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Ces lieux sont morts - Patrick Graham

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Résumé :

Le docteur Eric Searl du Good Samaritan Hospital de Los Angeles ne vit que pour les « endormis ». Ceux qu’un accident ou qu’une maladie a plongés dans un coma profond et qu’il faut accompagner vers le réveil… ou la mort. Searl serait un pur héros s’il s’occupait aussi bien des « éveillés », et en particulier de sa propre famille.
C’est bien pour cela que Rebecca, sa nouvelle compagne, le maudit lorsqu’il rate leur avion à la veille de Noël et qu’elle se retrouve à conduire les trois enfants de Searl dans le chalet familial. Un lieu totalement isolé en plein coeur des Rocheuses. Malgré une tempête de neige épouvantable, Rebecca arrive tant bien que mal à bon port.
Sa seule erreur de parcours aura été de vouloir sauver un jeune autostoppeur du froid. Un auto-stoppeur bègue qui lui a menti sur sa destination. Lorsque Searl prend la peine d’appeler Rebecca, ce qu’il entend à l’autre bout du fil, ce sont des portes qui claquent, les hurlements des siens, et L’Enlèvement au Sérail . Puis cette voix, glaçante : « Àààà votre plaaace, je deviendrais complètement fffou, doc. » La voix de celui qui a agressé sa famille et enlevé sa petite fille. Pour Searl, le compte à rebours a commencé…

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Vos #AvisPolar

  • universpolars 15 octobre 2024
    Ces lieux sont morts - Patrick Graham

    Aller gratter au fin fond du cerveau réserve parfois des surprises ! Patrick Graham nous le démontre avec ce thriller totalement déstabilisant. Le genre de roman, - je pense que vous connaissez ce genre d’impression -, qui, une fois terminé, vous tracasse encore et encore durant de longues minutes, voir le lendemain (c’est mon cas à présent).

    J’ai souvent connu ce genre de sentiments après avoir lu du Thilliez par-exemple. Le genre de roman qui vous pousse à relire quelques pages afin de vérifier certaines informations qui vous ont échappées ; c’est mon cas également...

    Finalement, le genre de roman qui, durant la lecture, vous laisse sceptiques sur quelques détails qui vous semblent erronés, pas vraiment logiques, à la limite de se demander si l’auteur nous prendrait pas parfois pour des idiots, et finalement lorsque vous arrivez au dénouement vous vous dites qu’idiots, vous l’êtes, car vous n’avez rien vu venir !

    Je vous parle d’abord un peu de l’histoire qui compose ce roman puis je vous livrerai mes quelques ressentis.

    Warren, chasseur de primes, ramène un gamin de 20 ans qui s’est fait la malle d’un centre de détention expérimental situé dans le Dakota. Le jeune homme va tout tenter pour s’arracher des griffes de son rabatteur professionnel, afin d’éviter à tout prix de retourner dans ce centre qui traite les tueurs en série. Quant au Dr Eric Searl, il oeuvre au Good Samaritan Hospital, service des endormis, respectivement dans un secteur Hi-Tech qui accueille des personnes accidentées plongées dans le coma à divers stades.

    Ce praticien, grand spécialiste en la matière, accompagne ces comateux vers un réveil probable, ou malheureusement vers la mort aussi. Ce médecin a mis au point une nouvelle technique, - voir même une nouvelle technologie -, se basant sur les sens du patient, à savoir l’odorat et l’ouïe principalement, permettant ainsi d’accompagner les victimes jusqu’au réveil, en essayant de faire émerger également les souvenirs qui nous quittent parfois pour aller errer on ne sait trop où, mais pour toujours. Tout un programme !

    A tel point que ce psychiatre, tellement ancré dans son job, oublierait presque le monde des vivants, à savoir ses trois enfants et sa nouvelle amie Rebecca qu’il devait rejoindre pour passer Noël en montagne, dans les Rocheuses, dans sa maison de vacances. Rendez-vous manqué. Rebecca et les enfants du docteur prennent alors possession de leur maison de vacances située en pleine montagne, un habitat relativement isolée. Nous sommes en pleine tempête, franchement ça caille !

    Lorsque le Dr Searl prendra contact avec son amie par téléphone pour annoncer qu’il arrivera dans les plus brefs délais, c’est une voix inconnue et bégayante qu’il entendra, émergeant parmi un brouhaha terrible : "Aàààà votre plaace, je deviendrai complètement fffou, doc."

    Parallèlement, nous apprenons qu’un tueur en série - grosse série ! - rôde dans la région ; "un malade" qui se serait échappé d’un établissement de haute sécurité. La famille Searl est sérieusement en danger. Dès son arrivée dans la maison de vacances, le psychiatre devra se contenter des restes, ceci dans tous les sens du terme. De plus, sa petite fille n’est plus présente.

    Une surprenante et étonnante course contre la montre débute alors dans ce paysage givré et glacial d’abord, mais dans les synapses du cerveau ensuite. Le Dr Searl va utiliser son art pour tenter de retrouver sa petite fille, soit d’entrer dans le cerveau de celle qui sera susceptible de lui donner des informations lui permettant de localiser la fillette. Cette personne se prénomme Mila, elle se trouvait dans le coma suite à un accident. Elle est à présent en phase de réveil, totalement amnésique et extrêmement fragile. Elle demeurera paradoxalement le seul guide pour le Dr Searl. Je ne vous donne pas plus de détails, évidemment.

    Car vous vous demandez certainement ce que cette fille vient faire dans cette histoire ! Un immense et pénible voyage dans le monde complexe de la mémoire débute alors pour nous comme pour eux. Pour lui montrer le chemin, le psychiatre devra la stimuler en utilisant toutes les ressources dont il est capable de fournir, tout en sachant qu’aucun droit à l’erreur n’est envisageable. Ce qui va être totalement déstabilisant à ce stade du roman, c’est que la patiente va découvrir en même temps que le praticien sa vie d’avant le coma, par bribes toutes aussi sombres les unes que les autres. A mon sens, le grand coup de maître se situe là ! Je ne vous en dis pas plus.

    Une bataille entre le FBI et le Dr Searl va également débuter, conflit d’intérêts ; retrouver la fille, ou retrouver le tueur qui sévi depuis quelques temps déjà. L’auteur nous envoie dans la face maints rebondissements à caractère psychologique qui nous repoussent à chaque fois en arrière pour nous faire prendre une direction différente. La tension qui nous traverse le corps et l’esprit est d’une grande régularité et d’une excellente intensité.

    La "puissance" des personnages en est le vecteur principal. Patrick Graham, dès les premières pages, nous emmène dans l’âme humaine, dans les recoins les plus difficiles à atteindre de cerveaux bousillés et mal en point. Nous déambulons comme des touristes trop curieux dans le souvenir de personnes dont le cerveau se déchire en mille morceaux de vie, dans leur univers situé entre deux mondes dont la frontière n’est pas trop distincte.

    L’auteur crée cette ambiance étouffante d’une manière très visuelle, très claire tout de même et quelque peu perturbante. Dès cet instant, franchement, j’ai accroché immédiatement car je découvrais un style et une trame qui m’étaient jusque-là inconnus.

    L’exploration du cerveau nous a déjà été servie à maintes reprises, c’est vrai, mais mélangée au style de Graham, cela donne, pour moi, une nouvelle façon de voir les choses. L’auteur nous capte rapidement en nous emmenant dans ce monde fascinant englobant des dégradations de l’âme tels que le coma, l’amnésie et la recherche de son identité. Mais Graham va encore un peu plus loin que cela.

    Par ailleurs, j’ai totalement adhéré à l’univers de ce roman en ce qui concerne le décor. Patrick Graham nous peint une toile très forte ; la région est aussi fascinante qu’hostile, l’atmosphère est lourde, étouffante, mais en même temps nous prenons un énorme bol d’air pur ! A l’image de ce Chevrolet Avalanche qui grimpe les cols verglacés de la région des Rocheuses, avec à son bord Rebecca et les enfants du Dr Searl, vers une destination dont ils ne sont pas vraiment sûrs de pouvoir atteindre, ceci pour diverses raisons.

    Les personnages évoluent dans un univers très cinématographique, qui dégage du froid, de la glace et qui nous prends à la gorge. Ce contexte glacial me fait vraiment penser à l’ambiance d’un des romans de Bernard Minier, dans lequel le paysage prend le rôle non négligeable d’un personnage à part entière. La chaleur sera aussi présente, dans un autre décor tout aussi prenant et, évidemment, tout aussi inquiétant !

    L’écriture de Graham est découpée au scalpel, froide et d’une redoutable efficacité. En ce qui concerne les personnages, l’auteur nous dessine des personnes aux contours très marqués, dotés d’un caractère fort qui nous accapare et nous absorbe bien comme il faut.

    Les protagonistes du roman sont d’une belle épaisseur, c’est le moins que je puisse dire. Nous sommes face à des personnes relativement inquiétantes pour certaines, absolument insupportables pour d’autres, ou encore quelques-unes qui arriveraient presque à nous toucher dans le mille, si ce n’est pas carrément le cas, à l’image du shérif Crawley. Très enrichissant aussi de découvrir le train de vie de personnes vivant dans cette Amérique montagnarde, avec ses rustres au franc-parler qui n’ont peur de rien !

    Le personnage du Dr Searl est assez paradoxal ; d’un cynisme et d’une froideur sans précédent et en même temps doté d’une âme très à l’écoute des autres, à l’image de ses patients, à moitié morts il est vrai.

    Le second coup de maître se situe vers le dénouement, pas tout à fait, un petit peu avant, où Patrick Graham nous fait gentiment comprendre qu’il nous a manipulés depuis le début et sans vergogne. On en ramasse plein la gueule, mais avec le sourire, bien entendu. Quoi que... L’auteur nous déstabilise encore davantage, surtout lorsque nous tournons la dernière page... Une affaire à suivre ? ;-)

    Laissez-vous surprendre !

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