- Réalisateur : Patrick Brice
- Acteurs : Sydney Park, Sarah Dugdale, Kayla Heller
- Distributeur : Netflix
- Auteurs : Henry Gayden, Stephanie Perkins
Ce film revival, en forme d’hommage aux slashers des années 90, constitue un divertissement très recommandable, même s’il n’a pas la consistance métaphysique des œuvres de John Carpenter.
On se croirait revenus dans les années 90 quand, à la suite du légendaire Scream, se sont enchaînés les slashers paranoïaques pour teenagers, variantes joueuses du non moins ludique Cluedo.
Ici, le fameux "whodunit" cher au roman d’énigme constitue la trame de cette histoire où s’investissent aussi des thématiques sociétales, puisque l’ange exterminateur, qui se paie littéralement la tête de ses victimes, s’en prend aux parangons lycéens d’une Amérique réactionnaire.
A l’aune des événements mis en scène, dès la séquence initiale très immersive, chacun pourra investir les éléments symboliques d’une lecture politique, disséminées à travers les secrets que cachent les protagonistes, comme l’inconscient collectif d’une nation rattrapée par ses démons racistes et ses pensées complotistes, notamment remises au goût du jour par le mouvement QAnon ou le trumpisme.
Mais on peut aussi se divertir au premier degré en observant les multiples allusions aux slashers historiques (Halloween, notamment), tout en regrettant que les personnages soient évoqués à gros traits et que certaines scènes inutiles fassent basculer l’histoire dans l’orthodoxie du banal teen movie, où le sentimentalisme guette. On aurait aimé un film plus sec, moins désireux de justifier une forme de causalité des événements, ce qui l’éloigne considérablement du style d’un John Carpenter.
Il n’empêche : Killer Game se hisse des coudées au-dessus du tout-venant des thrillers horrifiques produits par Netflix, avec un tueur masqué dans la tradition des croquemitaines les plus froidement motivés et une atmosphère angoissante, qui rappelle, par sa dimension crépusculaire et narquoise, le mémorable The Faculty, tout en lorgnant aussi vers Souviens-toi l’été dernier à qui le scénario emprunte son argument. L’incertitude plane avec la consistance d’une fatalité, le divertissement, très recommandable, parvient à accrocher l’intérêt jusqu’à son dénouement.