- Réalisateur : Sitisiri Mongkolsiri
- Acteurs : Kenneth Won, Chutimon Chuengcharoensukying, Nopachai Chaiyanam
- Auteur : Kongdej Jaturanrasamee
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Thaïlandais
- Plateforme : Netflix
- Date de sortie : 8 avril 2023
- Durée : 2h26min
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Résumé :
Une jeune femme à la tête d’un restaurant de cuisine de rue repousse ses limites après avoir accepté d’être formée par un grand chef aussi talentueux qu’implacable.
Depuis quelques années, le croisement entre le thriller psychologique et la critique sociale fait plutôt fureur. Ce n’est pas Jordan Peele, ni Bong Joon Ho qui nous contrediront, chacun ayant illustré avec un certain talent la violence des déterminismes, surtout lorsque ceux-ci aboutissent à des drames spectaculaires. Suivant la trajectoire de ces longs métrages engagés, le film thaïlandais de Sitisiri Mongkolsiri, sorti sur Netflix, il y a quelques semaines, nous raconte l’histoire d’Aoy, une jeune femme qui tient un petit restaurant de rue avec sa famille et saisit l’opportunité incroyable de travailler avec le chef Paul, un génie de la gastronomie aussi exigeant qu’inflexible. Le long métrage nous immerge dans l’univers de la haute cuisine, où la passion se mêle à la cruauté, où le goût du pouvoir peut mener à la folie.
Mais plus que la description d’un microscosme, Hunger est une œuvre aux influences marxistes, qui ne cache pas ses intentions dénonciatrices, surtout lorsqu’il met en scène les classes les plus aisées, avides de se goinfrer dans le restaurant huppé d’un grand cuisinier, alors que l’envers des apparences atteste de la prégnance des inégalités sociales, documente le harcèlement au travail et la déshumanisation engendrée par la recherche de la performance.
Le film bénéficie de la performance notable des deux acteurs principaux, Chutimon Chuengcharoensukying et Nopachai Chaiyanam, qui incarnent respectivement Aoy et Paul. Si le comédien saisit le spectateur dans le rôle d’un tyran culinaire, c’est surtout l’actrice qui attire l’attention sur elle par une interprétation particulièrement nuancée, calquée sur les évolutions de son personnage.
La réalisation de Sitisiri Mongkolsiri est soignée, alternant les scènes de tension dans les cuisines avec celles, plus contemplatives, des plats servis aux clients, ce contraste ayant la densité d’un constat politique, qui prend acte d’une division sociale : tandis que les exploités travaillent dans l’arrière-boutique, les nantis se gavent abondamment.
Hunger est un thriller qui ne lâche pas son spectateur, même s’il a parfois tendance à traiter trop de sujets à la fois, dans un geste politique ambitieux.