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L’autre bout du fil - Andrea Camilleri

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Résumé :

A Vigàta, tandis que l’arrivée chaque nuit de barques contenant des migrants rescapés de naufrages bouleverse la vie du commissariat, Livia, l’éternelle fiancée gênoise de Montalbano le contraint à affronter une autre épreuve : il doit se faire faire un costume sur mesure. A cette occasion, le commissaire rencontre la très belle et aimable Elena et son assistante tunisienne Meriam. Tandis que la crise migratoire s’aggrave sur les côtes siciliennes, avec son lot de racisme et de violences, Elena est assassinée à coups de ciseaux de tailleur, les suspects du meurtre ont apparemment des alibis, et un coupon de tissu d’une exceptionnelle qualité recèle peut-être des révélations sur le passé de la défunte couturière...
Assisté par l’inénarrable Catarella, tombé amoureux d’un chat qui ne le lui rend guère, d’un Augello que son donjuanisme aveugle et d’un Fazio ombrageux, le commissaire Montalbano progresse vers la vérité grâce à son art du mensonge, et sans jamais oublier d’honorer son culte biquotidien à la gastronomie sicilienne...

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  • Sylvie Geoffrion 8 mars 2023
    L’autre bout du fil - Andrea Camilleri

    Grâce au merveilleux talent de Serge Quadruppani qui sait si bien nous rendre toujours aussi pétillante et fleurie la langue de Camilleri, c’est toujours un plaisir que de se retrouver en Sicile. Encore une fois, Salvo Montalbano est adroit, sympathique, bienveillant et amène. Sa brigade et lui, sont demandés toutes les nuits, pour accueillir les bateaux de migrants arrivant sur les côtes de la Sicile. Camilleri nous fait le portrait, heureusement, de gens charitables, aidants et aimants pour soutenir les policiers et les organismes prenant en charge les nouveaux arrivants.
    En plus d’être bouleversés par ces drames humains qu’ils ne peuvent résoudre, les hommes de Montalbano sont épuisés. Le travail de jour et de nuit est éreintant et minant.
    Cerise sur le gâteau, Livia, la fiancée de Montalbano, lui demande d’aller se faire faire un costume chez une couturière de ses amies pour le renouvellement des voeux d’un couple d’amis. On comprend que Montalbano ira de reculons chez le tailleur et trouvera presque ridicule parler de nouveau de cet engagement marital. Mais bon...
    La couturière chez qui il ira pour son costume est assassinée à coup de ciseaux de tailleur. Voilà que l’enquête démarre. Qui était véritablement cette femme qu’il vient tout juste de renconter ? Que connaît-on de son passé ? Montalbano devra remonter bien des pistes présentes et passé afin de résoudre cet assassinat.
    Le plaisir de retrouver Montalbano réside non pas nécessairement dans les enquêtes mais dans tout ce qui est autour de l’enquête. Ses collègues, le délicieux Catarella, le fidèle Fazio, l’anxieux Mimi. La gourmandise de Montalbano qui nous fait également saliver à toutes les pages. La mer si présente, apaisante, importante.
    C’est encore une fois un grand cru que ce titre de Camilleri. Partir avec un sujet lourd et humainement désolant qu’est le sort des migrants et nous amener sur un ton plus léger à retrouver les habitudes du commissaire et les habitudes parfois drôlatiques de sa gestion de brigade et de ses relations avec celle-ci pour résoudre un meurtre, c’est tout simplement réjouissant.
    Malgré la tristesse de certains propos, malgré le fait qu’il est parfois difficile de garder l’esprit ouvert, c’est toujours jubilatoire de se retrouver à Vigata avec cet atypique Montalbano.

  • Sharon 12 décembre 2022
    L’autre bout du fil - Andrea Camilleri

    Comment faire aussi bien, en écrivant mon avis, que ce qu’Andrea Camilleri a écrit ? Comment partager autant d’émotions et de tension ? Partant du constat que c’est impossible, je commencerai par partager cette citation :

    Les coins de la bouche de Catarella se mirent à trembler comme s’il était sur le point de pleurer :
    – Il se passa que cette nuit quand il y eut le débarquement de ces réfugiés…
    Montalbano l’interrompit :
    – Ne les appelle pas des réfugiés, Catarè, mais des migrants. Les réfugiés, c’étaient ceux qui pendant la dernière guerre fuyaient leur pays à cause des bombardements.
    – Excusez-moi, dottori, mais ceux-là, ils n’ont pas fui les bombes de la même manière ?
    Montalbano ne sur pas quoi répondre. La logique de Catarella était parfaite.

    Sicile, de nos jours. Toutes les nuits, le commissaire Montalbano et ses hommes sont sollicités parce que des migrants sont annoncés sur les plages. Il faut les secourir, les accueillir, les orienter aussi. Enquêter, parfois aussi, entre un supérieur qui voient dans ces hommes des terroristes en puissance, et des passeurs sans aucun respect pour la vie humaine. Toutes les nuits, ils attendent de savoir combien de migrants parviendront jusqu’à leurs côtes, dans quel état ils seront, quels soins ils nécessiteront. Toutes les nuits, à moins qu’ils n’accostent ailleurs, plus loin. Et le jour ? Le jour, le commissariat doit tourner, quand même. Les crimes ne s’arrêtent pas parce que la survie d’autres êtres humains dépend du temps, de l’énergie, de la vigilance que les policiers pourront leur accorder. Les moyens humains manquent, cruellement, et s’il n’est pas question de resquiller, l’épuisement se fait sentir. Heureusement qu’il existe des hommes et des femmes de bonne volonté pour aider, comme le docteur Osman ou Meriam, couturière assistante, mais aussi des êtres si sensibles, comme Catarella, pour qui se confronter à une telle misère, un tel désespoir, est un crève-cœur.

    Alors l’on en oublierait presque que L’autre bout du fil est un roman policier, même si Montalbano mène des enquêtes auprès des réfugiés. La couturière qui confectionnait son costume sur-mesure est assassinée. Qui pouvait avoir envie de tuer cette femme que tout le monde appréciait ? Montalbano, qui ne la connaissait que depuis peu et avait appris à l’apprécier, n’a pas l’intention de laisser ce crime impuni. Il remonte toutes les pistes, sans verser dans les clichés auquel certains sont si prompts de céder. Les apparences, toujours les apparences. Andrea Camilleri nous rappelle à quel point il est nécessaire d’aller toujours plus loin qu’elles.

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