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Le Crâmé - Jacques-Olivier Bosco

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Résumé :

« Viviani voulut sortir le premier. Le crépitement des balles… puis son corps était venu s’éclater contre la baie vitrée de la banque, l’éclaboussant de sang, comme sur un écran de télé géant. Les otages femelles se mirent à hurler… Gosta jeta un œil sur Tino et Stéph, ils avaient chacun un gros sac en bandoulière, bourré à craquer de billets, une cagoule noire sur la gueule et un fusil-mitrailleur en main. » Deux ans que le Cramé et sa bande, un vrai commando, braquent les banques et vident les coffres avec une détermination et une efficacité redoutables… Deux ans qu’ils se moquent du monde et que la police est sur les dents. Jusqu’à ce qu’un traître les balance dans les filets de Fabiani, le chef de l’Antigang, qui à l’issue d’un braquage en laisse plusieurs sur le carreau et colle le Cramé au placard. Mais celui-ci n’a qu’une idée en tête : se faire la belle… et retrouver l’enfoiré qui les a donnés ! Après une évasion rocambolesque, il infiltre le commissariat de Saint-Denis et se retrouve, bien malgré lui, dans la peau d’un flic à la recherche d’un môme disparu. Mais en ressuscitant ses cauchemars de gamin des quartiers, le pire devient alors possible… Le problème avec le Cramé, c’est que même l’enfer ne veut pas de lui !

Après un premier roman coup de poing, Jacques-olivier Bosco nous embarque a l’arrière de son bolide...Entre "beaux mecs" et caïds des cités, honneur et effroi, trafic et audace, accrochez-vous, ça va décoiffer !

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  • universpolars 26 novembre 2018
    Le Crâmé - Jacques-Olivier Bosco

    Le Cramé... Un homme d’honneur, de parole, fonctionnant sur le principe du respect. Gosta Murneau - dit Le Cramé -, surnom qu’il s’est approprié suite à sa méchante brûlure plaquée sur son visage, est néanmoins un truand, un gangster de haut vol qui est recherché par toutes les polices de France.

    "La trentaine, baraqué pour ses un mètre soixante-quinze, ses cheveux étaient noirs et brillants, ainsi que ses grands yeux, comme ceux d’un jeune loup. Un nez cassé, des sourcils épais, il avait le profil d’une belle brute italienne, le profil droit, seulement."

    Braquages de banques, gros casses commis avec fermeté, force et grande détermination sont à l’origine de cette pression qui envahie les rangs des services de police. Le Cramé est un homme que ne se laisse pas prendre, qui agit entouré d’un commando - une famille ? - soudé et impeccablement bien organisé.

    Leur grande force ; la confiance, le respect, soit des codes d’honneur qui les uniront jusqu’à la mort, s’il le faut. Le Cramé est un chef de bande comme on n’en fait plus - à l’ancienne comme on dit - qui respecte ses hommes, qui les couvrira jusqu’au bout quoiqu’il arrive, bref un gars qui assume. L’auteur nous le fait d’ailleurs bien ressentir avec, entre autre, des dialogues mémorables, piquants et vifs.

    Nous sommes à Paris, au Crédit Marseillais de Saint-Denis, la bande du Cramé a choisi ce mauvais samedi pour s’attaquer à cette nouvelle cible. Mauvais ? Le casse tourne à la catastrophe et finit dans un bain de sang que ce soit du côté de la police, comme celui de la bande à Gosta. La mort planera sur Saint-Denis, tel un épais brouillard provoqué par les tirs des fusils-mitrailleurs, et emportera avec elle des flics, des gangsters.

    Un constat cauchemardesque et consternant pour notre truand ; son clan a été donné, la police a été rancardée sur le braquage par un des siens. Un membre de sa "famille"... Merde..

    Le Cramé restera sur le carreau, grièvement blessé, agonisant sur le trottoir. Un petit garçon passera par là avec sa mère, un petit garçon - un Ange ? - qui s’occupera de lui, tant bien que mal, jusqu’à l’arrivée des secours. Était-ce un rêve ? Le Cramé finit en tôle, où il se remettra petit à petit de ses blessures.

    Mais voilà, Gosta Murneau n’est pas le genre de personnage à vouloir s’attarder chez les forces de l’ordre à faire la causette. Suite à une magistrale et spectaculaire évasion du bureau du commissariat - aidé par les siens - Le Cramé retourne parmi eux et leur annonce ses intentions. Il va les quitter pour quelques temps et remplir sa mission qui lui tient à coeur jusqu’au plus profond de ses tripes depuis le fameux casse ; identifier et retrouver le traître. C’est pour lui tout simplement logique, c’est dans l’ordre des choses, furieusement fondamentale ; on ne trahi pas le clan du Cramé...

    Notre homme se refait un visage - travail minutieux d’un chirurgien esthétique - et va prendre un risque considérable mais tout de même calculé et bien préparé ; Gosta Murneau va infiltrer la police criminelle et prendra la place d’un nouveau commissaire qui devait commencer chez eux. Le Cramé devient désormais le commissaire Ange Gabriel - tiens donc... - et est bien décidé à mettre la main sur l’identité de celui qui a balancé les siens.

    Jacques-Olivier Bosco nous bluffe à merveille, sûrement avec une certaine délectation, en usant de ce magnifique subterfuge organisé par Le Cramé. Nous avons l’habitude, évidemment, de voir des flics s’infiltrer dans le milieu du crime organisé, mais introduire un truand dans la hiérarchie de la police judiciaire, c’est carrément bluffant et remarquable ! Et surtout terriblement bien amené... Vous verrez bien.

    Alors que Le Cramé s’obstine à découvrir les dossiers concernant le casse, il aperçoit dans le commissariat la mère de l’enfant, le petit Louis, celui qui s’était affairé à le maintenir en vie lorsqu’il se trouvait à terre, devant la banque. Cette maman, affolée et paniquée, vient annoncer la disparition de son petit garçon. Gosta Murneau, bien qu’occupé à remplir sa mission, va prendre en charge cette maman désespérée et va tout mettre un oeuvre pour retrouver l’enfant. Il en donne sa parole ... de truand.

    C’est là que l’auteur nous réserve une belle surprise qui, pour ma part, m’a franchement épatée. La principale mission de Gosta part légèrement en arrière-plan et la trame du roman prend une toute autre tournure. Alors que le lecteur s’attendait à une "simple" histoire de truands trahis, Jacques-Olivier Bosco nous emmène dans le milieu dégueulasse, malsain et sombre de la pédophilie.

    Le Cramé va mener l’enquête à sa manière, à la manière d’un truand, pour taper lourdement dans la fourmilière. Qu’il ait affaire à des notables, des personnages sensibles, rien à foutre, c’est le résultat qui compte ! Ses "coéquipiers" le suivront avec un peu d’appréhension, car notre commissaire se montrera légèrement... obstiné et plutôt convainquant. Il obtiendra des résultats par la force des choses, ou par la force tout court ! Cette affaire va l’emmener loin, peut-être même au plus profond de lui-même. Oui car le Cramé en fait une affaire personnelle, très personnelle même. Qui est-il vraiment, par quoi est-il passé ? La mort a-t-elle déjà emporté son âme depuis bien longtemps ?

    Petit à petit, l’auteur va lever le voile, juste quelques coins, et faire tomber le solide mur de pierre qui entoure le truand, cet homme qui n’a pourtant peur de rien, qui ne craint rien, même pas la mort. Le Cramé se trimbale visiblement un lourd secret qui le pousse férocement à retrouver ce gosse qui a certainement peur quelque part, seul, un sentiment qu’il semble lui-même pourtant très bien connaître. L’auteur nous dévoilera par petites bribes se qui hante finalement ce personnage qui paraît pourtant invincible et sans peur. La peur...

    "Lino se planta devant son ami, il avait changé d’avis.
     Qu’est ce qu’il y a ? T’as les boules à cause de la fille ? T’as fait ce que t’as pu pour retrouver ce gosse, merde ! Et il y a une bande de salopards qui ne fera plus de mal à personne, non ?
     C’est vrai.
     C’est le petit Louis, c’est ça ?
     Oui... Je sais qu’il a peur. Où qu’il soit, il tremble de terreur, il souffre. Le jour où il m’a sauvé, j’ai vu ses yeux, j’ai tenu sa main, j’ai ressenti ce qu’il ressentait. Et, maintenant encore, en cet instant, je sais ce qu’il ressent.
     Tu sais ? Ou tu ressens ? Le questionna Lino, sérieux.
     Les deux, enfin, je sais.
     Tu parles de ...
     La peur.
    Le Corse le regarda un long moment. Il n’avait jamais vu son ami avoir peur. Comment Le Cramé pouvait-il connaître ce sentiment ? Il le fixa dans les yeux."

    Jacques-Olivier Bosco, par l’enquête de Gosta, nous emmènera également dans les cités malfamées de Paris, lieux totalement contrôlés par les trafiquants d’armes ou de dopes, soit dans des quartiers où même la police ne met plus les pieds. L’auteur nous dépeint brillamment la vie, l’ambiance et l’atmosphère qui règnent dans ce milieu de merde, où les gamins n’ont pas vraiment d’alternative, mise à part celle de suivre la voie de la délinquance. Nous en apprenons beaucoup, l’auteur nous immerge et nous enfouis totalement et sans retenu parmi ces zonards en mal de vie. Ambiance pluvieuse, froide et tendue. Et pourtant...

    Un roman qui défile à 250 km/h, à l’image de la course-poursuite macabre que nous aurons l’occasion de suivre et de vivre dans la périphérie de Paris, un roman qui a pour dénominateurs communs l’honneur, la vengeance, la peur, l’amitié, la mort et surtout la parole ! Oui car Le Cramé va puissamment la mettre à contribution et la respectera jusqu’au bout !

    Jacques-Olivier Bosco nous présente un personnage impeccablement construit, un homme complexe, touchant même, qui porte sur ses épaules de très vieux fardeaux terriblement lourds, fait face à de vieux démons extrêmement accrocheurs.

    Un personnage que je ne risque pas d’oublier, - il y en a quelques uns comme ça -, et celui-là en fait désormais partie. Un homme qui cultive, malgré le fait d’être un truand, un sens profond et absolu du respect et de la parole. Un truand oui, mais a-t-il vraiment choisi cette voie ? Toute la question est là et l’auteur y répondra très clairement. Il y a certaines choses que la mémoire de l’âme n’oublie jamais...

    Ce roman est dur et violent, une vraie claque dans la gueule - aller et retour - mais je vous assure, cela vaut la peine de garder la tête haute et de s’attendre à recevoir encore quelques directs en pleine face.

    La plume de l’auteur fait couler beaucoup d’encre dispersant diverses teintes sur les pages ; telles que le rouge, représentant la couleur du sang, mais aussi le bleu, comme la peur ; sentiment constant et persistant, le noir, le très noir même comme le roman, ou encore le brun, la couleur de la merde, à l’image de certains personnages qui ne méritent pas d’autres qualificatifs. Verrons-nous également quelques nuances de vert, la couleur de l’espoir ? Allez savoir...

    Récit dur, violent, sanglant, parfois intolérable, qui dépasse même l’entendement, - l’auteur ne nous épargne aucun détail - mais qui respecte des valeurs fondamentales telles que les relations humaines et, je crois, du respect de la vie et de la personne, de l’enfant, aspects qui est, je dois dire, vraiment mis à mal.

    Bonne lecture.

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