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Monstres : quand Ryan Murphy stylise l’horreur jusqu’à l’écœurement

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En 1989, Lyle et Erik Menendez, deux frères issus d’une famille aisée de Beverly Hills, assassinent leurs parents à leur domicile. Après avoir tenté de maquiller leur crime en cambriolage raté, les jeunes hommes finissent par avouer leur culpabilité, invoquant des années d’abus psychologiques et sexuels comme justification de leur geste. Le procès, très médiatisé, divise l’Amérique, soulevant des questions complexes sur les dynamiques familiales, les traumas enfouis et le pouvoir de l’argent.

Un récit sous l’emprise du sensationnalisme

Avec "Monstres : l’histoire de Lyle et Erik Menendez", Ryan Murphy explore une nouvelle fois les ténèbres humaines, dans le sillage provocateur et voyeuriste de "Dahmer". Fasciné par le spectaculaire, il reconstitue avec brio la Californie opulente des années 90, transformant cette tragédie familiale en un tableau clinquant, mais creux. Derrière la virtuosité visuelle, le créateur semble peiner à aller au-delà du choc esthétique, à réellement questionner les abysses de ce drame. Est-ce la complexité des personnages ou la recherche d’un effet tapageur qui prime ici ?

L’affaire Menendez, déjà sujette à une médiatisation outrancière à l’époque, se retrouve ici filtrée par le prisme d’un réalisme outrancier. Murphy, toujours adepte des excès de style, transforme les séances de thérapie et les confrontations judiciaires en véritables numéros de théâtre, où chaque émotion est exacerbée, chaque scène chorégraphiée pour un impact maximum. Le suspense, pourtant inhérent à une telle affaire, semble ici fabriqué, parfois à la limite du soap opera, laissant le spectateur s’interroger sur l’équilibre fragile entre drame réel et spectacle édulcoré.

Une sexualisation troublante des protagonistes

Il est difficile d’ignorer la constante chez Murphy : son penchant pour l’embellissement de ses personnages, même lorsque ceux-ci sont au cœur d’atrocités. Lyle et Erik Menendez, impeccablement campés par leurs interprètes, se voient ainsi transformés en figures ambiguës, oscillant entre la fragilité et une séduction trouble. Le regard du créateur, souvent empreint d’un voyeurisme appuyé, tend à glamouriser ces personnages à la beauté dérangeante, dotés d’une aura sulfureuse qui, malgré la noirceur de leurs actes, les rend étrangement attirants. Ce traitement, flirtant avec la provocation, n’est pas sans rappeler les excès de "Dahmer", où Murphy faisait déjà preuve d’un fétichisme morbide, estompant les frontières entre le bourreau et la victime.

Le choix de mise en scène, avec ses gros plans sur des corps jeunes et ses séquences empreintes de sensualité dérangeante, interroge. La caméra s’attarde, insiste, invitant presque à une forme de fascination pour ces jeunes meurtriers, filmés sous un angle enjôleur. L’intention est claire : rendre palpable le poids du trauma, la complexité psychologique. Sauf que le procédé, usé jusqu’à la corde, semble réduire les protagonistes à des objets de contemplation esthétique. Si l’on pouvait discerner, dans "Dahmer", une vague tentative de réflexion sur la banalisation du mal à travers une imagerie choquante, cette approche apparaît ici encore plus désincarnée, presque gratuite. Murphy enferme alors ses personnages dans une posture esthétisée, au risque de les réduire à des images spectaculaires, mais vides de sens.

La provocation tapageuse au détriment de la nuance

La grande force de la série réside toutefois dans la qualité de son casting et la reconstitution soignée de l’époque. Les acteurs, en particulier, parviennent à insuffler une intensité dramatique qui, par moments, transcende l’histoire. Les scènes d’audience, d’une tension palpable, où les révélations s’enchaînent, montrent la maîtrise de Murphy lorsqu’il s’agit de capter l’absurdité et la cruauté du spectacle judiciaire américain. Pourtant, cette maîtrise n’empêche pas une certaine complaisance : le récit, attiré par le sensationnel, laisse de côté la profondeur psychologique nécessaire pour comprendre véritablement les frères Menendez. Les raisons de leur acte, reléguées à des flashbacks souvent trop esthétisés, finissent par se diluer dans le clinquant de la narration.
En tentant de conjuguer l’enquête judiciaire et le thriller familial, Murphy s’aventure dans une hybridation bancale où l’intrigue peine à trouver un équilibre. La série, en récitant bien sûr les codes du polar, cherche à transformer cette affaire tragique en une sorte de puzzle à reconstituer, négligeant la gravité des faits. Les fils de la narration, tissés autour d’une enquête qui se veut passionnante, finissent par se rompre sous le poids d’un récit trop focalisé sur l’apparence et l’émotion brute, au détriment de la profondeur.

Un récit qui échoue à dépasser ses propres clichés

En fin de compte, "Monstres : l’histoire de Lyle et Erik Menendez" n’échappe pas aux contradictions inhérentes au style de son créateur. Si la série s’affiche, au premier abord, comme une exploration des dynamiques familiales toxiques et des pressions sociétales, elle cède trop vite à la tentation de l’excès visuel et émotionnel. Le regard de Murphy, attiré par la surface, se heurte à la complexité du sujet qu’il aborde : comment expliquer l’inexplicable sans tomber dans le voyeurisme ou la glorification du mal ? En dépit de ses qualités esthétiques et de son casting assez brillant, la série se perd dans un discours ambigu, oscillant entre fascination et répulsion, sans jamais trouver le ton juste pour aller au-delà du simple récit de faits divers.

Ryan Murphy, qui avait su, par le passé (disons jusqu’à "Ratched" et "Hollywood"), s’approprier les codes du genre pour offrir une réflexion incisive sur la société américaine, semble ici pris dans une quête de provocation qui manque cruellement de sens. Le spectateur, médusé par le drame, reste au final sur sa faim, témoin d’une histoire aussi captivante que frustrante, prisonnière des propres démons de son auteur.

La série "Monstres : l’histoire de Lyle et Erik Menendez" est disponible sur Netflix depuis le 19 septembre.

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