- Réalisateurs : Régis Blondeau - Julien Colombani
- Acteurs : Simon Abkarian, Franck Gastambide, Michaël Abiteboul, Jemima West, Tracy Gotoas
- Séries : Sans répit
Carton plein sur Netflix, ce premier film de Régis Blondeau tient du nanar total. Standardisé à outrance, il essaye sans succès de revisiter le thriller Coréen Hard Day. N’en ressort qu’un film d’action insignifiant et stérile.
Visé par une enquête pour corruption, le lieutenant Thomas Blin est en route pour les funérailles de sa mère. Il fait nuit et au volant de son véhicule, le policier fait un écart pour éviter un chien. Il percute alors en retour un homme, qui décède sur le coup. Thomas entreprend de dissimuler son cadavre. Mais il est bientôt rattrapé par la réalité et par un inquiétant maître chanteur…
Inspiré de l’efficace thriller sud-coréen Hard Day (Kim Seong-hun, 2014), Sans répit tombe malgré lui dans la parodie la plus absolue. L’intrigue passe de Séoul au Havre, et c’est une débâcle. Trop premier degré et poseur pour restituer la nuance du film dont il est tiré, ce premier long-métrage de Régis Blondeau coche presque toutes les cases du nanar. Ce dernier pourrait même faire cas d’école. La direction d’acteurs, beaucoup trop pataude et caricaturale, y est pour beaucoup. Dans le rôle du ripoux Thomas Blin, Franck Gastambide voudrait passer pour un Vin Diesel ou un Jason Statham. Malheureusement, le comédien fait à ses dépens l’effet d’un Éric Judor perdu dans un polar acéré. Infinie succession d’embûches macabres (à la manière de Memories of Murder ou J’ai rencontré le Diable mais en totalement creux), Sans répit tente de distiller une descente aux Enfers dans les règles de l’art. Tout ce qui ressort de cette entreprise ratée relève pourtant, sauf rares exceptions, exclusivement du grotesque. Seuls quelques acteurs, dont Michaël Abiteboul et Simon Abkarian à la rigueur, sauvent quelquefois le navire du naufrage.
Le plus gros écueil de Sans répit concerne son scénario. Au mépris de toute logique et vraisemblance, les scènes d’action et moments de bravoure s’enchaînent piteusement. C’est simple : aucun protagoniste ne réagit comme il le devrait, même un tant soit peu. L’épouse du lieutenant Thomas Blin accepte par exemple de quitter brusquement le domicile conjugal pour un séjour spa, et ce, en plein milieu de la nuit et sans demander son reste. La séquence du faux accident en pleine rue à quelques pas des policiers apparaît également des plus navrantes. On se croirait dans la saga Taxi.
S’il fallait toutefois sauver un seul ingrédient de cet échec catégorique, il s’agirait certainement de sa réalisation. Si la mise en scène apparaît des plus pauvres, simulant souvent pitoyablement l’atmosphère de Hard Day, la direction de la photographie reste quant à elle présentable. C’est d’ailleurs grâce à cette dernière que l’on résiste souvent à l’envie impérieuse d’arrêter le film avant la fin. Car en matière d’ennui, ce premier film laisse le spectateur vraiment sans répit. Un peu comme si le titre lui-même recherchait l’auto-parodie. Tout cela, malencontreusement, s’avère inconscient et inconséquent. Un fiasco à oublier d’urgence.
À noter que les grandes organisations professionnelles de cinéma se sont récemment félicitées de l’engagement de Netflix en matière de productions made in France. Le pape du streaming a en effet annoncé en février s’apprêter à investir 30 millions d’euros au sein de celle-ci. Gageons que cette manne ne serve pas à financer des films aussi ratés et inutiles que Sans répit. Rien n’est moins sûr, toutefois, compte tenu du succès rencontré par le film sur la plateforme.
Disponible sur Netflix, Sans répit est adapté du polar sud-coréen Hard Day (Kim Seong-hun, 2014).