- Réalisateur : Alberto Cavalcanti
- Acteurs : Trevor Howard, Griffith Jones, Sally Gray
- Distributeur : Solaris Distribution
- Genre : Thriller
- Nationalité : Britannique
- Date de sortie : 10 septembre 1948
- Durée : 1H40
- Date de reprise : 13 septembre 2023
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Résumé :
Un superbe film noir qui s’inscrit dans la tradition du genre tout en étant typique du cinéma anglais.
Londres, 1947, le rationnement profite aux trafics en tous genres.
Clem Morgan (Trevor Howard), ex-pilote de la Royal Air Force, s’associe à des trafiquants du marché noir. Mais la conscience morale de Morgan déplaît à Narcy (Griffith Jones), le meneur des malfrats qui cachent la marchandise dans des cercueils. Trahi par la bande, Morgan se retrouve en prison d’où il s évade pour prendre sa revanche.
rosalie210 23 septembre 2023
Je suis un fugitif - Alberto Cavalcanti
Malgré les apparences, il n’y a pas plus cosmopolite que "Je suis un fugitif" : film noir britannique réalisé par le franco-brésilien Alberto CAVALCANTI et produit par La Warner dans l’après-guerre. Cependant, si les codes du film sont américains, l’identité qui ressort le plus est britannique avec une brutalité, un pessimisme et un humour noir typiquement british. "Je suis un fugitif" est ainsi un exemple de "spiv film", genre de l’après-guerre désignant les malfrats de petite envergure ("spiv" dans le langage argotique anglais) régnant sur des bas-fonds creusés par la misère, les privations et le rationnement. Venu du documentaire, Alberto CAVALCANTI peut ainsi affûter son sens de l’observation de la réalité sociale sordide régnant dans les grandes villes britanniques au sortir de la guerre. Les décors eux-mêmes rappellent fortement les bas-fonds du Londres de Charles Dickens tandis que les deux acteurs principaux incarnent des personnages qui font penser pour Narcy (abréviation de Narcisse) joué par Griffith JONES à Dorian Gray et pour Morgan à un prolongement du rôle joué par Trevor HOWARD dans "Brève rencontre" (1945) de David LEAN. Le parallèle que je fais entre Narcy et Dorian Gray est lié à son apparence quelque peu dandy, à la façade de respectabilité qu’il recherche en recrutant Morgan et au plan déformant son visage dans le miroir où il apparaît pour ce qu’il est, un psychopathe particulièrement sadique envers les femmes. Morgan est quant à lui un vétéran de guerre alcoolique qui pour tromper son désoeuvrement fait l’erreur de s’acoquiner avec la bande de Narcy, laquelle, comme Lime et ses comparses dans "Le Troisième homme" (1948) (film contemporain de celui de Alberto CAVALCANTI) se livrent à toutes sortes de trafics. Autre point commun avec le film de Carol REED, l’expressionnisme avec une superbe lumière de Otto HELLER. Car Narcy, figure profondément malfaisante jusqu’à son dernier souffle de vie (comme Lotso dans le final mémorable de "Toy Story 3") (2010) règne sur un monde gangrené d’où il s’avère impossible de s’échapper. La violence et la désespérance sont omniprésentes, on n’est pas prêt d’oublier la scène où Morgan en cavale se réfugie chez une femme qui veut l’utiliser pour abattre son mari. Morgan lui-même est un desperado qui sait que la rédemption est hors de sa portée (les symboles sont nombreux jusqu’à la bagarre spectaculaire et hitchcockienne sur un toit surmonté des lettres "RIP") lancé dans une course contre le temps qui se dérobe.