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Black Phone : quand la vie ne tient qu’à un fil

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Cette production Blumhouse, mise en scène par le réalisateur de Sinister, est à ranger dans la catégorie des réussites fantastiques de ces dernières années et l’on est bien content de retrouver sur Netflix ce film qui avait particulièrement retenu l’attention à sa sortie dans les salles. Bien avant de s’appuyer sur un oppressant huis clos pour créer le malaise, Black Phone distille une ambiance fataliste que souligne une très belle photographie vintage (nous sommes en 1978), comme si l’enfance volée était aussi l’enfance perdue, pour qui l’a rêvée meilleure qu’elle n’a été.

La première partie de l’histoire se souvient à la fois de Virgin Suicides et du somptueux clip de Boards Of Canada, Everything You Do is a Balloon, où, un à un, de jeunes cyclistes masqués perdaient la vie à cause d’un accident. Mais ici, point de hasard : le malheur s’incarne dans un psychopathe faussement magicien, dont les ruses rappellent le célèbre clown tueur de Ça. Et les disparitions s’enchaînent, avant que le héros du film, un jeune garçon fragile, Finney Shaw, ne soit à son tour victime du criminel masqué, au comportement erratique.

Black Phone est sans doute plus fort dans sa première demi-heure absolument déprimante qui ne laisse aucun espoir à ses protagonistes, puisque les enfants livrés à eux-mêmes, engagés dans de violents conflits, tentent de survivre, alors que les adultes sont soit désarçonnés (la police), soit maltraitants (le père du héros, alcoolique et violent).

Après l’enlèvement du protagoniste, le long métrage bifurque vers un survival plus classique qui a le bon goût de décaler la perspective dans sa représentation du boogeyman, une sorte de Minotaure perdu dans son propre labyrinthe. Mais le scénario semble contourner la difficulté en misant sur un vieux téléphone directement branché sur l’au-delà, profilant des scènes de dialogue attendues entre Finney et d’autres compagnons d’infortune, victimes d’un semblable criminel.

Tout de même, la sobriété de la mise en scène parvient à créer une attente fiévreuse, angoissée, ainsi qu’une empathie avec la jeune victime dont le destin semble scellé entre les quatre murs d’un sous-sol insonorisé. Comme tous les bons films, Black Phone excède son statut de thriller horrifique pour créer un malaise plus sourd, éveille des peurs immémoriales et enfantines, liées à des contes effrayants. Et le final de ce long-métrage réussi, qu’on ne dévoilera pas, distille son lot d’émotions...

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