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Le chasseur de lucioles - Janis Otsiemi

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Résumé :

À Libreville, une prostituée est découverte sauvagement assassinée dans un motel de la périphérie. Les agents de la PJ - de fidèles abonnés des bordels de la capitale - pensent tout d’abord à un crime de rôdeur. Quand une seconde fille est retrouvée égorgée dans un autre hôtel du quartier, les policiers sont encore loin d’imaginer qu’ils ont affaire à un client bien décidé à nettoyer la ville de toutes ses lucioles. Celui qui te veut du mal la nuit a commencé à t’en vouloir le jour. C’est dans ce climat de psychose générale que les gendarmes de la DGR enquêtent de leur côté sur le braquage d’un fourgon de la Société Gabonaise de Sécurité dont le butin de plusieurs millions de francs CFA attise bien des appétits.

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Vos #AvisPolar

  • universpolars 18 septembre 2024
    Le chasseur de lucioles - Janis Otsiemi

    Avant d’ouvrir ce bouquin, je me suis un peu renseigné sur l’auteur. Dans les toutes grandes lignes - c’est bien de le préciser -, Janis Otsiemi est un écrivain né en 1976 à Franceville, au Gabon. Poète, essayiste et romancier, Janis Otsiemi s’est mis aux polars depuis quelques années et je dois admettre que c’est assez particulier de suivre un polar évoluant dans cette région d’Afrique.

    On a plutôt l’habitude de suivre des enquêtes se développant en Europe, aux Etats-Unis - en Afrique du Sud même - mais au Gabon, franchement, j’ai été surpris ! Je ne savais même pas que la police du Gabon avait des moyens techniques pour combattre la criminalité. Et ce n’est pas étonnant, car ils ont en pas ! Je charrie un peu, mais c’est pourtant bien le cas. Alors bien entendu, il faut compenser par d’autres moyens.

    C’est à ce niveau-là que j’ai trouvé ce roman intéressant. Janis Otsiemi nous raconte son pays, nous immerge dans une ville dépravée, Libreville, la capital du Gabon, respectivement le chef-lieu de la province de l’Estuaire, où se trouve la grande partie de la population. Ce livre n’est pas qu’une intrigue policière, mais c’est aussi je pense, pour Janis Otsiemi, un très bon moyen de communication pour nous parler de sa région, la merde qui s’y trouve, le trafique qui s’y passe, la maladie qui ravage, la corruption et la perversion politique qui sévit sur le dos déjà bien cassé de la population. Soit, l’auteur nous fait défiler diverses images, diverses scènes de la société qui représentent son pays, et pas les plus belles.

    Je dis à ce niveau-là car en ce qui concerne l’intrigue en elle-même, bien qu’elle se tienne et qu’elle évolue d’une manière linéaire et logique, elle n’est pas forcément exceptionnelle. Moi qui apprécie les enquêtes qui sortent des sentiers battus (pas au sens propre du terme !), j’ai placé mon intérêt sur d’autres valeurs. Et ce roman en regorge, comme les personnages d’ailleurs. J’ai parlé de l’attrait positif du cadre, parlons à présent de l’écriture.

    Janis Otsiemi écrit d’une manière franchement particulière. Il utilise un vocabulaire extrêmement riche en mots et expressions du cru, soit de son pays ; c’est très exotique et parfois à mourir de rire ! Janis Otsiemi a une subtile maîtrise de la langue française, c’est indéniable. C’est frais, c’est très parlant, intelligent, franchement ça a de la gueule ! Heureusement que l’auteur nous traduit (plus d’une centaine de fois quand même !) les mots et expressions qu’il utilise avec habilité et astuce. Bien des fois pourtant, paradoxalement, il n’aurait même pas eu besoin de traduire tellement c’est parlant !

    "Après ce que vous venez de nous dire, mon commandant, nous partageons votre bouche..." traduction : être du même avis que lui.

    "Pourtant Georges n’était pas un cascadeur." traduction : homme qui entretient des relations sexuelles avec plusieurs femmes.

    "Ni avec l’une ni avec l’autre, il n’avait eu des relations sexuelles à balles réelles." traduction : sans préservatif.

    "Lui et ses gars allaient chier dans la bouteille." traduction : passer un mauvais quart d’heure.

    "Le colonel Essono était un emprofitosituationniste mais il n’était pas du genre à laisser camembérer une situation." traduction : ambitieux.

    Deux affaires nous occupent dans ce polar. Le lieutenant Louis Boukinda et le sergent Hervé Envam, de la Direction Générale des Recherches, enquêtent sur la mort par balles d’un homme retrouvé sur une plage à Libreville. Un flic, un retraité qui semble avoir été impliqué dans une affaire de vol d’armes commis à la Préfecture de police. L’affaire se gonfle lorsque les flics constatent que ces mêmes armes viennent d’être utilisées par un commando pour l’attaque d’un fourgon blindé perpétrée en pleine ville. Boukinda et Envam, flics consciencieux, se donnent corps et âmes pour cette affaire.

    Parallèlement, des prostituées camerounaises - les lucioles dans le langage imagé de Janis - sont sauvagement poignardées et écorchées dans des motels dégueu du quartier Nzeng-Ayong. Alors que la continuelle guéguerre des diverses ethnies gabonaises fait rage au sein même de l’administration, police y compris, la PJ s’organise pour retrouver l’auteur de ses abominations en série. Koumba et Owoula iront de leurs méthodes peu orthodoxes ! Coincer un tueur en série... C’est quoi le mode d’emploi chef ? J’exagère, mais pas trop !

    Les moyens et mesures d’enquête n’ont pas grand chose à voir avec les méthodes que nous avons l’habitude de suivre par chez nous. Médecins légistes, police scientifique et ADN n’existent pas. Tout fonctionne au flair, à la connaissance de la rue, le milieu, les indics et le renseignement tout de même un peu hasardeux, parfois.

    Une info, une simple rumeur, un bruit, un nom, et voilà un suspect. On le "travaille" un peu, quelques baffes d’abord, un peu de torture ensuite ; si c’est le bon, il parlera de toute façon et avouera. Réglé. S’il n’avoue pas sous la contrainte, euh pardon ! lors de l’interrogatoire je voulais dire, il sera clairement mis hors de cause et on pourra aller en chercher un autre. L’ex d’une des victimes de Nzeng-Ayong en fera d’ailleurs les frais ! Voilà un peu ce que j’ai compris des procédures gabonaises ; et je pense avoir bien compris !

    Mais voilà, toutes les pistes se fissurent sous le soleil aride du Gabon et ne mèneront malheureusement nulle part pour le moment.

    Dans cette double intrigue, aucun secret pour le lecteur qui connaît dès le départ tous les acteurs qui défrayent cette chronique judiciaire et qui donnent tant de fil à retordre aux forces de l’ordre. L’auteur nous place dans les deux camps, ce qui nous permet de bien comprendre, en live, les causes, les intérêts, les enjeux, soit les motivations des protagonistes. Concernant les tueries en série, Janis Otsiemi, par les motivations de son personnages, nous donnera l’occasion de nous faire quelques réflexions. Vous comprendrez en lisant.

    Pas de très grandes surprises concernant l’intrigue, pas de grands rebondissements non plus, mais un contexte passionnant et, surtout, une écriture hors paire.

    Bonne lecture.

  • universpolars 18 septembre 2024
    Le chasseur de lucioles - Janis Otsiemi

    Avant d’ouvrir ce bouquin, je me suis un peu renseigné sur l’auteur. Dans les toutes grandes lignes - c’est bien de le préciser -, Janis Otsiemi est un écrivain né en 1976 à Franceville, au Gabon. Poète, essayiste et romancier, Janis Otsiemi s’est mis aux polars depuis quelques années et je dois admettre que c’est assez particulier de suivre un polar évoluant dans cette région d’Afrique.

    On a plutôt l’habitude de suivre des enquêtes se développant en Europe, aux Etats-Unis - en Afrique du Sud même - mais au Gabon, franchement, j’ai été surpris ! Je ne savais même pas que la police du Gabon avait des moyens techniques pour combattre la criminalité. Et ce n’est pas étonnant, car ils ont en pas ! Je charrie un peu, mais c’est pourtant bien le cas. Alors bien entendu, il faut compenser par d’autres moyens.

    C’est à ce niveau-là que j’ai trouvé ce roman intéressant. Janis Otsiemi nous raconte son pays, nous immerge dans une ville dépravée, Libreville, la capital du Gabon, respectivement le chef-lieu de la province de l’Estuaire, où se trouve la grande partie de la population. Ce livre n’est pas qu’une intrigue policière, mais c’est aussi je pense, pour Janis Otsiemi, un très bon moyen de communication pour nous parler de sa région, la merde qui s’y trouve, le trafique qui s’y passe, la maladie qui ravage, la corruption et la perversion politique qui sévit sur le dos déjà bien cassé de la population. Soit, l’auteur nous fait défiler diverses images, diverses scènes de la société qui représentent son pays, et pas les plus belles.

    Je dis à ce niveau-là car en ce qui concerne l’intrigue en elle-même, bien qu’elle se tienne et qu’elle évolue d’une manière linéaire et logique, elle n’est pas forcément exceptionnelle. Moi qui apprécie les enquêtes qui sortent des sentiers battus (pas au sens propre du terme !), j’ai placé mon intérêt sur d’autres valeurs. Et ce roman en regorge, comme les personnages d’ailleurs. J’ai parlé de l’attrait positif du cadre, parlons à présent de l’écriture.

    Janis Otsiemi écrit d’une manière franchement particulière. Il utilise un vocabulaire extrêmement riche en mots et expressions du cru, soit de son pays ; c’est très exotique et parfois à mourir de rire ! Janis Otsiemi a une subtile maîtrise de la langue française, c’est indéniable. C’est frais, c’est très parlant, intelligent, franchement ça a de la gueule ! Heureusement que l’auteur nous traduit (plus d’une centaine de fois quand même !) les mots et expressions qu’il utilise avec habilité et astuce. Bien des fois pourtant, paradoxalement, il n’aurait même pas eu besoin de traduire tellement c’est parlant !

    "Après ce que vous venez de nous dire, mon commandant, nous partageons votre bouche..." traduction : être du même avis que lui.

    "Pourtant Georges n’était pas un cascadeur." traduction : homme qui entretient des relations sexuelles avec plusieurs femmes.

    "Ni avec l’une ni avec l’autre, il n’avait eu des relations sexuelles à balles réelles." traduction : sans préservatif.

    "Lui et ses gars allaient chier dans la bouteille." traduction : passer un mauvais quart d’heure.

    "Le colonel Essono était un emprofitosituationniste mais il n’était pas du genre à laisser camembérer une situation." traduction : ambitieux.

    Deux affaires nous occupent dans ce polar. Le lieutenant Louis Boukinda et le sergent Hervé Envam, de la Direction Générale des Recherches, enquêtent sur la mort par balles d’un homme retrouvé sur une plage à Libreville. Un flic, un retraité qui semble avoir été impliqué dans une affaire de vol d’armes commis à la Préfecture de police. L’affaire se gonfle lorsque les flics constatent que ces mêmes armes viennent d’être utilisées par un commando pour l’attaque d’un fourgon blindé perpétrée en pleine ville. Boukinda et Envam, flics consciencieux, se donnent corps et âmes pour cette affaire.

    Parallèlement, des prostituées camerounaises - les lucioles dans le langage imagé de Janis - sont sauvagement poignardées et écorchées dans des motels dégueu du quartier Nzeng-Ayong. Alors que la continuelle guéguerre des diverses ethnies gabonaises fait rage au sein même de l’administration, police y compris, la PJ s’organise pour retrouver l’auteur de ses abominations en série. Koumba et Owoula iront de leurs méthodes peu orthodoxes ! Coincer un tueur en série... C’est quoi le mode d’emploi chef ? J’exagère, mais pas trop !

    Les moyens et mesures d’enquête n’ont pas grand chose à voir avec les méthodes que nous avons l’habitude de suivre par chez nous. Médecins légistes, police scientifique et ADN n’existent pas. Tout fonctionne au flair, à la connaissance de la rue, le milieu, les indics et le renseignement tout de même un peu hasardeux, parfois.

    Une info, une simple rumeur, un bruit, un nom, et voilà un suspect. On le "travaille" un peu, quelques baffes d’abord, un peu de torture ensuite ; si c’est le bon, il parlera de toute façon et avouera. Réglé. S’il n’avoue pas sous la contrainte, euh pardon ! lors de l’interrogatoire je voulais dire, il sera clairement mis hors de cause et on pourra aller en chercher un autre. L’ex d’une des victimes de Nzeng-Ayong en fera d’ailleurs les frais ! Voilà un peu ce que j’ai compris des procédures gabonaises ; et je pense avoir bien compris !

    Mais voilà, toutes les pistes se fissurent sous le soleil aride du Gabon et ne mèneront malheureusement nulle part pour le moment.

    Dans cette double intrigue, aucun secret pour le lecteur qui connaît dès le départ tous les acteurs qui défrayent cette chronique judiciaire et qui donnent tant de fil à retordre aux forces de l’ordre. L’auteur nous place dans les deux camps, ce qui nous permet de bien comprendre, en live, les causes, les intérêts, les enjeux, soit les motivations des protagonistes. Concernant les tueries en série, Janis Otsiemi, par les motivations de son personnages, nous donnera l’occasion de nous faire quelques réflexions. Vous comprendrez en lisant.

    Pas de très grandes surprises concernant l’intrigue, pas de grands rebondissements non plus, mais un contexte passionnant et, surtout, une écriture hors paire.

    Bonne lecture.

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