- Réalisateurs : Yvonne Debeaumarché - Hannu Kontturi
- Distributeur : Arte
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 3 novembre 2023
- Durée : Quatre épisodes de 55 minutes
- Plus d'informations : Lien vers le documentaire
Inscrivez-vous ou connectez-vous pour pouvoir participer au Club !
l'a vu/lu
Veut la voir/lire
Résumé :
Au travers d’archives amateurs rares et des témoignages poignants d’anciens adeptes, cette série documentaire retrace de l’intérieur le parcours controversé d’une communauté d’idéalistes écologistes manipulés par un dangereux chaman, dont le rêve de sauver le monde a viré au cauchemar.
Gaïaland, ce devait être une zone libre où l’on vivrait un amour authentique. Ce fut un enfer pavé de fausses intentions, comme toujours avec les sectes. Le documentaire d’Arte nous fait revivre en quatre épisodes l’itinéraire d’une communauté de néo-hippies, "Ecoovie", d’abord installée en région parisienne au début des années 80. Les membres, convertis au végétalisme, s’y étaient agrégés en un phalanstère New Age, vivant comme des Indiens dans d’immenses tipis, au contact de la nature. Le campement fut bientôt baptisé Marnoisilles (on était à Noisy-le-Grand), la musique, les percussions rythmaient les journées des utopistes qui accomplissaient leur rêve égalitaire. Les témoignages face caméra des anciens adeptes disséminent les expériences en autant de conversions immédiates ou différées, toujours sincères.
Mais le loup guettait dans la bergerie : il s’appelait Norman William, on le surnommerait bientôt Peau Rouge, puis Man ; puis Frère Tiam, à la tête du Centre oecuménique franciscain (sic), puis président du Conseil Mondial des Peuples. Tous ces avatars cachaient une véritable identité : Pierre Maltais.
Le charlatan prétendait descendre des Indiens Micmacs et il préempta le titre de libertaire en chef. Des généalogies abracadabrantesques et des supers pouvoirs auto-proclamés sont le lot des escrocs qui prennent le nom de gourou. Maltais fut l’un d’eux, instrumentalisa le rêve de quelques idéalistes naïfs, leur raconta bientôt des histoires, avant de tracer des plans sur la comète qui le conduirait vers l’an 2000, à la tête d’une communauté de prosélytes. Le chemin emprunté aurait les contours d’un périple de seize ans autour du monde, baptisé "marche du retour".
A défaut de rêver du Grand Soir, la secte lorgna sur le Grand Matin, titre d’un documentaire produit par la communauté, en quête d’une autre vie, loin de la ville et de la société de consommation, usurpant surtout les idéaux post soixante-huitards dans un syncrétisme fumeux d’écologie, de libération individuelle et de dilections panthéistes. Le projet devint embrigadement.
Bientôt indésirables en France, les utopistes migrèrent vers la Belgique, avant de jeter leur dévolu sur deux pays scandinaves, la Suède et la Finlande. Au début des années 90, Maltais avait déjà été condamné et incarcéré et son emprise dénoncée par la presse et plusieurs associations. Mais il reprit ses activités et emmena tout son monde dans un cauchemar glacé, où le désir de croire transmue une aurore boréale en une manifestation spirituelle de la plus haute incarnation. On reste sidéré devant certains témoignages qui, vus du dehors, paraissent trahir la candeur de leurs auteurs et autrices. C’est oublier la force de l’emprise, dont le film ne documente que le versant le plus spectaculaire, délaissant quelque peu les vertus d’un regard analytique.
La tribu et le gourou n’en demeure pas moins une immersion saisissante dans le mécanisme sectaire, prenant le temps de narrer la hideuse transformation d’un rêve humaniste en expérience infernale.
Voir en ligne : Lien vers le documentaire
Disponible sur le site arte.tv, du 03/11/2023 au 08/01/2024