- Réalisateurs : Alex Kurtzman - Jenny Lumet
- Acteurs : Rebecca Breeds, Lucca De Oliveira, Michael Cudlitz
- Nationalité : Américaine
- Date de sortie : 11 février 2021
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« Clarice », la série de CBS inspirée du « Silence des Agneaux », vient de dévoiler son pilote sur la plateforme Salto en US+24. Que faut-il penser des premiers pas de l’agent Clarence Starling dans une série télévisée ?
Tirée du célébrissime roman de Thomas Harris « Le Silence des Agneaux », la nouvelle création CBS se présente comme la suite de l’immense thriller que l’on sait. Son intrigue se passe en 1993, soit un peu plus d’un an après les terribles événements relatés par le film culte de Jonathan Demme (1991). L’on y suit une Clarice Starling, officiellement toujours stagiaire du FBI à Quantico, aux prises, à la fois avec des médias impitoyables depuis l’affaire retentissante du tueur Buffalo Bill, et tiraillée par une hiérarchie machiste totalement tyrannique. Repérée par une femme politique, la jeune femme se retrouve aux trousses d’un nouveau tueur. Sur fond de potentielle machination, elle ne sait si elle traque un serial-killer ou juste un complot dont elle serait malgré elle l’instrument…
À noter qu’il ne sera jamais question du cruel et fascinant Hannibal Lecter dans "Clarice", tout simplement car la série ne possède pas les droits du personnage.
Qu’est-ce que ça donne, le premier épisode de "Clarice" ?
S’il s’avère pour l’instant difficile de donner un avis tranché sur la série, l’impression n’en reste pas moins mitigée, la faute à un déluge d’effets tantôt frisant le ridicule, tantôt opportunistes. Que la force et la ténacité de la Clarice incarnée par Jodie Foster se voient émoussées par une version plus consensuelle – Rebecca Breeds, actrice australienne notamment connue pour "Pretty Little Liars" – passe encore. Juste dommage que la nouvelle venue, jusqu’à présent un peu trop jolie et manquant encore de fêlures, échoue à exhumer toute la puissance du jeu de l’Américaine. Mais il y a plus ennuyeux : la réalisation, le rythme et même jusqu’à la police d’écriture – on se croirait dans la trilogie du samedi –, tentent de convoquer une sorte de fétichisme nostalgique des années 90. Or, le résultat fait vraiment toc.
Toujours hantée par son incursion dans la maison de Buffalo Bill, Clarice revit en flashs ce fameux moment de poursuite éprouvante, entre le puits-geôle, les aboiements du caniche « Précieux » (qu’elle a eu la géniale idée de conserver !) et la salle obscure aux papillons. L’ennui, c’est que tout cela nous est donné à voir dans une version aseptisée et sous stéroïdes, comme si un Tony Scott low cost se trouvait aux manettes. Les plans, stroboscopiques, s’enchainent en cascades sans aucune volonté de créer de réelle atmosphère. Or, c’est précisément ce qui faisait l’intérêt du "Silence des Agneaux", dont la langueur des plans installait une tension assez phénoménale. Pâle copie de la géniale partition d’Howard Shore, la musique de Jeff Russo ne relève pas vraiment non plus le niveau.
Alors sans toutefois déjà parler d’échec, on se réconforte avec quelques motifs clés du film que la série ressuscite ici ou là, et ce même s’il s’agit de facilités : cela passe par l’iconique Ford Pinto de Clarice, aussi inséparable de la protagoniste que la Peugeot 403 de Columbo, ou encore par ces quelques plans aériens au-dessus de routes boisées sinueuses, marque de fabrique du chef d’œuvre de Demme lorsqu’il s’agit d’emmener symboliquement l’héroïne par-delà le Mal. Gageons néanmoins que la série "Clarice" abandonne dans ses futurs épisodes la carte de l’esbroufe pour distiller une vraie tension psychologique, qu’elle prenne le temps comme son aîné d’installer le récit et de fasciner.