- Réalisateur : Lucy Blakstad
- Distributeur : Netflix
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américaine
- Date de sortie : 26 octobre 2022
- Durée : 1h35min
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Résumé :
Comment, après avoir été l’un des PDG les plus respectés de l’industrie automobile, se retrouve-t-on incarcéré au Japon ? Comment s’évade-t-on dans une malle pour devenir un fugitif visé par un mandat d’arrêt international ? Réussite, orgueil, argent, paranoïa, le documentaire revient sur l’ascension et la chute de Carlos Ghosn, racontées par les acteurs au cœur de cette folle histoire.
Sur Carlos Ghosn, il convient de rafraîchir les mémoires pour que l’opinion publique n’en reste pas à l’évasion rocambolesque d’un homme déchu, ou, tout au moins, qu’elle n’ignore pas les causes qui ont abouti à une situation insolite : l’évasion d’un PDG dissimulé dans une malle.
Car, avant de devenir un prisonnier particulièrement mobile, Ghosn a d’abord été une sorte de tycoon industriel qui a réussi à redresser l’entreprise Renault, à la fin des années 1990, au prix de quelques licenciements en forme de coupes franches sur des lignes budgétaires. Devenu numéro un à la place de Louis Schweitzer, le cost-killer inflexible au regard ombrageux cède alors à une forme d’hubris, manifeste sa volonté de cumuler une double direction, après l’alliance Renault-Nissan.
Dès lors, la chute est programmée : le patron hors-sol est d’abord un homme qui voyage beaucoup, s’octroie un salaire tellement conséquent que l’on commence à jaser, vit avec un entourage de collaborateurs totalement dévoués à sa cause, et, comme tous les dirigeants rattrapés par le goût du pouvoir, développe une forme de paranoïa contre de potentielles trahisons. En 2010, trois salariés sont ainsi soupçonnés à tort d’espionnage industriel. La réputation du PDG de Renault-Nissan est sérieusement écornée. Mais cela n’empêche pas le même d’organiser, quelques années plus tard, une réception fastueuse au château de Versailles, coïncidant avec son soixantième anniversaire. L’événement lui sera beaucoup reproché, comme l’affaire des suicides au Technocentre de Renault, en 2013, qui avait suscité des soupçons sur un management agressif.
En 2017, la justice japonaise ordonne l’arrestation de Ghosn pour dissimulation de revenus dans les publications financières de Nissan. Un témoignage évoque des millions d’euros détournés. La suite est connue, qu’on attend depuis le début comme un événement à haute dimension fictionnelle, quelque part entre L’évadé d’Alcatraz et Papillon.
Mais il serait injuste de réduire ce documentaire sérieux à cette seule fin, puisque le film reprend, à partir d’une chronologie classique, l’itinéraire d’un homme dont la disgrâce alimente encore bien des supputations. On en apprend aussi beaucoup sur le fonctionnement du système judicaire japonais. Ses failles demeurent l’un des éléments de défense du célèbre fugitif, aujourd’hui installé au Liban, qui clame toujours son innocence. Il n’empêche : Carlos Ghosn est l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la France, et par une notice rouge d’Interpol à la demande du Japon. Ces deux procédures ont toutefois très peu de chances d’aboutir.