique, voir teinté d’humour et de poésie. Vous aurez compris que je me rapproche davantage des deux derniers qualificatifs nommés. D’où cette appellation de « polar doux ». Dans mes polars, un des personnages principaux est aussi la nature elle-même. Elle a une place très importante dans mes récits. Elle contribue elle-aussi à installer mes polars dans une ambiance très particulière, moins dure et moins froide que celle des grandes villes.
Bepolar : Est-ce qu’il y aura une quatrième histoire après Bleu Calypso, Rouge Tango et Vert Samba ?
Charles Aubert : C’est très probable. Les trois premiers opus, qui peuvent être lus de façon indépendante, je tiens à le souligner, ont trouvé un lectorat. Et personnellement, je prends beaucoup de plaisir à regarder vivre tous mes personnages. Donc un quatrième est envisagé. Peut-être pour 2023, car il est possible que je publie l’année prochaine un roman qui sera en dehors de cette série.
Bepolar : Quels sont vos projets, sur quoi travaillez-vous ?
Charles Aubert : Comme je l’évoquais à l’instant, j’écris actuellement un roman qui se situe dans un autre contexte géographique. C’est plus un thriller qu’un polar. Mais il est encore trop tôt pour que je puisse en parler plus avant.