- Réalisateur : Nathaniel Martello-White
- Acteurs : Michael Warburton, Justin Salinger, Ashley Madekwe
- Distributeur : Netflix
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique
- Plateforme : Netflix
- Date de sortie : 22 février 2023
- Durée : 1h40min
Inscrivez-vous ou connectez-vous pour pouvoir participer au Club !
Résumé :
Installée dans une jolie banlieue, une femme noire à la peau claire s’est méticuleusement façonné une vie privilégiée, que l’arrivée de deux inconnus vient ébranler.
A première vue, Dans leur ombre constitue un hommage presque parodique au cinéma de Jordan Peele. Mais considérons l’existence même du film comme une mauvaise interprétation de Get Out ou de Us, dans la mesure où le long métrage de Nathaniel Martello-White en est un décalque grossier, à moins que la manière de Peele soit une incitation au pastiche.
Quelle serait donc la recette ? Prenez un enjeu à la fois social et sociétal (la discrimination raciale), construisez un récit à forte charge symbolique, avec des personnages aisément identifiables, dont la réversibilité saute aux yeux, assujettissez la mise en scène aux intentions globales pour configurer une série de scènes spectaculaires dont la fin sera un climax annoncé (en l’occurrence, ici, ce que le film, découpé en chapitres, appelle ironiquement "une réunion de famille", l’antiphrase annonçant la vengeance annoncée).
Si l’on touille, on obtient donc Dans leur ombre, un modèle d’objet cathartique que condense un seul personnage, incarnation d’une mauvaise conscience à expulser. Lequel personnage constitue un oxymore jusque dans son apparence physique, comme si la trahison de ses origines avait dépigmenté sa peau et condamné sa descendance, selon l’orthodoxie du schéma tragique. Dans cette perspective, les enfants sont noirs sans l’ébène et leurs symétriques (un jeune homme, une jeune femme) leur renvoient l’image de ce qu’ils ont oublié (c’était déjà l’argument du deuxième film de Peele, Us).
Nathaniel Martello-White propose une œuvre moralement irréprochable et esthétiquement pataude, parce que, dans ce constant clignotement de signaux, l’attention du spectateur n’a pas la possibilité d’augurer quelques situations fictionnelles excitantes : on sait d’emblée que le vernis des apparences se cristallisera dans un modèle de maison-témoin, à la symétrie désespérante, qu’il s’agira de saccager. Quant aux habitus de la bourgeoisie faussement philanthrope (madame investit dans la charité bien ordonnée qui finit surtout par elle-même), ils seront saisis à la sauce Netflix. Quel est le cahier des charges ? Mouler son propos dans une forme standardisée, parfaitement idoine, dès lors que, sur la gamme des produits à vendre, tout doit être disponible, du film d’horreur au drame sentimental. Au service de la paresse créative, chaque effet sera décuplé par le dispositif qui le soutient (un malaise vaut bien un ralenti, une émotion vaut bien un gros plan, une crise vaut bien une performance d’acteur). Conforme aux attentes, se tient Dans leur ombre, mal joué, mal écrit, mal mis en scène, qui ne prodigue pas le frisson attendu.
Chineuse Deculture 15 juin 2023
Dans leur ombre : l’influence mal digérée de Jordan Peele
Clairement l’influence se démasque rapidement, musique appuyé, regard effrayé, silence gênant, ligne de dialogue percutante dans un décor digne de "don’t worry darling" d’Olivia Wilde, la mise en scène prodigue un découpage de l’action sous différents angles. Seulement cette opération ne peut pas pallier au manque de scénario pour arriver à la scène de fin grandiloquente, de bonnes idées mais pas de chute ni sur la maternité ni sur le racisme. Peu mieux faire...