15. Les adaptations des romans de Léo Malet par Jacques Tardi : Brouillard au pont de Tolbiac (1982) + 120, rue de la gare (1988) + Une gueule de bois en plomb (1990) Casse-pipe à la Nation (1996) M’as tu vu en cadavre ? (2000). Voir aussi La Der des Ders (1997) à partir de l’oeuvre éponyme de Didier Daeninckx (1984).
Géant parmi les géants du neuvième art, Tardi se distingue par son engagement, sa déconstruction des dogmes sociaux et politiques en faveur d’une liberté individuelle empreinte de fraternité. Pas étonnant que son trait clair convienne si bien aux romans noirs, au premier rang desquels trône ceux de Léo Malet, précurseur du genre en France. Créé en 1943 dans 120, rue de la Gare, le détective Nestor Burma opère dans le Paris d’après-guerre que Tardi saura magnifier dans 5 albums. Tardi, en bon amoureux du polar noir, adaptera avec talent d’autres œuvres comme La Der des Ders de Didier Daeninckx ou La Position du tireur couchée de Jean-Patrick Manchette.

16. Série XIII de William Vance et Jean Van Hamme (1984).
Premier thriller européen de ce palmarès, la série XIII des belges Jean Van Hamme (au scénario) et William Vance (au dessin, sauf pour La Version irlandaise, le 18ème opus) nous raconte le complot de vingt personnages haut placés qui cherchent à instaurer une dictature fasciste aux États-Unis, mais aussi la quête d’un mystérieux personnage en quête de son passé et de la vérité. Une brillante réussite qui s’inspire de la saga des Kennedy et, pour la situation initiale du héros, de La Mémoire dans la peau, thriller d’espionnage de Robert Ludlum paru quatre ans plus tôt. Pour l’anecdote, vous aurez peut-être le loisir de reconnaître des stars de l’écran derrière certains personnages dessinés par Vance.

17. Tango d’Hugo Pratt (1985).
Hugo Pratt, l’homme qui fit passer la bande dessinée européenne dans une autre dimension, plus littéraire, voire onirique ou ésotérique, a plusieurs fois utilisé les ressorts du polar dans ses œuvres sans en faire le genre principal d’un des Corto Maltese jusqu’à Tangoen 1985. Sur les traces d’une de ses connaissances rencontrées à Venise, la belle Louise Brookszowyc (dont les traits sont inspirés par l’actrice américaine Louise Brooks), Corto le marin vivra une aventure argentine très terrienne sur les traces d’une organisation mafieuse liée à la traite des blanches, paravent à d’autres mystères qu’on vous laisse découvrir dans cet album sous forme d’hommage à l’une des danses les plus sensuelles qui soit.

18. Série Soda de Philippe Tome et Luc Warnant (1985). Voir aussi Berceuse assassine de Philippe Tome et Ralph Meyer (1997).
Philippe Vandevelde, alias « Tome », souvent plus connu du grand public pour sa série « Le Petit Spirou » créé avec Janry est pourtant le scénariste d’une série de BD polar humoristique de très bonne tenue intitulé Soda, acronyme du personnage principal, Solomon David. Ne voulant pas avouer à sa mère qu’il est devenu policier comme son père, Soda lui fait croire qu’il est un paisible pasteur, et est forcé de se changer chaque jour dans son ascenseur new-yorkais. La série compte onze albums et connaîtra trois dessinateurs successifs.

19. City Hunter de Tsukasa Hōjō (1986). Voir aussi Angel Heart (2001).
Premier manga de cette liste, City Hunter est bien connu des trentenaires qui ont pu voir le dessin animé qui l’a inspiré, intitulé Nicky Larson. Le shōnen (type de manga plutôt destiné à de jeunes garçons) diffère pourtant en de nombreux points de l’animé, qui conserve notamment le nom original du héros, Ryô Saeba. Si celui-ci reste bien obsédé par les jolies filles en quête d’aide, la version télévisuelle a censuré pas mal de scènes mais n’a pas rendu justice à la trame de fond du manga, la difficulté d’exprimer ses réels sentiments quand on est un dur-à-cuir.