Bepolar : Tout d’abord comment est né ce premier roman et qu’est-ce qui vous a donné envie de l’écrire à quatre mains ?
Valérie Péronnet  : j’ai interviewé Marie-Laure pour un journal pour lequel je travaillais. Son parcours m’a passionnée, et je me suis dit que ça ferait un bon livre. J’ai lancé l’idée et on a commencé à y réfléchir ensemble
Marie-Laure Brunel-Dupin : Je me suis reconnue dans cette interview, j’ai aimé la manière dont Valérie tricotait les mots. De cette rencontre est née notre amitié. Quand Valérie m’a proposé qu’on raconte tout ce qu’elle n’avait pas mis dans l’article, j’ai dit oui. J’avais tant d’aventures à partager !

Bepolar : Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Valérie Péronnet  : c’est une co-construction, du début à la fin. On fait une première grosse session de travail durant laquelle j’interviewe Marie-Laure, qui me raconte ses enquêtes et son boulot. On choisit ensemble une enquête résolue et jugée, sur laquelle on s’appuie pour construire notre enquête centrale de manière à ce qu’elle soit réaliste, mais suffisamment transformée pour que les protagonistes – et surtout les victimes et leurs familles – ne se reconnaissent pas. Après, je construis le récit, j’écris, et j’envoie les chapitres à Marie-Laure au fur et à mesure pour qu’on en discute ensemble.
Marie-Laure Brunel-Dupin : C’est très important pour moi que les affaires soient réalistes mais non reconnaissables. Quand Valérie m’envoie un chapitre, je lui enregistre mes commentaires pour que ce soit plus riche d’informations ou d’émotions parfois.

Bepolar : On y suit une jeune profileuse, Mina, 25 ans, qui est plutôt déterminée. Qui est-elle ? Comment est-ce que vous la présenteriez ?
Marie-Laure Brunel-Dupin : Mina est une femme déterminée, motivée et audacieuse. Sa détermination est à toute épreuve. Elle ne connait pas la gendarmerie mais en quelques mois, elle va en faire sa deuxième famille. Elle est un peu allumée mais c’est ce qui la rend touchante. Elle n’est pas moi et je ne suis pas elle mais nous avons plein de points communs.
Valérie Péronnet  : ce que j’aime chez Mina, c’est cette détermination. Et l’énergie avec laquelle elle avance dans un monde qu’elle a choisie mais qui ne l’attendait pas, pour imposer ses valeurs et ses compétences avec obstination et courage. J’y ai vu aussi un parcours de femme du 21e siècle, à qui nos prédécesseuses ont ouvert des portes, mais qui va devoir, elle aussi, en ouvrir pas mal d’autres pour faire avancer l’égalité femme/homme. Et surtout l’équité et la justesse…

Bepolar : Marie-Laure Brunel-Dupin, c’est un peu votre histoire, mais aussi une fiction. Comment avez-vous travaillé à partir de votre passé mais pour en faire un récit imaginaire ?
Marie-Laure Brunel-Dupin : Mi réalité, mi fiction. Ce roman raconte une partie des débuts de ma carrière. C’est une source d’inspiration inépuisable ! C’est une question d’équilibre.
Valérie Péronnet  : je suis romancière. C’est la force de la littérature de pouvoir tricoter un récit qui soit à la fois hyper réaliste – nous y tenons toutes les deux – et délicieusement fantaisiste.

Bepolar : Vous revenez 20 ans en arrière, en 2002. Est-ce que cela a été facile de revenir deux décennies plus tôt ? J’imagine qu’il a fallu transiger avec des choses du quotidien qui n’existent plus, et d’autres qui n’existaient pas...
Marie-Laure Brunel-Dupin : On n’a pas voulu transiger. C’est ainsi en 2002, avec les avantages et les inconvénients. On a parfois de drôles de conversations avec Valérie en se demandant si c’était déjà comme ça ; on cherche et on vérifie à chaque fois qu’on a un doute.
Valérie Péronnet  : je suis journaliste de formation, j’ai veillé avec beaucoup d’attention à ce que tous les éléments concordent avec la réalité (de l’époque), comme je fais pour tous mes articles. Et ça m’a intéressée, de repartir 20 ans en arrière, et de mesurer à quel point notre société et nos pratiques ont évolué !

Bepolar : Est-ce que vous avez envisagé d’autres collaborations ? Quels sont vos projets ?
Valérie Péronnet  : maintenant que « ça a commencé », il faut que ça continue ! Le projet, c’est de raconter la carrière de Mina Lacan, de ses débuts – c’est l’objet de ce premier tome –à sa dernière enquête. On ne va pas raconter tous ses dossiers, mais on va la voir évoluer à des moments clés de sa vie professionnelle et personnelle.
Marie-Laure Brunel-Dupin : La vie personnelle de Mina est une pure fiction sortie tout droit de l’imagination de Valérie et elle n’a pas de limite. On va suivre cette évolution de carrière, sa montée en capacité et ses expériences ; il y a encore tant à raconter !