Bepolar : Votre présentation dit que vous êtes chercheur spécialiste de la Révolution française. Comment avez-vous basculé dans l’écriture et le roman ? Et pourquoi le polar ?
Tristan Mathieu : L’écriture m’a toujours attiré et, alors que je changeais de vie, l’opportunité m’a été donné d’écrire par les éditions Presse de la Cité. Ce changement de carrière a été relativement naturel, le roman n’étant qu’une nouvelle manière de partager ma passion de cette période. Et quel meilleur genre que le polar pour faire vivre une intrigue historique ? Cela m’est apparu comme une évidence.
Bepolar : 1800 : La Main de sang se déroule en juin 1800 à Paris. Pendant trois jours, la France n’a pas eu de nouvelles de Bonaparte suite à la bataille de Marengo. On imagine sans peine toutes les rumeurs qu’il y a pu avoir. Qu’est-ce qui vous intéressait dans cette période ? Justement qu’elle soit incertaine ?
Tristan Mathieu : Tout à fait, c’est là un grand moment de tension, relativement méconnu, où l’histoire aurait pu basculer dans une direction différente. Autant dire le matériel parfait pour une bonne intrigue, l’incertitude politique et le chaos qui va avec ne faisant qu’aller croissant tout au long du récit, ce qui pousse tous les personnages jusqu’à leurs limites.
Bepolar : On y croise de grands personnages historiques comme par exemple Talleyrand. Ont-ils été difficiles à imaginer, à incarner pour qu’ils deviennent de véritables protagonistes de votre roman ?
Tristan Mathieu : Les personnages historiques comme Talleyrand et Fouché ont en effet demandé beaucoup de travail de recherche afin de pouvoir cerner les personnalités très ambigües de ses figures controversées. Je ne compte donc plus les biographies de ces deux hommes que j’ai lu et mise en relation les unes avec les autres afin de rendre le plus authentique possible ces personnages.
Bepolar : On suit deux personnages, Armand et Julie. Est-ce que vous pourriez nous les présenter ?
Tristan Mathieu : Armand est un petit aristocrate de province qui a quitté la France juste avant la Révolution et a depuis vécu une vie particulièrement agitée d’aventurier à travers trois continents. Fraichement de retour dans le Paris du Consulat, ce trentenaire fringuant souhaite oublier son passé trouble et profiter pleinement de sa nouvelle vie.
La jeune Julie à quand elle connut les derniers jours de Versailles durant son enfance, sa famille de courtisans ayant disparu durant la tourmente révolutionnaire, qu’elle a subi de plein fouet. Après de longues années sombres, elle reparait à Paris dans les bagages de Talleyrand, son protecteur, qu’elle suit et assiste dans son ascension politique.
Bepolar : Vous avez une construction en trois parties. Comment avez-vous travaillé pour l’écriture de ce roman ?
Tristan Mathieu : C’est peut-être un mauvais héritage universitaire de ma part mais la division tripartite m’est chère et je la reproduis donc naturellement afin d’organiser le récit. Il en a été de même pour mon travail d’écriture, qu’il a fallut structurer en partant pour ainsi dire de rien, ce qui ne s’est pas fait sans mal, mais c’est avéré salvateur afin de trouver le rythme qui me convenait. Et à partir du moment où j’ai été à l’aise avec une manière d’écrire, le processus créatif s’est lancé de lui-même à une vitesse de croisière convenable, le tout assisté d’un gros travail de recherche et de lecture de sources afin d’éviter toute erreur historique.
Bepolar : Il vient tout juste de sortir. Est-ce que vous avez de nouveaux projets ou de nouvelles envies de polar ?
Tristan Mathieu : La Main de sang a été dès l’origine pensé comme une introduction, à la fois à une époque et à des personnages. Je compte donc continuer sur ma lancée et poursuivre les aventures d’Armand et Julie, le deuxième tome étant déjà en cours d’écriture afin de paraître dans le courant de l’année prochaine. L’épopée napoléonienne ayant encore quinze ans devant elle, j’ai encore quelques grands moments dignes d’être transfo