Bepolar : Comment est née l’idée de Doux comme le silence ? Qu’aviez-vous envie de faire ?
Raphaël Guillet : Difficile d’être sûr de l’origine d’une idée mais je pense que l’idée centrale de Doux comme le silence- un homme qui ne supporte plus les gens qui vous imposent leurs conversations téléphoniques- est née de mes propres voyages en métro et en train entre mon domicile et mon lieu de travail. A ce détail près - mais important pour mon avocat - que je n’ai jamais eu l’intention de descendre qui que ce soit. J’ai trouvé cette thématique intéressante car elle permet de réfléchir à notre rapport aux autres et aux objets nouveaux que nous apporte la technologie moderne.
Bepolar : C’est un premier roman. Qu’est-ce qui vous a mené à l’écriture ?
Raphaël Guillet : J’écris mon journal depuis l’âge de 16 ans. J’ai aussi fait des études de Lettres et suis devenu journaliste. Écrire est une manière de respirer.
Bepolar : On y suit l’enquête d’Alice, inspectrice de la brigade criminelle. Qui est-elle ? Comment vous la voyez, vous, son créateur ?
Raphaël Guillet : Alice est une fille de la montagne. Elle aime le silence. Elle est aussi très saine, très concrète car elle est née dans une ferme. Elle a dû travailler pour aider ses parents quand elle était gosse alors que d’autres partaient en vacances l’été. C’est une fille qui a de l’énergie et du bon sens. Je la vois assez sensuelle aussi. Elle a une faille tout de même : son frère a été tué par un chauffard. Délit de fuite. C’est l’événement traumatisant qui l’a poussée à devenir inspectrice.
Bepolar : On connait rapidement l’identité du tueur. Vous aviez envie d’avoir le temps de découvrir son histoire ?
Raphaël Guillet : C’est une bonne question, je trouve. Je n’avais pas vu la chose sous cet angle-là mais c’est intéressant, je trouve, de jouer cartes sur table dès le début. D’informer le lecteur, de lui donner une longueur d’avance sur l’inspectrice pour la suivre dans ses doutes et ses interrogations tout au long de l’enquête.
Bepolar : Il mène une sorte de combat contre le bruit. Est-ce que donner une forme de justification à ses crimes avait pour but de l’humaniser ?
Raphaël Guillet : Je voulais en faire une crapule, un vieux con. Mais les personnages résistent et, au fond, c’est tant mieux. J’aime bien qu’il y ait de la complexité et un zeste d’humanité dans tous les personnages.
Bepolar : Le roman vient de sortir il y a quelques semaines. Comment vivez vous cette période ?
Raphaël Guillet : Avec étonnement : le livre reste quelque chose de presque sacré. Je fais des reportages depuis trente ans, tout le monde s’en fiche. Mais un livre ! Ouaouh ! Et je reçois plein de messages, de réactions, positives pour la plupart. Je suis ravi.
Bepolar : Sur quoi travaillez-vous désormais ?
Raphaël Guillet : Une deuxième histoire avec mon personnage d’Alice. L’action se situe toujours dans la ville de Lausanne, car Alice est inspectrice à la Police judicaire de cette ville suisse. Elle se rend aussi à Sarajevo car les protagonistes de cette histoire sont originaires de Bosnie et du Kosovo.
