- Réalisateur : Claude Chabrol
- Acteurs : Michel Bouquet, Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel, Jean Carmet, Annie Cordy, Jean-Claude Drouot
- Distributeur : Gaumont
- Genre : Thriller, Drame
- Nationalité : Français, Belge, Italien
- Date de sortie : 26 août 1970
- Durée : 2h00min
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Résumé :
Charles Régnier, père de famille toxicomane, blesse son jeune fils dans un accès de rage. Sa femme Hélène prend peur et le quitte. Désireux de récupérer, le père de Charles tente de récupérer son petit-fils...
Pas le temps de réfléchir : la première scène nous prend à la gorge par sa violence et en même temps une manière assez brechtienne de la mettre en images, privilégiant une forme de distanciation narquoise, comme pour signifier que les protagonistes demeureront ce qu’ils sont : des pantins manipulables, au gré d’une volonté romanesque. Mais il y a tout de même une unité, des intentions et un personnage de femme inflexible qui échoit à Stéphane Audran, alors compagne du réalisateur. Résolue à sauver son enfant, Hélène, économiquement fragilisée par une situation professionnelle instable, se heurte à des opposants d’une redoutable brutalité : son beau-père autoritaire et glacial qu’incarne excellemment Michel Bouquet, le mari, un écrivain sous l’emprise de la drogue, qu’animent des pulsions brutales, la patronne de la pension de famille où loge la jeune femme, durant l’hospitalisation de son fils, un avocat stratégique aux desseins malhonnêtes, ou encore un escroc vénal, prêt à se mettre au service d’un bourgeois vindicatif.
Le récit se déroule dans une ambiance blafarde, aux couleurs froides, qui prolonge le malaise induit par un monde totalement déréglé, d’une grande laideur morale. Les ressorts les plus infâmes des personnages entremêlent le mensonge, la domination masculine, les faux-semblants qui prennent les oripeaux de l’hypocrisie la plus éhontée, mais aussi le mépris de classe dont on peut dire qu’il est un fil conducteur dans la filmographie de son auteur. Certaines plastronneurs ont une forme d’exubérance qui renvoie au cinéma de Jean-Pierre Mocky et introduisent des ruptures de ton volontaires, destinées à renforcer la perplexité du spectateur (on pense en particulier au comédien à cape Gerard Mostelle, interprété par Mario David)..
Progressivement, le long métrage se concentre sur la relation entre Paul Thomas et Hélène Régnier : le premier est dévolu à sa mission lucrative (détruire une réputation), la seconde ignore dans un premier temps les subterfuges de son interlocuteur et lui fait confiance. Au fur et à mesure que le récit avance, les événements prennent un tour de plus en plus malsain et labyrinthique...
On conseillera sans modération ce Chabrol méconnu, peut-être l’un des plus pessimistes de son auteur, servi par une brochette d’excellents comédiens (Cassel, Duchaussoy, Bouquet, Audran).