- Auteur : Laure Rollier
"Chaque porte renferme des secrets. Oserez-vous pousser celle du 19, River Street ?" Avec son nouveau roman, Laure Rollier nous plonge das les mystères d’une adresse angoissante, sur fond de disparition d’enfant. Interview de l’autrice...
Bepolar : Comment est née l’idée de 19, River Street ? Qu’est-ce que vous aviez envie de faire ?
Laure Rollier : Mes histoires naissent toujours d’un rien. D’une phrase, d’une photo, d’un souvenir qui peut sembler anodin, mais que je garde avec une idée derrière la tête. Pour ce roman, c’est une maison qui m’a interpelée. J’ai vu une femme entrer chez elle, l’air totalement démuni, et je me suis demandé ce qu’il pouvait bien lui arriver pour qu’elle soit si triste. Et surtout, je me suis posée une question : que va-t’elle faire une fois avoir refermé la porte ?
Je voulais que tout le monde se pose la même question que moi : que se passe-t-il dans cette maison ?
Bepolar : On y suit les aventures de Maddie. Douze ans après la disparition de sa fille, un petit mot lui indique qu’elle est toujours en vie. Qui est Maddie au début du roman ? Comment vous pourriez-nous la présenter ?
Laure Rollier : Maddie est psychologue et vit recluse dans sa maison, au 19, River Street à Seattle où elle reçoit ses patients. C’est une femme détruite, brisée, qui ne s’est jamais remise de la disparition de sa petite fille, douze ans plus tôt. Sa vie de couple a volé en éclats. Son fils ainé ne lui adresse plus la parole depuis longtemps. Elle est plus isolée que jamais et pourtant, elle possède cette espèce de rage, de courage même, qui fait qu’elle ne baisse pas les bras. Le jour où elle trouve ce message, elle fonce tête baissée à la recherche de son enfant. C’est une femme forte, malgré les apparences.
Bepolar : Ecrire sur la disparition d’une enfant est un sujet toujours délicat. Comment l’avez-vous abordé ?
Laure Rollier : Je suis toujours dans l’empathie avec mes personnages. Encore plus avec Maddie, car je suis maman également, et donc je ne peux qu’imaginer sa souffrance et son combat. Je lui ai insufflé ma force à chaque fois que je la sentais défaillir. C’est étrange à dire, mais c’est exactement ce que j’ai ressenti.
Bepolar : Les chroniques louent vos personnages et leurs profondeurs. Comment les travaillez-vous ?
Laure Rollier : J’ai du mal à dire que je les travaille, car c’est le contraire, ce sont eux qui me travaillent. Quand j’écris, je suis possédée. Mon être tout entier disparaît et devient la main qui raconte ce que mes personnages veulent bien lui confier. Je n’ai pas l’impression de les inventer, comme si je les avais déjà croisés, dans une autre vie, et qu’un jour ils se pointaient devant ma porte, avec leur lot de problèmes et demandaient mon aide.
Bepolar : Il y a aussi cette maison, le 19, River Street. C’est presque un personnage. Comment avez-vous envisagé ce bâtiment ?
Laure Rollier : Et bien, comme vous le dites, comme un personnage à part entière. Souvent, j’ai la sensation que les lieux ont une histoire. Les murs protègent tellement de secrets. Cette maison, je l’ai vue, je l’ai photographiée, et je savais qu’un jour elle ressortirait dans un roman.
Bepolar : Qu’est-ce que vous aimeriez que vos lecteurs et lectrices ressentent une fois la dernière page tournée ?
Laure Rollier : De la bienveillance envers mes personnages. Qu’ils leur pardonnent leurs failles également. Mais surtout, j’ai envie que le lecteur se dise : "Purée, je n’ai rien vu venir !"
Bepolar : Quels sont vos projets, sur quoi travailler vous ?
Laure Rollier : Je viens de terminer mon prochain roman qui sortira en 2025 chez Récamier toujours et j’ai plusieurs projets d’albums jeunesse en cours.
Bepolar : Qu’est-ce qui fait un bon polar ?
Laure Rollier : Il lui faut nécessairement 3 ingrédients : un secret, des personnages humains, pas des super héros, mais vous et moi et une fin renversante. Un feu d’artifice avec un bouquet final qui vous coupe le souffle.