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Pearl : un mélodrame saignant

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Résumé :

Piégée dans la ferme isolée de sa famille, Pearl doit s’occuper de son père malade sous le regard autoritaire de sa mère dévote. Désireuse de mener une vie glamour comme elle l’a vu dans les films, Pearl voit ses ambitions limitées... ce qu’elle n’apprécie pas du tout !

Renouant avec le cinéma d’horreur transgressif des années 70, X de Ti West avait déjà enchanté la critique et le public. Sa fin annonçait une suite.

La préquelle Pearl permet d’en savoir plus sur les origines d’une tragédie, puisqu’il porte le nom d’une héroïne particulièrement jalouse et vindicative, dont la haine, catalysée par le tournage d’un film pornographique, avait, on s’en souvient, engendré une série de meurtres spectaculaires, puis un duel avec une incarnation symbolique de la dualité, la sensuelle Maxine Minx. On sait ce qu’il advint de la vieille femme enragée : elle finit écrasée par les roues d’un camion.

Le deuxième épisode de l’enthousiasmante trilogie revient sur les jeunes années de la dite Pearl pour explorer la généalogie d’une catastrophe. Ti West est à nouveau derrière la caméra, l’excellente Mia Goth abandonne la double interprétation du premier opus et se concentre sur son rôle d’héroïne bouffie d’orgueil, prête à tout pour quitter la ferme familiale au Texas, sa mère autoritaire et castratrice, son père grabataire, tout en pensant à son mari parti à la guerre. La protagoniste rêverait d’une carrière hollywoodienne et de rejoindre le décor du cinéma naissant, dont les premiers films reflètent la magie illusoire. Femme enfant, grandie auprès des animaux qu’elle maltraite par rejet de sa condition, Pearl flirte avec une certaine idée de la morbidité qui lui offre des moments orgasmiques : le massacre d’une oie qu’elle a pourtant aimée, la danse improbable avec un épouvantail qu’elle chevauche jusqu’à l’extase, résument la dualité d’un personnage hanté par Eros et Thanatos. Cette déchirure prolonge le portrait du premier long métrage, mais Pearl prend le temps d’en explorer les arcanes, plus attaché à construire la figure d’une héroïne pathétique qu’à marcher sur les plate-bandes du slasher. A ce titre, la dimension rétro de l’œuvre, qui parodie la grande époque du Technicolor dès le générique, se souvient aussi des mélodrames de Georges Cukor, en même temps que des grandes séquences d’Hitchcock, lorsque l’imminence de la catastrophe crée le désir d’en susciter l’attente.
Dès le début, l’existence d’une tension familiale et d’une frustration à la hauteur des interdits qu’incarne la mère profile une vengeance aussi explosive que ne l’est le caractère contrarié de Pearl. La rencontre d’un jeune projectionniste, les images licencieuses qu’il lui montre sur l’écran, les injonctions à la réussite individuelle déliée de tout remords, ne font qu’accélérer la décision de la jeune femme. La caméra s’attache à son héroïne, en jouant de toute les échelles de plan, pour mêler le drame intime et le contexte qui lui sert d’écrin.

Dans le rôle principal, Mia Goth, également co-scénariste, est proprement hallucinante, passant de la confession pathétique à la rage la plus folle, tantôt bourreau, tantôt victime. Sa performance demeure dans les mémoires, bien après la fin du film.

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