- Acteurs : Chris Wu, Cammy Chiang, Chun-Yao Yao, Alice Ke
- Séries : Copycat Killer
Pour cette traque de tueur en série, "Copycat Killer" se contente d’un collage, parfois hystérique, entre la franchise "Saw" et le cinéma de Fincher. Aucune extravagance à l’horizon, quoique subsiste malgré tout une certaine efficacité…
Copycat Killer : une série à suspense passable, entre Saw et Zodiac
De : Chang Jung-Chi, Hank Tseng
Avec : Chris Wu, Cammy Chiang, Chun-Yao Yao, Alice Ke
Genre : thriller
Année : 2023
Pays : Taïwan
Alors qu’une série de meurtres atroces menace de plonger la ville de Taipei en plein chaos, un procureur obstiné cherche à piéger le coupable. Débute alors un jeu de piste sadique orchestré par le sinistre tueur…
Le flash-forward sur lequel s’ouvre la série "Copycat Killer", avec sa contrefaçon grand-guignolesque du Jigsaw de la saga "SAW", a de quoi refroidir les ardeurs. Il faut dire que la tonalité bouffonne de l’antagoniste, dont l’apparition tous azimuts et furibonde laisse clairement la part belle à l’histrionisme, provoque d’emblée une certaine lassitude. L’on s’attend dès lors à une version édulcorée et hystérisée de la fameuse recette "Saw" allant torture porn, intrigue policière et thriller. Mais très vite, "Copycat Killer" bat quelque peu en retraite, remontant le temps pour mieux s’intéresser à ses protagonistes : d’une part le procureur Kuo Hsiao-chi, d’autre part la journaliste d’investigation Lu Yizhen. Intègre devant l’éternel, le premier cherche à lever le mystère sur le meurtre barbare d’un couple. Tandis que la seconde, en quête d’un scoop pour booster sa carrière et sous l’influence info-divertissement du média qui l’engage, hésite entre impartialité et opportunisme. Leurs deux trajectoires a priori aux antipodes finissent bien sûr par s’entrelacer à mesure que progresse l’enquête de Kuo. Les deux personnages représentent en effet les deux faces d’un même dispositif : la traque labyrinthique du serial-killer, dont les crimes investissent justement à la fois les sphères judiciaire et médiatique. Car le tueur, aussi dangereux, déséquilibré que retors, exploite la frénésie médiatique des chaines d’information, n’hésitant pas transformer ses massacres en spectacle télévisé.
"Copycat Killer", qui transpose ici en prenant quelques libertés – exit le futur et direction 1997 – la série de romans « Mohou-Han » (Miyuki Miyabe, années 1990), n’apporte certes rien de nouveau à la sacro-sainte hybridation entre polar et horreur. Son écriture n’hésite pas cependant à fouiller les personnages, développant assez finement leurs cheminements et caractères. La série ne vise ainsi pas seulement les frissons comme l’on pouvait le craindre mais s’attache à construire une véritable enquête, parfois même avec minutie. D’ailleurs, "Copycat Killer" ne cache pas à ce titre son accointance avec les intrigues de David Fincher – convoquant les perfidies de "Seven" et surtout les casse-têtes morbides à la "Zodiac", devant lequel les lecteurs ou téléspectateurs ici encore ne résistent pas à la fascination (c’est précisément l’enjeu du voyeurisme teinté de dystopie de la série). Pour autant, ce thriller en dix épisodes, malgré son scénario et ses développements plutôt prenant, souffre d’une atonie liée à sa mise en scène ultra standardisée. Pointer du doigt son côté classique tiendrait de l’euphémisme, tant chaque plan ou cadrage de la série transpire le systématisme et l’ordinaire. Ce syndrome déprimant, qui témoigne aussi en creux de l’uniformisation galopante des formats des plateformes Netflix ou Amazon Prime, ne permet jamais à "Copycat Killer" de captiver. C’est que la forme importe autant que le contenu.
Or en grattant un peu, on s’aperçoit vite que même la matière de la série peine en définitive à trouver sa singularité. Se contenter diffracter la franchise "Saw" de James Wan – avec un masque Noh cette fois -, y ajouter quelques effluves de Fincher, une enquête alambiquée et un semblant de critique médiatique… tout cela s’avère trop limité. Et pourtant, l’ennui n’émerge pas totalement. Le rythme, hormis en seconde partie de saison, tient bon grâce aux rebondissements et aux fausses pistes. Si bien qu’après tout, l’élément le plus désavantageux pour "Copycat Killer" n’est sans doute pas sa réalisation trop transparente et en demi-teinte, mais son gros méchant dégoulinant. Protagoniste dont le surjeu délibéré, avec son rire méphistophélique et ses cabotinages assez insupportables, dépasse amplement la caricature. Aussi, même le spectateur en mal de "Mindhunter" et recherchant furieusement de quoi étancher son appétit devra composer avec ces différents écueils pour apprécier pleinement "Copycat Killer".
Tirée de la série de livres « Mohou-Han » de Miyuki Miyabe, "Copycat Killer" est disponible sur Netflix depuis le 31 mars 2023.