- Auteur : David Coulon
C’est ce qui s’appelle une rentrée fracassante dans le monde du polar. Pour son deuxième roman, David Coulon vient de recevoir le prix VSD du polar 2015 avec un coup de coeur de Franck Thilliez.
Pas mal pour un début. Et en plus, son premier roman, Dernière fenêtre sur l’aurore, thriller psychologique époustouflant, vient d’être réédité en poche chez Hélios Noir. Voilà qui valait bien une petite discussion...
Bepolar : Un petit mot sur ton rapport au polar. Qu’est-ce qui fait que tu aimes le genre et qu’est-ce qui te donne envie d’en écrire ?
David Coulon : Je suis d’abord un grand lecteur de polar, mais surtout de noir. J’aime les histoires avec une toile de fond réaliste, qui questionne le social ou le psychologique. Questionner les zones d’ombres de l’âme humaine, j’adore. C’est cela qui me donne envie d’écrire du noir. Cela, et la grande liberté de style que le noir permet. J’aime l’absence d’auto-censure, l’absence de normes, de codes.
Bepolar : Comment est née l’idée de Dernière fenêtre sur l’aurore ?
David Coulon : Je suis psy à la base. Et au début de ma carrière, j’ai entendu des gamins ou des ados me parler de choses horribles qu’ils avaient dû vivre. J’avais écrit une nouvelle pour évacuer tout ça. Des années plus tard, j’ai repris cette nouvelle, et j’ai décidé de transformer le "héros" de la nouvelle en un personnage rongé par des démons intérieurs. Et j’ai voulu mettre ses démons face à son boulot particulièrement éprouvant (il est flic à la brigade des mineurs). A cause de ses perturbations psychologiques, le flic n’a plus la distance nécessaire pour écouter les gosses. Et lorsque plusieurs démons se rencontrent, ça donne ce cocktail explosif. En gros, pour faire naître ce polar, je me suis inspiré du réel pour plonger dans les abîmes du cerveau humain. Et le résultat n’est pas ragoutant....
« Je voulais un personnage qui fasse très "cliché". Sans doute pour mieux détruire ces clichés au fur et à mesure du bouquin. »
Bepolar : Ton personnage principal est un flic broyé par son taf et par la vie. Avais-tu en tête des films ou des livres que tu aurais vu/lu ?
David Coulon : C’est un personnage somme toute classique, dans l’univers du polar. je voulais un personnage qui fasse très "cliché". Sans doute pour mieux détruire ces clichés au fur et à mesure du bouquin. Ce personnage classique, j’avais envie de le rendre tout sauf manichéen. J’avais envie de chercher en lui le monstre tapi, larvé, caché, alors qu’il ressemble à n’importe quel flic de n’importe quel polar. Comme je le disais, il ressemble à un cliché. Un personnage déjà vu, presque falot, en apparence. Mon objectif était de faire entrer le lecteur dans un polar de facture classique pour qu’il en ressorte, je l’espère, tourmenté et bousculé, comme le personnage l’est par ses démons.
Je n’avais pas de livres ou de films en tête quand j’écrivais. Simplement ce cliché à faire peu à peu exploser.
Bepolar : Ton intrigue nous amène à douter de tout. Elle est menée soigneusement. Comment as-tu travaillé ?
David Coulon : Je travaille à l’instinct, quasiment en écriture automatique. J’ai une idée en tête quand je commence un bouquin, mais elle change pendant l’écriture. Je laisse dériver mes personnages. J’écris un premier jet comme ça. Puis je corrige, beaucoup. Pour rendre le tout cohérent.
Bepolar : Comment s’est fait le boulot de documentation ? En as-tu eu besoin ?
David Coulon : Après coup. Je ne sais pas travailler en amont. Je travaille sur les personnages, avant tout (c’est peut-être ma formation de psy qui en est la cause...). Pour le reste, je me documente après. Il y a peut-être, sans doute, des incohérences dans le roman, mais j’espère qu’il n’y en a pas, psychologiquement parlant. C’est ce qui m’intéressait dans cette histoire.
« J’ai mis dix ans avant de publier mon premier bouquin. Que le second soit ainsi récompensé est un sacré encouragement »
Bepolar : Un petit mot sur le prix que tu viens de recevoir, le prix VSD du polar 2015 - coup de coeur de Franck Thilliez. Comment l’as-tu reçu ? Une récompense, un encouragement ?
David Coulon : Ce fut tout d’abord une énorme surprise. Et un énorme honneur, bien sûr, de voir mon travail reconnu et récompensé par quelqu’un comme Franck Thilliez. J’ai mis dix ans avant de publier mon premier bouquin. Que le second soit ainsi récompensé est un sacré encouragement à poursuivre. Tout ce que j’espère, maintenant, est que les lecteurs apprécieront également ce travail. Il est très différent de "Dernière fenêtre...". Je n’en dis pas plus. Je laisse les lecteurs le découvrir !
Bepolar : Quels sont tes projets, sur quoi travailles tu ?
David Coulon : J’en ai plein. Trop ! Je finalise un polar métaphysico-gore, et en même temps, un autre polar avec des jumeaux orphelins et une mystérieuse organisation sibéro-pakistanaise. Et puis j’ai un recueil de nouvelles tout prêt qui n’attend plus qu’un éditeur. Bref, j’ai de quoi m’occuper !
Jérôme Vincent