- Auteur : Daniel Martinange
- Editeur : Editions Lajouanie
Bepolar : Comment est née l’idée de "C’est moi qu’il veut !" ? Qu’est-ce que vous aviez envie de faire ou de dire ?
Daniel Martinange : Je voulais faire évoluer des individus en proie à des situations dramatiques et extrêmes qui les dépassent totalement, des gens face à des réalités beaucoup plus puissantes qu’eux, ou d’autres qui profitent de ces situations, en mettant en danger la société. Et les uns et les autres essaient de s’en sortir comme ils peuvent. Tout cela sur fond d’enquête policière, avec un éventail de flics très différends les uns des autres, et des différences parfois spectaculaires.
Bepolar : Sous le titre sur votre couverture, il y a d’écrit : Roman policier mais pas que... Pour quelle raison ?
Daniel Martinange : C’est le nom de la collection, des polars avec beaucoup d’autres choses derrière l’histoire, les intrigues, l’enquête. Ce peut être la mise en scène de personnages avec des états d’esprits très particuliers, une manière de raconter qui restitue très fidèlement des ambiances, ou des lieux, des descriptions de milieux particuliers, ou une psychologie de certains personnages qui force à réfléchir à d’autres réalités.
Bepolar : Sylvie est une infirmière qui est persuadée que le responsable des enlèvements d’enfants est un homme qui l’a terrorisée dans le passé. Qui est-elle ? Comment la voyez-vous ?
Daniel Martinange : C’est une trentenaire moderne, qui vit avec son temps, une belle brune très sportive, mais très solitaire, assez spéciale, et qui n’a jamais digéré ce dont elle a été jadis victime. Une femme aussi qui ne s’en laisse pas compter, qui a horreur des discours convenus et des hypocrisies, et prompte à dégainer, si je puis dire.
Bepolar : Il y a aussi un commandant de police qui arrive dans le secteur. Comment pourriez-vous nous le présenter ?
Daniel Martinange : Il est jeune (trente-trois ans), a une très forte vocation de policier, c’est-à-dire qu’il est fermement décidé à protéger les citoyens en faisant respecter les lois, tout en sachant que celles-ci ne sont pas forcément toujours très adaptées aux réalités. C’est un humaniste très cultivé qui a horreur de la barbarie et de ses complices, un type très droit, très franc. Mais il a au plus profond de lui une blessure intime jamais cicatrisée, qu’il essaie d’oublier en se lançant à corps perdu dans son travail. Il est très critique sur notre époque, il exècre la médiocrité et les impostures. Il est assez « décalé », et « décalé » de tout, un peu-beaucoup dandy, il aime bien jouer avec les habitudes et les conformismes d’autrui. Raison pour laquelle il est toujours tiré à quatre épingles. Il porte des chemises à jabot, d’abord parce qu’il aime ça, mais aussi, et bien qu’il ne l’avouera jamais, parce que ça fait parler... Il a un adjoint beaucoup plus âgé que lui, et totalement différend, leurs différences détonnent, tous deux s’ingénient à s’agacer, mais ils s’aiment bien parce qu’ils ont tous deux une forte vocation de policier, et placent très haut leur métier.
Bepolar : Votre roman se passe en partie à Saint-Etienne. Pour quelle raison ? Et comment les lieux s’inscrivent dans votre histoire ?
Daniel Martinange : C’est ma ville natale, et j’y ai longtemps habité. En cinquante ans, à cause des crises économiques, elle a perdu le quart de sa population et un très grand nombre d’emplois, notamment industriels. Elle a été totalement sinistrée. C’est la seule grande ville que je connais bien. La mentalité stéphanoise traditionnelle est très sympathique. Cette ville semble retrouver un nouveau souffle, on perçoit - heureusement ! - les échos de son passé, mon quartier natal, un quartier populaire, a beaucoup changé, je ressens cette ville comme vivant de grands bouleversements. Tout cela forme un excellent terreau pour un polar qui par essence est dramatique.
Bepolar : Vous mettez en scène des enlèvements d’enfants, et pire. Est-ce que c’est difficile à écrire en tant qu’auteur ?
Daniel Martinange : Non, pas pour moi. Le drame, l’horreur, la barbarie, tout autant que les faits positifs et agréables, sont partie intégrante de l’histoire humaine et de notre société. L’actualité française nous le montre régulièrement. Depuis toujours, j’utilise au maximum mes yeux pour voir et mes oreilles pour entendre et écouter.
Bepolar : Le livre vient de sortir. Comment vivez-vous cette période ?
Daniel Martinange : J’appréhende. Mais pas trop, parce que je travaille sur le prochain polar.