- Auteur : Magali Collet
- Editeur : Taurnada Editions
Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman, Les Yeux d’Iris ?
Magali Collet : Cette idée m’est venue lors d’un déjeuner entre amies. Nous avions commencé à égrener nos souvenirs et à imaginer les meilleures façons de nous venger d’anciennes camarades d’école pas très sympas. En riant, nous sommes allées assez loin dans nos divagations. Cette conversation a été le point de départ de l’histoire : jusqu’où serions-nous prêts à aller pour nos amis ?
Bepolar : Il est question d’un pacte, d’une promesse, mais aussi de viol, de suicide, de dépression. Qu’aviez-vous envie d’évoquer avec ce roman ? Quelles étaient vos intentions de départ ?
Magali Collet : Le viol, le suicide et la dépression sont des thèmes qui me parlent. Le viol, très souvent, est décrit ou écrit par un œil externe : des coups, l’acte… Or, c’est, beaucoup plus que ça. Le viol met tous les sens en action et c’est aussi ce qui le rend si traumatisant ; les odeurs, les sons, le goût ferrugineux dans la bouche, le toucher, tout est exacerbé.
Beaucoup de souvenirs sont sensoriels. Les victimes disent régulièrement qu’il suffit parfois d’une odeur ou d’un son pour faire resurgir le traumatisme. J’ai donc sciemment choisi de parler du viol au travers des sensations ressenties par la victime.
Bepolar : On y suit plusieurs protagonistes, Julie, Audrey, Frédéric et Morgane. Comment construisez-vous vos personnages ? Quels liens avez-vous en tant qu’autrice avec eux ?
Magali Collet : Ils me sont proches car chacun recèle des pans de ma personnalité. Mon amour pour la musique, la réticence que j’ai à me regarder dans un miroir et des tas d’autres détails. Dans un premier temps, j’ai besoin de me les représenter. J’établis des fiches assez précises afin de les connaître intimement. J’y mets de très nombreux éléments, certains pourraient sembler inutiles, à un œil extérieur, mais ils me permettent de mieux les connaître. Pendant la phase d’écriture, je deviens chacun de mes personnages et j’essaie de faire en sorte d’être leur voix.
Bepolar : Il y a cette promesse, mais aussi des Flashback. Comment avez-vous construit votre roman ?
Magali Collet : J’aime à croire que notre passé peut influencer notre présent. Connaître à certains moments le parcours de tel ou tel personnage peut aider à comprendre sa façon d’agir. Lorsque le squelette du roman est terminé, j’essaie de me mettre dans la peau du lecteur et je place alors, les retours en arrière qui me semblent pertinents.
Bepolar : La violence est présente dans votre roman. Vous aviez envie de bousculer vos lecteurs et lectrices ?
Magali Collet : Tous les aspects, même les plus violents ressentis par la victime de l’agression des Yeux d’Iris, m’ont été confiés par une proche : le désir de vengeance, certes, mais aussi l’auto-destruction, l’impact sur l’entourage également. Je ne dis pas que la façon de penser de mes personnages est LA réalité ; c’est une réalité parmi d’autres.
Je n’ai pas décidé sciemment de bousculer les lecteurs et lectrices. C’est la situation qui le fait. Elle nous pousse à nous interroger : « Et moi, de quelle façon aurais-je agi ? »
Bepolar : Les thématiques sont fortes. Qu’avez-vous envie que vos lecteurs et lectrices emportent en fermant le livre : l’histoire qui les a happé ou la thématique des violences faites aux femmes ?
Magali Collet : Je suis autrice et j’aimerais que l’histoire les emporte. Je ne suis pas une spécialiste des violences faites aux femmes, mais elles m’interrogent. Si, en lisant Les Yeux d’Iris, certains lecteurs et lectrices retiennent cette thématique, j’en serais ravie.
Bepolar : Quels sont désormais vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Magali Collet : Mon prochain roman est terminé et paraîtra fin 2022. Il s’agira également d’un thriller, mais il ne parlera plus de violences faites aux femmes. J’avais envie d’explorer un tout autre domaine.
Je travaille à présent sur un autre manuscrit. Il est encore trop tôt pour en parler, mais cette fois encore, la thématique sera différente.