- Auteur : Dominique Manotti
- Editeur : Points
- Collection : Points Policier
- Date de sortie : 4 mai 2006
- ISBN : 2757800043
- EAN : 9782757800041
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Résumé :
1944, dans Paris occupé par les troupes allemandes, entre le débarquement des Alliés en Normandie et la libération de la ville deux mois et demi plus tard.
L’ordre nazi imposé par l’occupant est le désordre absolu. La SS allemande, qu’on appelle le corps noir, et son auxiliaire, la Gestapo française, règnent encore, à coups de meurtres, de rapines, de corruption. Tout leur est dû, et elles prennent tout.
Autour d’elles, avec elles, industriels, banquiers, artistes, écrivains s’enrichissent et font la fête. Mais les plus perspicaces sentent le vent tourner et préparent la suite.
Dominique Manotti, avec la précision de l’historienne et l’efficacité de la romancière qui, jusqu’ici, a porté au plus haut le roman noir français, raconte la décomposition et la chute de ces groupes de mort, coincés entre la pression des Alliés à l’ouest, la déferlante des troupes soviétiques à l’est et l’action des résistants dans la ville même.
Écrit comme un thriller, voilent comme un coup de point, ce roman peint ceux qui perdent, ceux qui s’en sortent, et ceux qui se retrouvent toujours, quoi qu’il arrive, dans le camp des vainqueurs.
1001histoires 28 mars 2020
Le corps noir - Dominique Manotti
Le corps noir : l’action se situe presque exclusivement à Paris, entre le 6 juin et le 25 août 1944. A chaque date, l’auteure fait référence à l’actualité du jour. Le 6 juin 1944 les alliés débarquent en Normandie. Le 25 août la 2e DB pénètre dans Paris libéré.
Entre ces deux dates, Paris était occupée. Dominique Manotti raconte les ultimes semaines noires vécues par la capitale. Il y avait la Wehrmacht ( l’armée allemande ). Reconnaissables à leur uniforme noir, il y avait la SS et son service de sécurité la Gestapo. La Gestapo employait de nombreux auxiliaires français. Les parisiens tentaient de survivre.
Début 1944 marque le déclin des groupes gestapistes français. Il y avait celui de René Deslauriers qui officiait au 180 de rue de la Pompe. Il y avait celui d’Henri Lafont qui était appelé la Carlingue et qui officiait au 93 de la rue Lauriston. Il y en avait d’autres et entre eux c’était un peu la guerre des gangs ... Il y avait de l’argent à se faire à cette époque, beaucoup d’argent. Les actions anti-terroristes n’étaient qu’un prétexte à voler tout ce qui pouvait être revendu au marché noir ou servait à honorer les commandes d’oeuvres d’art passées par les officiers allemands.
Ce roman de Dominique Manotti, outre l’aspect historique insiste sur l’état d’esprit de ces officines gestapistes alors que leur fin de règne approche. Leurs membres ont compris, la guerre est perdue. Doivent-ils fuir, se faire oublier pendant les règlements de compte, avant de ressortir de leur trou avec les fortunes accumulées ? Doivent-ils rester, il n’est peut-être pas trop tard pour s’acheter une nouvelle vie, il faudra bien reconstruire le pays et la France pourrait avoir besoin d’eux ?
Il y avait aussi une vie festive dans le Paris occupé. Le champagne coulait à flots la nuit dans les cabarets sous l’oeil complaisant de la Mondaine. On dansait la nuit à Paris et dans les mêmes rues le jour on torturait. Le monde de la nuit pouvait-il ignorer ce qui se passait le jour ? Viviane Romance, Jean Marais, Sacha Guitry, Cocteau ...
Domecq est un modeste inspecteur du 36. Le lecteur suit ses pas, incertains et prudents mais il le devine aussi habile. Il a ses entrées et des connaissances. Que cache-t-il ?
La 2ème DB arrive sur Paris précédée des barricades et de l’insurrection. Des ados à peine sortis de l’enfance prennent les armes. La jeunesse avenir de la France est le seul rayon de lumière dans ce roman noir qui retrace l’atmosphère de la fin de l’occupation à Paris. Si de cette époque, le rationnement et les privations ont été maintes fois présentés, Dominique Manotti en s’appuyant sur une documentation sans faille insiste sur la face cachée de la collaboration, celle des odieux profiteurs et celle de ceux qui sont devenus résistants de la dernière heure pour apparaître en toute impunité lors de la reconstruction de la France.