- Auteur : Sacha Perrine
Avec Entrendre nos fantômes, Sacha Perrine livre un premier roman, un polar, formidable. On a voulu en savoir plus sur ce nouvel auteur...
Bepolar : C’est votre premier roman. Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture et au polar en particulier ?
Sacha Perrine : Je dirai mon travail de psychanalyste. Ca m’arrive souvent de travailler avec mes patients en parlant d’un polar et de partager avec eux cette passion. Donc ça m’a paru naturel de commencer par là. Et puis même sans publier j’écris depuis très longtemps, c’est en moi. Enfin il y a une phrase de Simenon (j’adore Maigret !) qui me parle beaucoup : « Maigret ne résoud pas les crimes, il résoud les gens ». Je trouve cette phrase d’une puissance… L’écriture, et le polar, servent à ça pour moi, résoudre les gens. Peut– être les lecteurs que le livre va porter, aider, d’une manière ou d’une autre et puis aussi l’auteur. Écrire c’est une structure. On découvre en écrivant, avec nos personnages des choses qu’on ne pensait pas connaitre de soi. C’est une expérience dingue.
Bepolar : Comment est né ce premier roman ? Qu’aviez-vous envie de faire ?
Sacha Perrine :Il est né « par hasard » d’une discussion avec mon éditrice à une terrasse de café. On a commencé à parler ensemble d’une psychiatre qui aiderait la police à résoudre des enquêtes… Quelques semaines plus tard je partais passer l’été dans une maison de famille d’Uzès, un soir j’ai vu des chauves– sourir sortir de la cave… J’ai pris des verres sur la terrasse qui domine Uzès… Et puis l’inconscient a fait le reste, je me suis à écrire et Vick est née…
Bepolar : Le sous-titre est le suivant : Une enquête du Dr Vick Vickensen. Qui est cette Dr Vick Vickensen ?
Sacha Perrine :Une psychiatre d’une quarantaine d’année qui exerce dans un vieux château à Uzès. Elle est très renommée, spécialisée dans la psychogénéalogie mais c’est aussi une maman qui élève seule ou presque une adolescente et un bébé… Et puis un jour son le père du bébé la quitte et un de ses patients est assassiné… Tout commence.
Bepolar : Elle est psychiatre, autrice de best seller. Vous êtes psychothérapeute et psychanalyste. Qu’a-t’elle de vous ?
Sacha Perrine :Peut– être le côté « les cordonniers sont les plus mal chaussés »… On a beau être psy dans le boulot on peut faire des grosses conneries et se planter royalement dans nos vies persos. Et en même temps c’est beau parce c’est ça un être humain, même psy, c’est quelqu’un qui se plante, qui doute, qui est fragile, en travaux et à tout âge… Il y a de ça chez Vick. Derrière la facade rutilante, c’est beaucoup moins facile qu’on ne l’imagine.
Bepolar : On est à Uzès en 1986. Pourquoi avoir choisi ce lieu et cette période ?
Sacha Perrine :Parce que c’est la date de naissance de quelqu’un qui compte pour moi et que j’avais envie de créer un univers dans lequel il n’y aurait ni réseaux sociaux, ni téléphone portable. Ca m’amusait de travailler sur une enquête où tout ça n’existait pas. c’était aussi pour des raisons narratives que je ne peux dévoiler pour ceux qui n’ont pas encore lu le livre J Ah et aussi parce que je voulais pouvoir proposer une playlist année 80 !!!! Elle est dans le livre avec un QR code, je dis ça pour vos fêtes. ;)
Bepolar : Entre l’enquête, les assassinats, les relations entre le capitaine Dick Burgaud et le Dr Vick Vickensen, votre roman est mené tambour battant. Certaines critiques disent qu’ils en sont ressortis essouflés. C’est que vous aviez envie pour les lecteurs et lectrices ?
Sacha Perrine :Je comprends qu’on puisse ressentir ça et que ça puisse ne pas plaire à tout le monde. Mais je crois qu’on écrit aussi en fonction de ce qu’on aime lire et moi ce que j’aime c’est qu’un livre me bouleverse, me retourne, me fasse réfléchir en particulier quand c’est un polar donc oui c’était l’effet que je cherchais à créer.
J’ai travaillé jour et nuit pour le construire et je vous assure que ça n’est pas un cliché
Bepolar : Comment avez-vous construit votre roman ? Il vient tout juste de sortir, comment vivez-vous cette période ?
Sacha Perrine :J’ai travaillé jour et nuit pour le construire et je vous assure que ça n’est pas un cliché. Que ce soit sur l’histoire, les rebondissements, la psychologie des perso, les dialogues, l’époque des années 80 et aussi des époques antérieures (mais là encore je ne veux pas spoiler) ! Avant d’écrire j’ai réalisé un énorme travail de préparation et essayé d’élaborer un plan le plus précis possible. J’ai aussi beaucoup beaucoup lu et relu Freud (en particulier l’ « interprétation des rêves ») et les ouvrages de ses acolytes Jung and co ainsi que les livres des spécialistes de la psychogénéalogie et des livres d’histoire… Ca été un travail d’orfèvre de créer toute cette histoire et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas plus exigeant et plus difficile en terme de construction, contrairement à ce qu’on entend parfois, que le polar. Maintenant qu’il est entre les mains des lecteurs je suis à la fois heureux car j’ai des retours très sympas et triste que ce soit fini. Il m’arrive encore de me surprendre à réécrire une scène… alors que je le livre est en librairie ! Comme quoi Vick et ses fantômes m’habitent…
Bepolar : Est-ce que vous travaillez désormais sur d’autres projets ?
Sacha Perrine :Oui, j’écris un autre livre qui sortira en 2024, un polar aussi mais inspiré d’un fait réel. Et puis si les lecteurs aiment autant Vick Vickensen que moi alors je voudrai écrire la suite de ses aventures ! On verra, c’est toujours le lecteur qui décide in fine. Bon, et l’éditeur.
Bepolar : Qu’est-ce qui fait selon vous un bon polar ?
Sacha Perrine :Je suis tout jeune dans l’exercice alors je ne sais pas si je suis très compétent pour vous répondre. Mais d’un point de vue perso je dirai qu’un bon polar c’est un livre qu’on ne lâche pas et qu’on a envie de relire plusieurs fois car on a toujours pas tout saisi !