- Auteur : Romain Slocombe
- Editeur : Robert Laffont
- Date de sortie : 22 août 2019
- ISBN : 2221218868
- EAN : 978-2221218860
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Résumé :
Du 10 juin 1940, quand le gouvernement s’enfuit de Paris, au 17, où Pétain annonce la demande d’armistice, huit jours qui ont défait la France.
"Le niveau d’essence dans le réservoir baissait dangereusement. Mme Perret se plaignait en permanence, se disputait avec Bernard qui voulait lui prendre la carte. À l’horizon en face de la colonne montaient de grandes lueurs orangées : un bombardement ? des dépôts de carburant en flammes ? Exténuée, sentant le mal au coeur revenir, gênée dans ses vêtements moites de transpiration, sa combinaison trop serrée, Jacqueline a fini par s’endormir, la tête sur l’épaule de la domestique et le chien sur ses genoux, bercée par les grincements d’essieux, les hennissements et le claquement des sabots, et un choeur de filles qui, quelque part derrière, chantaient du Tino Rossi... "
Jetés sur les routes de l’exode, une famille de grands bourgeois, un soldat, un avocat fasciste, une femme seule et beaucoup d’autres, dans une vaste chasse à courre à l’échelle d’un pays où nul ne sait encore qui sonnera l’hallali.
SIGPRO2022 27 décembre 2021
La Débacle - Romain Slocombe
La débâcle de Romain Slocombe
De Romain Slocombe, je connaissais Monsieur le Commandant, première station avant l’abattoir et les Léon Sadorski, lorsqu’à la bibliothèque de mon village est arrivé La débâcle de Romain Slocombe.
En 7 jours du 10 juin au 17 juin 1940, la France, voit le gouvernement fuir la Capitale, Pétain capituler « Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur » sur les routes des milliers de personnes condamnées pour beaucoup à une mort atroce. Romain Slocombe, nous entraînent dans cette fuite en avant des familles vivant à Paris et partant loin en campagne en raison de l’avance des Allemands en territoire Français. Juin 1940, c’est la débâcle, terme particulièrement bien choisi. Les livres d’histoire relatant ces événements rappellent que : « l’Allemagne en mai 1940, lance une grande offensive contre la Belgique, la Hollande et la France. L’armée française en quelques jours est en déroute. » C’est l’exode, la pagaille et les populations fuient l ’avancée Allemande.
A la lecture de ce livre, nous sommes au cœur de cette débâcle au milieu des civils jetés sur les routes encombrées. Sous la violence des attaques aériennes des Stukas, des bombardements, des colonnes militaires qui se replient sous l’injonction d’ordres de soumission. Avec une plume toujours acérée Romain Slocombe, fait revivre des destins individuels ou la peur, la résignation, l’espoir et la collaboration se conjuguent. Nous suivons particulièrement la famille Perret. Paul avocat bien placé dans les instances gouvernementales, Marie-Louise son épouse, qui a bord de son automobile, une magnifique Studebaker, part rejoindre les membres de leur famille à quelques heures de Paris en ayant entassé dans leur véhicule, objets personnels, bijouterie, argenterie, victuailles, le chien, et leur bonne et posé sur le toit de cette magnifique Studebaker un matelas. Sur la route les péripéties ne vont pas manquer avec la crainte de tomber en panne de carburant, les voitures arrêtées, celle qui sont stationnées sur les bords des routes les charrettes à chevaux, les brouettes, les vélos, et toutes ces personnes hommes âgés femmes et enfants marchant droit devant. C’est alors qu’au cours de ce roman les destins vont être intimement liés. Alors que la mort vrombi dans le ciel, la mitraille et les bombes sèment la mort au sol et dévaste les corps meurtris par les explosions. Les descriptions de Romain Slocombe, démontre une étude attentive des différents documents consultés notamment en terme de traumatologie de guerre. Dans cette débâcle, Jacqueline Perret qui vient d’avoir 14 ans, mais qui en paraît 16 ouvre alors ses yeux jusque-là innocents sur un autre monde peuplé de violences, d’émotions et de relations fugitives. Lucien soldat déserteur se lance à la recherche de sa fiancée Hortense, qui elle même court à la recherche de Lucien évacué par en train militaire ayant été blessé. Chemin faisant nous rencontrerons des Français, qui profitant de la débâcle s’enrichissent en vendant, une bouteille d’eau, un fauteuil pour dormir, ou à prix d’or quelques litres d’essence soutiré dans les véhicules abandonnés par les soldats. Ces soldats, sans chef, sans ordre, partent eux aussi droit devant eux dans l’espoir de se regrouper et être en mesure de mener une contre offensive. Les blessés graves militaires dans les ambulances sont laissés sans soin, et ceux qui meurent enterrer à la va-vite sur le bord des chemins.
Les détails et les les lieux sont si criants de vérité et crédibles que l’on aurait presque l’intention d’abandonner ce romain pour ce plonger dans la liste d’ ouvrages et de documents consultés par Romain Slocombe, pas moins de 7 pages de référence. L’idée de rechercher les lieux ou se sont passés les événements décrits, comme par exemple le massacre des soldats Sénégalais et d’Afrique du Nord par des soldats de la Werhrmacht drogué à la pervitine, puissante méthamphétamine. Un conseil n’en faite rien ! C’est à la fin de ce livre que j’ai pris connaissance de la notre de Romain Scolombe, en début de cet ouvrage. « Ce roman comme le mot le signifie est une œuvre d’invention et ses protagonistes principaux sont imaginaires. En revanche les événements militaires, politiques qu’il relate sont réels parfois dans le plus petit détail. Les noms, grades des officiers , numéros d’unités, mouvements de troupes durant la bataille de France, lieux et date des bombardements, conditions météorologiques sont vrais. Par contre, les noms des villages ou de l’hôtel sont du domaine de la fiction. Quant aux massacres et exécutions sommaires de tirailleurs africains par l’armée allemande ils ont bien eu lieu mais sur d’autres communes que celles-citées.
La débâcle de Romain Slocombe est un livre fort que je vous recommande vivement. Vous le lirez comme moi, en état d’urgence en étant au cœur de tous ces moments décrits avec beaucoup de réalisme. Bien à vous !
valmyvoyou lit 3 janvier 2020
La Débacle - Romain Slocombe
Le 10 juin 1940, circule la rumeur que Paris a été déclarée ville ouverte et que le gouvernement s’est enfui à Bordeaux. Ces informations créent la panique et de nombreuses familles décident de partir pour traverser la Loire. Les voitures, avec matelas sur le toit, les vélos et les piétons s’agglutinent vers les sorties de la ville.
Une famille de bourgeois, les Perret, a rejoint l’exode. Dans l’automobile de luxe, se trouvent les parents, la bonne, le fils, le chien et Jacqui, une adolescente de quatorze ans, qui en recherche d’émotions nouvelles, va ouvrir les yeux sur un monde de violence. Dans ce roman choral, ils croisent un soldat déserteur, un avocat aux idées fascistes qui a pris la route avec son épouse, une jeune femme qui tente sa chance par le train. Ce sont ces voix qui racontent les huit jours qui ont précédé le discours bref de Pétain, annonçant la demande d’armistice, le 17 juin 1940.
Romain Slocombe, comme le prouve la liste de ses sources, s’est énormément documenté pour écrire cette formidable fresque romanesque sur des jours très sombres de notre histoire. Bien que ce qui concerne les personnages principaux soit de la fiction, leur destin est croisé avec des faits réels. L’auteur a respecté les événements historiques, jusque dans les détails, tels que les conditions météorologiques. Et ce qu’il relate est effarant.
Il décrit la réalité des combats et les conditions de survie et de lutte des soldats français. La demande d’armistice a été préparée en amont : les forces sur le terrain n’étaient pas ravitaillées, le matériel obsolète, les ordres de repli étaient mêlés à ceux de mourir au combat et la stratégie défensive semblait être la défaite volontaire. Dans certains milieux, on avait connaissance de la trahison à venir de Pétain et on s’en réjouissait.
Pendant La débâcle, les civils tentent de se mettre à l’abri, avant que les ponts soient coupés. Les bombardements sont multiples et meurtriers. Les vivres se font rares, l’essence manque, chacun essaie d’avancer et de sauver sa vie. Dans ce roman, l’auteur montre les comportements humains, parfois héroïques et parfois lâches. L’horreur côtoie l’humanité et l’individualisme, le dévouement.
Conclusion
J’ai eu un énorme coup de cœur pour ce livre. Il était impossible de connaître l’issue de l’exode des personnages imaginaires, aussi j’ai dévoré La débâcle. J’ai été également passionnée par les événements historiques, d’une précision rare, et racontés avec un souffle romanesque époustouflant. Je m’interroge sur le fait qu’à l’école, on ne m’ait pas enseigné l’origine du dépôt d’armes aux pieds des Allemands. C’est un livre noir comme l’a été cette période pour nos ancêtres et un roman nécessaire pour comprendre l’origine de l’Occupation et la tragédie de l’exode de juin 1940. Tous les milieux sociaux étaient concernés comme le montre l’auteur.