- Réalisateur : Jim Jarmusch
- Acteurs : Forest Whitaker, John Tormey, Cliff Gorman
- Distributeur : Bac Films
- Genre : Thriller, Policier / Drame
- Nationalité : Américaine
- Date de sortie : 6 octobre 1999
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Durée : 1h56min
- Date de reprise : 14 décembre 2022
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Résumé :
Ghost Dog vit au-dessus du monde, au milieu d’une volée d’oiseaux, dans une cabane sur le toit d’un immeuble abandonné. Guidé par les mots d’un ancien texte samouraï, Ghost Dog est un tueur professionnel qui se fond dans la nuit et se glisse dans la ville sans qu’on le remarque. Quand son code moral est trahi par le dysfonctionnement d’une famille mafieuse qui l’emploie à l’occasion, il réagit strictement selon la Voie du Samouraï.
Il est indéniable que le film de Jim Jarmusch doit beaucoup au célèbre long métrage de Jean-Pierre Melville, Le Samouraï, sorti en 1967. Ghost Dog privilégie l’opacité de son personnage principal, un justicier afro-américain, taciturne et solitaire, installé sur un toit d’immeuble, semblable au célèbre Jef Costello, incarné par Alain Delon, jusqu’à son goût pour les volatiles. Les premières minutes mutiques de ce sicaire renforcent cette solidarité entre les deux protagonistes.
Toutefois, le canevas de l’histoire diffère du drame de Melville : ici, le héros, immergé dans un ghetto américain, travaille pour un mafieux qui lui a sauvé la vie quelques années auparavant et respecte inflexiblement des codes d’honneur, alors que lui-même vivra une trahison qui entraînera sa vengeance.
Le réalisateur inscrit son propos dans une forme d’épure, distillant une ambiance mystérieuse, renforcée par les dialogues, parfois réduits au strict minimum, parfois savoureux dans leur désinvolture qui rappelle Pulp Fiction, auquel Ghost Dog fait également penser par la manière dont il mélange les registres.
Ainsi, l’œuvre s’offre quelques incursions humoristiques bienvenues pour créer une forme de décalage : on pense à la relation difficile entre le tueur à gages et un marchand de glaces haïtien interprété par Isaach de Bankolé, on pense également à ces mafieux italiens ringards, gavés de rap et de vieux cartoons, qu’on croirait sortis d’un film de Martin Scorsese.
Volontiers syncrétique, le long métrage emprunte aux codes du polar américain, au cinéma burlesque, au kung-fu, à la poésie mélancolique, à l’onirisme (même s’il ne navigue pas dans les zones éthérées de Broken Flowers) et aux dessins animés dont les inserts constituent un gimmick qui peut lasser, à la longue. Soutenu par une bande-son hip-hop hautement recommandable, Ghost Dog doit beaucoup à l’interprétation de Forest Whitaker, d’une sobriété émouvante , capable de souligner la force mélancolique de son personnage par un simple regard. Le comédien trouve ici son meilleur rôle depuis son inoubliable incarnation de Charlie Parker dans Bird de Clint Eastwood.