- Auteur : Jean-Paul Chaumeil
- Editeur : Editions du Rouergue
Jean-Paul Chaumeil nous livre ses secrets sur Parfois c’est le diable qui vous sauve de l’enfer
Bepolar : Vous plongez dans votre livre dans les eaux troubles de la radicalisation d’extrême droite. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ? Quelle était l’idée de départ ?
Jean-Paul Chaumeil : Après Charlie et après Le Bataclan, je voulais introduire ces événements dramatiques dans un contexte d’écriture. Mais je n’ai pas trouvé la bonne distance pour le faire, compte tenu de l’horreur de ces moments. A la même époque où je réfléchissais ainsi, j’ai lu dans la presse le rapport du chef du renseignement intérieur, que je cite. Il s’inquiétait de la montée en puissance d’une droite ultra, capable, elle aussi, de préparer des attentats. Je suis parti de là.
Bepolar : Vous parlez de ratonnade anti-homos et d’extrême droite. En même temps, vous rappelez les liens avec les réseaux islamistes. Vous aviez dans l’idée d’écrire un livre politique ? Tout du moins en lien très fort avec l’actualité ?
Jean-Paul Chaumeil : Non, j’écris pour mon plaisir et pour raconter des histoires. Bien-sûr, je les contextualise. Mes personnages ne sont pas hors sol et ne vivent pas en vase clos. J’écris en 2016, et on est dans la période des manifestations pour défendre le code du travail, et des Nuits debouts. Difficile de passer à côté, même pour ceux qui n’adhèrent pas !
Bepolar : Comment avez-vous travaillé ? Cela vous a demandé beaucoup de documentation ?
Jean-Paul Chaumeil : Le « courant » du roman noir dont je me sens proche travaille avec beaucoup de documentation. J’ai archivé, ou retrouvé sur le net, les informations dont j’avais besoin. Les sites des droites identitaires sont accessibles en deux clics. La presse a rendu compte à plusieurs reprises d’arrestations de groupes accusés de préparer ce genre d’attentats. Par ailleurs, la possibilité d’user de « street view » facilite la recherche de détails pour fonder la vraisemblance (cela vaut davantage pour mon premier roman, Ground zero). Je n’hésite pas non plus à « m’inspirer » des écrits d’autres auteurs (DOA, par exemple, pour l’Afghanistan).
Bepolar : Il y a un lien avec le 11 septembre qui était déjà dans votre premier roman. Que représente cet événement pour vous ? Pourquoi y revenir ?
Jean-Paul Chaumeil : Tout le monde se souvient de ce qu’il faisait ce jour-là. Le 11-09-01 fait basculer le XXIème siècle dans des affrontements inédits. C’est la matrice de beaucoup de drames et d’horreurs aujourd’hui. J’ai été profondément percuté par ce qui s’est passé. Certains de mes personnages aussi.
Bepolar : Parfois c’est le diable qui vous sauve de l’enfer parle aussi du lien entre un père qui découvre que sa famille a rejoint les extrêmes. Comment vous voyez vos personnages ? Comment pourriez-vous nous les présenter ?
Jean-Paul Chaumeil : Je suis tenté de faire d’eux des personnages qui ressentent et vivent les contradictions du monde actuel comme des questions personnelles : la violence des fanatismes, les souffrances amoureuses, le désir d’être à la hauteur d’enjeux qui les dépassent…
Bepolar : Sur quoi travaillez-vous désormais ? Quel sera votre prochain titre ?
Jean-Paul Chaumeil : Je m’essaie à une sorte de suite…
Bepolar : Enfin la question rituelle : pour vous, qu’est-ce qu’un bon polar ?
Jean-Paul Chaumeil : C’est un roman qu’on peut lire comme n’importe quel autre. La Princesse de Clèves, Less Than Zero (avec la musique qui va avec !) le Vice Consul, ou les exploits de Fabrice del Dongo…