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Petite histoire du polar au cinéma, épisode 4 – apogée et déclin du film de gangsters

Si en France Louis Feuillade avec Fantomas (1913), puis en Allemagne Fritz Lang avec Mabuse (1922), amènent malgré eux les bases du genre, il faut attendre le début des années 1930 pour voir le film de gangsters constituer un univers à lui seul. Sous l’influence probable de ces ambassadeurs, c’est aux États-Unis que vont surgir les premiers archétypes, bien qu’affleure en France au même moment un legs avec Justin de Marseille (Maurice Tourneur, 1935) et Pépé le Moko (Julien Duvivier, 1936). Pas un hasard puisque l’Amérique, en plus de traverser une crise durable, vit à cette époque ses dernières années de prohibition (de 1919 à 1933). Un terreau des plus fertiles qui favorise dans l’industrie du cinéma la cristallisation d’une recette à succès : la figure du gangster, incarnation d’une alternative à l’existence pale et insipide de nombreux spectateurs. En 1931 déboule ainsi plus d’une cinquantaine de films de gangsters. Sans idéaliser les truands qu’ils mettent en scène – la plupart des cinéastes veillent à respecter une structure morale très nette en les dépeignant le plus souvent comme des malades mentaux -, les Wellman, LeRoy et Hawks confortent le public dans son désir de purgation. Ainsi, l’irruption de la violence à l’écran devient une façon d’oublier le marasme ambiant.

Les années James Cagney

Dans L’ennemi public (William Wellman, 1931), James Cagney écrase un pamplemousse à même le visage de sa petite amie, tandis que Paul Muni dans Scarface (Howard Hawks, 1932) se voit décrit comme incestueux et insensé, tout comme Edward G. Robinson dans Le Petit César (LeRoy, 1931). Très vite, le public américain cesse d’idéaliser la figure du truand. Ce dernier apparaît dès lors comme une figure tragique, à l’instar encore de James Cagney en 1939 dans Les fantastiques années 1920 de Raoul Walsh, qui illustre la désillusion du rêve américain. Devenu riche grâce au trafic d’alcool, le personnage finit terrassé par la crise boursière, avant de trépasser symboliquement sur le parvis d’une église. La même trajectoire funeste attend les protagonistes centraux des films Rue sans issue (Wyler, 1937), La Grande Évasion (Walsh, 1941 – à ne pas confondre avec le film de Sturges de 1963) ou Menaces dans la nuit (John Berry, 1950). À noter qu’au Japon chez Akira Kurosawa, on retrouve à cet instant la même dynamique sur un plan plus social dans L’Ange Ivre en 1948.

Crise du malfrat, entre décadence et corruption

Mais bientôt, le bandit ne déchaîne plus la ferveur des foules outre-Atlantique et hormis quelques incontournables comme Armored Car Robbery (Richard Fleischer, 1950), L’Enfer est à lui (Walsh, 1949), Traquenard (Nicholas Ray, 1958) ou encore Le diabolique docteur Mabuse (Lang, 1960), le genre s’amenuise peu à peu. Un vent de dénonciation pointant la corruption ambiante s’immisce parmi les quelques productions sur fond de gangstérisme perdurant à Hollywood. Ainsi, L’enfer de la corruption (Abraham Polonsky, 1948) ou La femme à abattre (Walsh, 1951) préparent le terrain pour les cinéastes frondeurs à venir, jusqu’à devancer Les bas-fonds de New-York (Samuel Fuller, 1961) ou en Italie Main basse sur la ville (Francesco Rosi, 1963). Avant 1953, il faut voir dans ces tableaux d’un pouvoir gangrené par la Mafia un réquisitoire contre le Maccarthysme. De nombreux réalisateurs figurent d’ailleurs alors sur la célèbre liste noire.

Melville, Godard… du renouveau en France

Avant que Francis Coppola, Martin Scorsese, Brian de Palma et Sergio Leone ne renouent avec les gangsters, c’est dans le cinéma français que le malfaiteur trouve une seconde peau. Jean-Pierre Melville transpose ainsi cette mouvance en 1966 dans Le deuxième souffle, puis en 1967 dans Le samouraï. Taciturne par essence, le héros melvillien porte en lui une forme de noblesse, qu’il ne peut toutefois mettre à profit que dans le laps de temps le séparant de la mort, imminente et inéluctable. Beaucoup se souviendront de ces deux films, à commencer par Quentin Tarantino, les frères Coen, Michael Mann, Johnnie To ou encore John Woo. Aussi, Jean-Luc Godard (avec Pierrot le fou, entre autres), Claude Chabrol (avec Nada) ou Jean-Pierre Mocky (avec Solo, L’Albatros…) inspirent à leur tour le cinéma international.

Coppola, Scorsese… chantre des mafieux

Alors qu’aux États-Unis Arthur Penn en 1967 avec Bonnie & Clyde donne un point final au film de gangsters à l’ancienne – voir la séquence terminale écartelée entre un dernier regard d’amour et des gerbes de sang filmées au ralenti -, les criminels prennent un nouvel essor en 1972 avec Le Parrain (Francis Coppola). Dans cette toile de maître, la violence n’éclate plus seulement physiquement, mais se fait surtout sociale. Famille, individualisme, libre entreprise… tous les codes hérités du rêve américain volent en éclat dans un système corrompu n’épargnant personne. Outre La trilogie de la famille Corleone (1974-1990), Martin Scorsese démarre sa propre série de films de gangsters en 1973 avec Mean Streets, poursuivie notamment avec Les affranchis (1990), Casino (1995) ou encore Les Infiltrés (2006). Le crépuscule des mafieux gagne alors tous les grands cinéastes, comme dans l’indépassable Il était une fois en Amérique (1984) de Sergio Leone, L’Impasse (1993) de Brian de Palma – l’Américain avait déjà exploré le genre avec le remake de Scarface en 1983 – ou Nos funérailles (1996), d’Abel Ferrara.

Les réalisateurs ayant perpétué ces dernières décennies cette école du cinéma se nomment, toutes nationalités confondues, notamment Takeshi Kitano (Sonatine, Aniki mon frère…), Quentin Tarantino (Reservoir Dogs, Pulp Fiction…), John Woo (Volte-Face), Jim Jarmusch (Ghost Dog, la voie du samouraï), Steven Soderbergh (Ocean’s eleven), Johnnie To (Election), David Cronenberg (A History of Violence, Les Promesses de l’Ombre), Matteo Garrone (Gomorra), Michael Mann (Public Ennemies) ou encore Cary Fukunaga (Sin Nombre). Mais si un regard quasi documentaire (Garrone, Fukunaga…) transparaît chez certains, d’autres optent pour la critique doucereuse (Soderbergh) ou l’abstraction (Kitano, Jarmusch, Cronenberg).

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