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On était des loups - Sandrine Collette

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Résumé :

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Source : Babelio

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Vos #AvisPolar

  • Aude Bouquine 26 août 2024
    On était des loups - Sandrine Collette

    Un soir d’été, une chasse pour nourrir les siens, des empreintes de la taille d’un ours autour de la maison au retour. Un homme retrouve sa femme morte. Elle a protégé leur fils Aru. Comme l’aurait fait n’importe quelle mère. Elle n’a pas pu. Pas eu la force physique. Pas eu le temps puisque tout s’est passé si vite. Quand on vit au coeur de la nature et loin des hommes, c’est une règle qu’il faut accepter. La nature règne en maître, l’homme n’est que toléré. le monde s’effondre pour l’homme, « C’était comme si le paysage s’était obscurci autour de moi, la montagne teintée d’un voile noir je crois que c’étaient mes yeux. J’étais là et il y avait un tremblement de terre à l’intérieur de moi je ne savais pas comment je tenais debout. »Pourquoi elle et non le petit ? À choisir… le choix aurait été vite fait : « Un enfant ça se refait alors que rien ne ramènera ma femme et c’est une pensée qui pique les yeux. » Parce qu’Aru est trop jeune, trop faible, trop lourd à porter à bout de bras pour vivre dans cet environnement hostile où chaque jour il faut livrer bataille, Liam, le père décide qu’il est plus sage de l’envoyer loin, de le confier à d’autres… se s’en débarrasser. « On était des loups » est le récit d’un père face à lui-même, une introspection dans les replis de son âme, dans l’intimité de ses pensées.

    La littérature questionne souvent l’instinct maternel, plus rarement l’instinct paternel. Or, « On était des loups » explore au travers du drame et de l’intime, la relation d’un père avec son fils et l’ambivalence de ses émotions à son égard. Pas plus que l’instinct maternel, l’instinct paternel n’est vraiment acquis. Il se construit. Au rythme des doutes, des envies de protéger et de disparaître, de l’obligation d’éducation au défilement, de l’amour à l’embarras d’un obstacle supplémentaire qui empêche parfois de vivre sa propre vie. Il renvoie également de manière presque systématique et obsessionnelle à la relation avec son propre père. « Je me sens un peu minable, je ne suis pas meilleur que mon père ce salaud. C’est avec cette brutalité qu’on fait des générations de taré qui se suivent sans s’améliorer et je me demande si Aru plus tard sera aussi dur que moi et que mon père et mon grand-père pour le souvenir que j’en ai. S’il ne sait pas que d’autres façons d’être existent, bien sûr qu’il reproduira le seul modèle qu’il ait eu et ce modèle c’est moi et je ne pense pas que ce soit la meilleure chose qu’il puisse lui arriver. » Autant confier cette tâche d’éducation à meilleur que soi. Et comme dans la sphère animale, on se défait des plus faibles. Aru, très semblable au Corentin de « Et toujours les forêts » est l’enfant dont on ne veut pas, l’enfant qui encombre, l’enfant dont on ne sait quoi faire.

    Comme dans certains de ses précédents romans, Sandrine Collette questionne l’animalité de l’homme.« (…) j’ai du mal à expliquer pourtant en ces temps-là je crois qu’il n’y avait pas ces haines et ces peurs, en ce temps-là on était des loups et les loups étaient des hommes ça ne faisait pas de différence on était le monde. le chant des loups nous appelle parce que c’est notre chant et aussi loin qu’on puisse remonter il y a l’éclat d’un animal en nous, c’est pour ça que ça m’émeut et que les larmes viennent brûler le bas de mes yeux. » Ici, elle appose par petites touches des vestiges d’humanité… Quelque chose au fond de Liam, derrière la dureté des pensées, la sensibilité enterrée, le souvenir de sa femme l’empêche d’être tout à fait un loup, dans cette nature toute puissante où il est épineux d’entretenir son humanité dans un univers où le poids de l’animalité souveraine résiste.

    « On était des loups » n’est pas situé dans le temps ni dans l’espace. Il s’assure ainsi une intemporalité perpétuelle susceptible de parler à plusieurs générations. le style est dénué de toute fioriture, brut, proche du langage oral. le strict minimum de ponctuation permet au lecteur de donner au texte ses propres tonalités et son propre rythme, sa version de la progression des évènements en étant littéralement plongé dans l’esprit du père, ses atermoiements émotionnels, sans possibilité d’y échapper. le lecteur est prisonnier d’un autre corps, d’un autre vécu et vit, en symbiose, le déroulé des événements.L’écriture rêche de Sandrine Collette, surtout en début de roman, colle parfaitement aux interrogations du père. « Il y a quelque chose de mauvais en moi, quelque chose de faux aussi et ce que j’espère sans l’avouer c’est dégoûter Aru de moi, le dégoûter tellement qu’il s’en ira. » Puis, au rythme de leur voyage, des moments passés à deux, de l’un qui apprivoise l’autre, le texte gagne en respirations, navigue entre le poison lent de la raison et le brasier émotionnel qui émerge.

    « On était des loups » est un roman qui vit dans la continuité thématique de « Après la vague » et de « Et toujours les forêts » : Animalité, communion avec la nature, prévalence de l’instinct de survie. « S’il y avait une urgence – mais les urgences ici ça n’existe pas soit on est vivant soit on est mort il n’y a pas beaucoup d’entre-deux. » Sandrine Collette instille un poison lent qui attaque progressivement les tripes, un venin qui paralyse petit à petit le corps pour laisser seul l’esprit vivace. C’est le chemin spirituel du père, sa rhétorique dure, froide, insensible qui dit tantôt l’exact opposé de ce que le lecteur sent de ses véritables émotions, qui allume le brasier émotionnel et fait naître l’empathie. Ce récit se lit presque en apnée, comme s’il fallait chercher un texte caché derrière les mots, une vérité qui ne réside que dans ce qui est tu. Même s’il est sombre, la lumière peut surgir à chaque instant et déclencher une« émotion profonde viscérale racinaire ». Sandrine Collette a un pouvoir de suggestion immense, de ces écritures qui se savourent parce que dans chaque phrase se niche une émotion. Elle parvient à créer une atmosphère familière qui pourrait être notre quotidien, sans qu’il le soit vraiment. « le tintement de la pluie sur le monde quand on est à l’abri c’est ce qu’il y a de plus beau. », comme ce roman.

  • Mlle Dine Bouquine 22 juin 2024
    On était des loups - Sandrine Collette

    « C’est le jour où elle est morte que j’ai compris que le monde sans quelqu’un pour qui on donnerait tout c’est l’enfer »

    Comment accepter l’inacceptable quand il se présente à vous ? C’est toute la réflexion qui émane de ce roman, et qui nous entraîne dans une quête d’humanité.

    J’ai voyagé aux côtés de Liam, éternel solitaire, habitant avec sa femme dans une ferme isolée aux abords de montagnes enneigées, vivant au rythme des saisons. De cette union naquit Aru, tant désiré par Ava, malgré un mari sceptique à l’idée d’élever un enfant dans un environnement si primaire, loin de tout.

    Cinq années se passent où chacun trouve sa place au sein du foyer, Ava et Aru étant inséparables, si fragiles face à la dureté d’un chef de famille qui peine à accepter pleinement son rôle de père. Jusqu’à ce que le destin en décide autrement, et que la mort vienne prendre Ava.

    La tristesse, le deuil, le poids des responsabilités, le chamboulement d’un quotidien déjà établi, sont autant de raisons qui vont pousser Liam à chercher à se séparer d’Aru, à fuir son rôle de parent. À travers un voyage initiatique, nous allons découvrir ces deux personnages que tout semble opposer, la complexité de créer un lien père-fils quand la seule personne qui les unissait n’est plus présente.

    Comment transmettre de l’amour et de la bienveillance, ayant soit même grandit dans une famille où les gestes tendres étaient prohibés, rejeté par son propre père ? Cette figure paternelle, signe de stabilité, qui est censé nous protéger, nous transmettre, nous conseiller.

    Tout au long de ce périple, j’ai été très émue de partager cette culpabilité grandissante de ce père démuni, assaillit de doutes face aux événements, mais aussi de constater la dureté avec laquelle il se rabaissait, ne se sentant pas légitime dans ce rôle.

    À travers des paysages époustouflants, tenez vous prêt à chanter avec les loups cette douce mélodie au clair de lune, celle de la résilience et de l’espoir.

    « Le chant des loups nous appelle parce que c’est notre chant et aussi loin qu’on puisse remonter il y a l’éclat d’un animal en nous, c’est pour ça que ça m’émeut et que des larmes viennent brûler le bas de mes yeux. »

  • lemurmuredesameslivres 29 décembre 2023
    On était des loups - Sandrine Collette

    On était des loups, c’est le genre de roman qui me procure tout un tas d’émotions, en dépit de sa brièveté. Le genre de roman que je vis plus que je ne lis, d’autant que celui-ci est raconté à la première personne. J’ai été immédiatement séduite par le langage, très oral, qui rend le récit plus authentique et vivant.

    Cette histoire se déroule à une période sans âge, là où la nature est vaste et l’homme petit. C’est dans cet endroit sauvage, où les voisins sont loin et rares, que Liam, le narrateur, vit avec sa femme Ava et son petit garçon Aru. Un mode de vie peu commun, en communion avec l’environnement, qui n’est pas toujours simple à vivre. Un soir qu’il rentre de plusieurs jours de chasse, il découvre sa femme morte et son fils terrifié. Ava n’est plus là. Mais il reste le petit. Une constatation qui déstabilise Liam. Qui va s’occuper d’Aru désormais ?

    J’ai été touchée par ce père à la communication maladroite, un peu gauche, envers un fils qu’il connaît à peine. Un homme habité par la colère d’avoir perdu l’être aimé, la culpabilité, peut-être, de n’avoir pu protéger, l’indicible sentiment, profondément ancré, que s’il avait pu choisir entre la mère et le fils... Au fil du récit, on assiste à la rencontre de ces deux êtres, qui, tels des étrangers, vont s’apprivoiser, parfois dans la douleur. Au sens propre comme au figuré, ils vont cheminer, seuls, puis ensemble, vers un possible apaisement. Mais tous les chemins ne sont pas sans embûches...

    La plume de l’autrice rend compte des silences, des regards, des pensées que l’on n’exprime pas. Elle permet de s’imprégner de l’atmosphère, de visualiser le décor majestueux, la puissance de la nature mais aussi de ressentir l’imminence du danger. Car une fois en symbiose avec les protagonistes, Sandrine Collette nous guide vers un autre registre, là où la tension règne et avec elle, une angoisse sourde qui a plus d’une fois serré mon coeur de mère.

    On était des loups m’a tout simplement emportée ! Il faut dire que j’ai écouté la version audio et que le narrateur, Thierry Hancisse est incroyablement passionnant. J’ai ressenti une telle émotion à l’entendre nous conter cette histoire, avec sa voix un peu rauque, son respect des silences, si importants dans ce récit. D’autant que la ponctuation n’est pas simple et que les phrases sont parfois longues, avec ce flot de pensées qui surgissent, comme intarissables. Et Thierry Hancisse s’en sort à merveille ! C’est incroyable le plaisir que l’on peut ressentir à écouter un livre audio d’une telle qualité, d’une telle intensité. Cette version audio, c’est l’harmonie parfaite entre un roman et une voix, c’est un ensemble que l’on croirait indissociable tant les deux parties sont en symbiose. Une écoute qui m’a profondément émue !

    Roman lu dans le cadre de ma participation au Prix Audiolib 2023.

    Chronique détaillée sur le blog.

  • Loudiebouhlis 24 novembre 2023
    On était des loups - Sandrine Collette

    C’est toujours très court, et pourtant toujours si percutant.

    En l’espace de 140 pages, Sandrine Collette arrive à instaurer un univers sombre, peut être même austère. Et pourtant il y a toujours tant de lumière dans ses personnages.

    J’essaie toujours désespérément de m’attendre au pire sur le dénouement des romans de Sandrine Collette, parce que la noirceur de ses romans est incroyablement puissante.

    Pourtant j’ai rapidement aimé Liam et Aru. Et aussi court soit ce roman, j’ai espéré un "Happy End" jusqu’au bout.

  • Roni 8 août 2023
    Marathon du polar 2023, équipe MARATHONIENNES
    On était des loups - Sandrine Collette

    ce roman se lit d’une traite. Au début, il est très difficile de s’attacher au personnage de Liam qui déteste son enfant parce qu’il ne l’a pas désiré, puis au fur et à mesure du récit, il finit quand même par développer des sentiments à son encontre. Par contre, le petit Aru est quant à lui émouvant.
    Un livre sur l’instinct paternel et sur la nature qui peut se révéler aussi sauvage que l’humain

  • Matildany 4 juillet 2023
    On était des loups - Sandrine Collette

    Liam a choisi, dans ses chères montagnes, une vie dure et simple, qui lui plaît. Il a épousé Ada, rencontrée lors d’un de ses rares passages en ville, qui a tout quitté pour le suivre, et quelques années plus tard, ils ont eu un fils, Aru.
    Liam cotoie son noyau familial de loin en loin, et lorsqu’il rentre d’une partie de chasse pour trouver son épouse agonisante après une attaque d’ours, il n’a qu’une idée : ne plus être en charge de son fils, qui a maintenant cinq ans, il n’a jamais souhaité d’enfants, trouvant le monde trop rude pour eux. Commence un périple pour le père et le fils, où les sentiments se dévoilent au gré des pas des chevaux, où la nature est complexe, belle et traître, où l’on passe de la noirceur de sentiments à la lumière d’un gamin en adoration pour son père, où l’humain révèle toute son animalité.

    Un roman qui prend aux tripes, qui dit beaucoup en peu de mots. Le langage oral nous immerge encore plus dans les pensées de ce père, homme fruste, qui sait se contenter de peu. Son monologue mêle ses pensées, ses souvenirs, et ce périple devient en quelque sorte un cheminement initiatique pour révéler un père.
    C’est sombre, brutal, pudique, inconfortable, mais fort et beau, ...comme une naissance, en somme.
    Pour moi, il y avait "La Route" de McCarthy, "On était des loups" l’accompagne dorénavant dans les meilleures histoires que j’ai lues sur la filiation. Coup de cœur complet !!

    https://instagram.com /danygillet

  • Matildany 4 juillet 2023
    On était des loups - Sandrine Collette

    Liam a choisi, dans ses chères montagnes, une vie dure et simple, qui lui plaît. Il a épousé Ada, rencontrée lors d’un de ses rares passages en ville, qui a tout quitté pour le suivre, et quelques années plus tard, ils ont eu un fils, Aru.
    Liam cotoie son noyau familial de loin en loin, et lorsqu’il rentre d’une partie de chasse pour trouver son épouse agonisante après une attaque d’ours, il n’a qu’une idée : ne plus être en charge de son fils, qui a maintenant cinq ans, il n’a jamais souhaité d’enfants, trouvant le monde trop rude pour eux. Commence un périple pour le père et le fils, où les sentiments se dévoilent au gré des pas des chevaux, où la nature est complexe, belle et traître, où l’on passe de la noirceur de sentiments à la lumière d’un gamin en adoration pour son père, où l’humain révèle toute son animalité.

    Un roman qui prend aux tripes, qui dit beaucoup en peu de mots. Le langage oral nous immerge encore plus dans les pensées de ce père, homme fruste, qui sait se contenter de peu. Son monologue mêle ses pensées, ses souvenirs, et ce périple devient en quelque sorte un cheminement initiatique pour révéler un père.
    C’est sombre, brutal, pudique, inconfortable, mais fort et beau, ...comme une naissance, en somme.
    Pour moi, il y avait "La Route" de McCarthy, "On était des loups" l’accompagne dorénavant dans les meilleures histoires que j’ai lues sur la filiation. Coup de cœur complet !!
    https://instagram.com /danygillet

  • Musemania 3 juin 2023
    On était des loups - Sandrine Collette

    Sandrine Collette est une autrice française que j’aime particulièrement. Choisir de se plonger dans un de ses livres est une valeur sûre, je n’ai jamais été déçue par ses romans !

    Paru lors de la rentrée littéraire de l’année dernière, « On était des loups », poursuit ce cap. Je suis, à chaque fois, épatée par la justesse des mots utilisés pour exprimer tant de sentiments au travers de ses livres.

    Comptant seulement près de 200 pages, c’est pourtant une histoire complète, où aucun passage n’est de trop et malgré tout, le lecteur n’est pas frustré d’avoir certaines questions laissées sans réponse.

    Véritable évasion littéraire dans des forêts sauvages, on y fait la rencontre de Liam qui, au retour d’une chasse, découvre le corps sans vie de sa femme, Ava, mortellement blessée par un ours et donc la dépouille cachait leur fils, Aru, âgé seulement de 5 ans. Le désir d’avoir un enfant venait principalement de sa défunte femme. Mais Liam, le solitaire un peu rustre, se doit alors de découvrir ce fils qu’il ne connaît que si peu mais dont l’existence risque d’apporter tant de difficultés dans ses contrées magnifiques mais si hostiles.

    Sous la forme d’un long monologue de Liam, ce livre imagine cette nouvelle naissance d’Aru par rapport à Liam, son père ayant grandi dans une famille toxique et violente. Comment apprendre à aimer cet enfant dont il ne voulait pas ? Comment vivre avec ce fils alors qu’on est un trappeur taciturne et en campagne de chasse la plupart du temps ? Est-ce qu’il est possible de changer des sentiments si fortement ancrés ?

    J’ai beaucoup aimé la justesse de ce livre. Ne tombant jamais dans le larmoyant, Sandrine Collette offre un roman quelque peu solaire malgré le caractère de Liam, si taiseux dans ces décors dans lequel le lecteur a l’impression lui-même d’évoluer.

    Quant à l’écoute du livre, la voix de Thierry Hancisse se confond parfaitement bien par rapport à qu’on pourrait imaginer pour Liam, personnage principal. C’est un peu comme si le lecteur nous confiait un pan de sa propre vie. J’ai trouvé que le choix de confier la lecture à Thierry Hancisse était parfaitement judicieux.

  • jeanmid 10 octobre 2022
    On était des loups - Sandrine Collette

    C’est un court roman qui pourrait être lu en quelques heures mais qu’il faut laisser mijoter de temps en temps afin qu’il exhale toutes ses saveurs.
    C’est un roman avec très peu de ponctuation. Comme une urgence de témoigner . Comme une absolue nécessité que cette fiction se transforme en un récit oral, débité d’un seul trait par un homme qui parle peu, avec un vocabulaire réduit , mais qui parle un langage de vérité comme la nature qui l’entoure. Dans ces montagnes il faut en effet savoir se débrouiller seul, partir chasser des jours pour ramener des gibiers qui permettront de passer l’hiver sans encombre.Il faut accepter ce que la nature vous donne, mais peut vous prendre parfois.
    Liam l’a craint tous les jours, loin de chez lui à traquer le gibier, laissant seuls sa femme Ava et Aru, son petit garçon de cinq ans. Malheureusement ce jour est arrivé quand il découvre le corps inerte de sa femme, le corps déchiqueté par les griffes d’un ours avec sous elle , Aru, vivant.
    La peine est là, oui, d’avoir perdu son amour mais elle se transforme rapidement en craintes : que faire de son fils, trop jeune pour pouvoir vivre dans cet univers sauvage et impitoyable. Que faire d’un enfant pour un homme comme lui, dont la vie n’a de sens qu’à parcourir les montagnes en toute liberté avec ses chevaux et son fusil ? Une vie à l’écart du monde qui ne peut être fait pour ce gamin haut comme trois pommes aussi taiseux que son paternel…mais qui va lui réserver de sacrés surprises.

    On retrouve avec ce nouveau roman cette nature déjà omniprésente dans “ Et toujours les forêts”. Une nature hostile mais que les hommes sont tentés d’apprivoiser. Une nature qui peut aussi offrir un cadeau inestimable à celui qui sait le mériter : sa renaissance.
    Tout au long du livre n’assiste-t-on pas à la transfiguration de Liam ? Un homme aussi sauvage que les animaux qu’il côtoient ou qu’il attend d’apparaître dans la mire de son fusil ? Un homme qui a préféré se mettre de côté, loin de la civilisation, loin de la violence des hommes et de ses parents.
    Grâce à la prose sans filtre de Liam et de sa vibrante sémantique, on va donc suivre l’improbable cohabitation d’Aru et de son père, aussi prolixes l’un que l’autre mais qui vont peu à peu apprendre à vivre ensemble. Malgré les risques de leur voyage à cheval, malgré la météo aussi imprévisible que foudroyante, une proximité va naître, la notion de filiation va alors germer dans l’esprit de Liam avant qu’elle ne devienne une évidence.
    Comme dans la plupart des récits de Sandrine Collette, l’émotion nous prend par surprise, comme une bénédiction, comme un rayon de soleil qui apparaît dans l’obscurité. Elle transforme d’un livre à l’autre son style comme son écriture tel un prestidigitateur afin que ses personnages crèvent les pages, pour leur donner une véritable consistance qui ne peut que nous toucher. Elle les confronte une nouvelle fois à cette nature exubérante et indomptable qui va les transformer. Une nature d’une beauté insoupçonnable à qui l’auteure rend justice. Une nature parfois oppressante mais qui attire l’animal qui est en nous. Une nature qui peut aussi permettre à l’homme de se révéler dans toute sa complexité.

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