Bepolar : Votre roman Les Blessures des anges ressort en ce mois de janvier. Il s’appelait avant A Fleur de bruine. On y retrouve votre héroïne, Véronique De Smet. Pourquoi cette réédition ? Et est-ce que vous avez changé des choses ?
Amélie De Lima : En effet, Les Blessures des anges est une réédition de À fleur de bruine, auto-publié en 2018. Nous avons longuement discuté avec mon éditeur à ce sujet. En effet, Véronique De Smet est l’héroïne de ma trilogie : Le Silence des aveux (2017), Les Blessures des anges et Dans ma maison sous terre (2020).
Dans ma maison sous terre est la suite chronologique des Blessures des anges. Il nous semblait donc important de le rééditer afin que les lecteurs et lectrices aient la possibilité de mieux connaître le personnage principal et aussi, pour que le roman puisse bénéficier d’une seconde vie en librairie.
J’ai changé certaines choses, notamment le prologue et l’épilogue (j’ai ajouté une partie). Et bien sûr, j’ai retravaillé le texte en général pour le rendre le plus fluide possible.
Bepolar : On est en septembre 2016 et les corps de jeunes hommes sont retrouvés dans un canal à Lille. Est-ce que vous vous souvenez de ce qui vous avait donné envie de raconter cette histoire ?
Amélie De Lima : Oui, c’est l’affaire des disparus de la Deûle qui m’a donné envie de raconter cette histoire. Je voulais aussi l’ancrer dans l’actualité : les réseaux sociaux et l’engrenage des rencontres virtuelles qui peuvent rapidement virer au cauchemar…
Bepolar : Vous nous emmenez de part et d’autre de la frontière avec la Belgique. Est-ce que c’est facile de jongler avec deux pays et deux polices différentes ?
Amélie De Lima : Étant d’origine Lilloise, j’ai toujours vécu à la frontière entre la France et la Belgique. Je passais la majeure partie de mes week-ends en Belgique et donc, il était important pour moi de mettre ce pays en lumière. Cela a été très difficile de jongler entre les deux pays d’un point de vue judiciaire. Mais j’ai essayé de me documenter au maximum sur le sujet afin de ne pas trop m’éloigner de la réalité même si cela reste une fiction.
Bepolar : Véronique De Smet est au cœur de l’enquête. Mais depuis son incarnation dans le roman initial, vous lui avez donné de nouvelles aventures. Est-ce que ça a été difficile de retrouver sa "voix" de 2018 ?
Amélie De Lima : C’est très curieux car Véro n’était pas censée devenir un personnage récurrent. Ce sont les lecteurs et lectrices qui se sont attachés à elle, ils voulaient la retrouver dans une nouvelle enquête. J’ai écrit À fleur de bruine (Les Blessures des anges) en pensant à elles / eux, avant tout. D’ailleurs, si vous lisez Le Silence des aveux, vous vous rendrez compte qu’on sait peu de choses sur Véronique. Son personnage se dessine dans ce premier volet mais elle est encore fragile. Dans Les Blessures des anges, j’ai voulu raconter son histoire, remonter dans son passé, connaître ses failles, ses secrets. J’ai adoré cet exercice, c’est la raison pour laquelle c’est mon roman préféré de la trilogie.
Ça n’a pas été difficile de retrouver sa voix car pour moi, mes personnages comptent davantage que l’intrigue. Ils existent, vivent à mes côtés. J’ai eu l’impression de reprendre contact avec une vieille amie, tout simplement.
Bepolar : Il y a des personnages étonnants, dont une voyante, dans l’enquête. Parlez-nous de ce personnage si peu courant dans une affaire policière. Comment l’avez-vous utilisé ? Quelles sont limites d’utiliser ce genre de profession ?
Amélie De Lima : L’histoire de la voyante est un peu particulière. Elle existe vraiment, elle vit à Roubaix. J’ai changé son apparence mais sa façon de travailler est un peu la même que celle décrite dans le roman. Je ne suis jamais allée la voir, j’ai juste entendu des histoires à son sujet.
Le monde de la voyance peut être fascinant. Et puis, je voulais donner une touche américaine au roman (pour faire référence aux séries TV préférées de Bettina). Les Américains n’hésitent pas à faire appel à des médiums lorsqu’ils sont au point mort dans des enquêtes. On le fait aussi en France mais ça reste un sujet tabou, on n’en parle pas.
La voyante n’empiète pas sur l’enquête, elle donne juste une piste à Véronique ; une piste qui permet de débloquer l’affaire. Évidemment, il faut être extrêmement prudente lorsqu’on utilise ce genre de personnage car on peut vite tomber dans le grotesque, l’invraisemblable. Avec Marta (la voyante) tout semble crédible car elle remonte dans le passé de Véronique pour trouver la clé de l’énigme.
Bepolar : Quel regard vous portez sur ce roman dans votre bibliographie avec le recul ?
Amélie De Lima : En toute honnêteté, je lui porte un regard assez critique car il fait partie de mes premiers écrits. Je suis quelqu’un de perfectionniste, je travaille dur pour m’améliorer. Alors oui, je suis heureuse et fière de l’avoir écrit de cette façon, à ce moment-là, parce qu’il dévoile une partie de moi. Et puis, je n’oublie d’où je viens, je sais que mon passage en autoédition m’a permis d’arriver là où j’en suis aujourd’hui et forcément, Les blessures des anges a contribué à cette évolution, à ce passage vers une maison d’édition traditionnelle.
Bepolar : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Amélie De Lima : Je travaille sur un polar qui se déroule dans les années 80, avec une ambiance particulière, très sombre. De nouveaux enquêteurs, une toute nouvelle équipe mais toujours à Lille et environs.